Écoles dans les villages de montagne : bâtir l’avenir à mains nues

La nouvelle rentrée scolaire 2022-2023 approche. De nombreuses écoles dans les zones défavorisées de la province de Diên Biên (Nord) sont prêtes à accueillir leurs élèves après avoir été restaurées par les enseignants.

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Enseignants et villageois transportent des matériaux à l’école maternelle de Pu Hông.

Pour l’enseignante Nguyên Thi Hiên, de l’école maternelle de Pu Hông (district de Diên Biên Dông, province de Diên Biên), le souvenir du début des travaux est encore frais. C’était en 2019, et elle était alors pleine d’enthousiasme : ''C’était la première fois que nous avions collecté autant de fonds pour construire des salles de classe'', se rappelle-t-elle.

Depuis, nombreuses sont les salles de classes qui ont abandonné le chaume, le bambou et les feuilles en guise de toit, pour de spacieuses pièces en ciment. Les travaux ont parfois été difficiles. Deux mois de lutte contre une météo capricieuse et un relief montagneux difficile d’accès ont, par exemple, été nécessaires pour construire Nâm Ma, une annexe de l’école centrale de Pu Hông.

''C’est le lieu le plus éloigné et le plus difficile d’accès, situé à près de 24 km de l’école centrale. La route pour y accéder est uniquement en terre battue et en côte, il faut donc être très adroit avec le levier de vitesse. De plus, nous avons commencé la construction en juillet, juste avant le plus fort de la saison des pluies… Les difficultés n’ont fait alors qu’augmenter'', raconte Mme Hiên.

Les travaux, qui coûtent plus de 200 millions de dôngs, sont financés par le Fond de construction des écoles dans les régions montagneuses. Cependant, selon Mme Hiên, les enseignants et les villageois ont dû transporter eux-mêmes les briques et le sable nécessaires aux constructions.

''La météo dans cette région est capricieuse, les pluies soudaines sont donc inévitables. Durant plusieurs jours, la voiture n’a même pas pu accéder au chantier, alors que les salariés de l’école et les villageois en avaient besoin pour continuer. La plupart des habitants sont pauvres, seules quelques familles ont des motos, les autres utilisent principalement la force humaine pour transporter les briques et le sable'', détaille-t-elle.

Elle témoigne combien de sueur et de larmes mêlées à la pluie ont engendré les difficultés subies par les enseignants et les villageois pendant deux mois de construction. Cependant, à regarder les 20 élèves de l’ethnie Kho Mu étudier et jouer dans des salles de classe spacieuses et rénovées, on comprend combien le travail acharné a payé.

L’image des enfants assis dans une salle de classe délabrée en bambou a hanté l’esprit de Nguyên Thi Hiên. C’est elle qui est parvenue à trouver des soutiens, des organisations et des individus pour construire une série de nouvelles classes.

En conséquence, ''aujourd’hui, 17 écoles ont été solidifiées, rénovées, assurant des conditions d’apprentissage à près de 700 élèves ethniques locaux, avec 30 salles, y compris neuf utilisant le budget, le reste vient du capital mobilisé auprès d’organisations caritatives'', confie Mme Hiên.

Trempés de sueur

Dô Thi Thuy et les enseignants de l’école maternelle de Muong Pôn, du district de Diên Biên (province éponyme), viennent de vivre des journées d’été éprouvantes, mais pleines de sens. Scrutant ses mains calleuses et bronzées, Mme Thuy énonce avec fierté : ''Je suis contente que ces mains abîmées aient été mises au service d’une bonne cause''.

Depuis la fin avril, des activités de rénovation ont également eu lieu en continu à l’école. Les administrateurs et les enseignants se sont mutuellement organisés pour être de garde aux points de contrôle. ''En tant que manager, je ne peux pas m’absenter. Chaque jour, j’effectue les 30 km qui séparent ma maison de l’école'', affirme-t-elle.

À l’école centrale de Muong Pôn, pour construire la cantine, on a dû faire venir plus de 40 camions remplis de terre. Les véhicules ne pouvant pas accéder au chantier, tous les enseignants et les villageois ont été obligés de transporter les matériaux manuellement.

Vi Thi Yên, secrétaire de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh de l’école, raconte qu’en réalisant le travail colossal nécessaire, personne ne savait quand ces travaux seraient achevés. Mais le découragement a fait place à la détermination. ''Rome ne s’est pas construite en un jour'', résume avec humour la secrétaire. Enfilant leur vêtement de travail, les professeurs d’école pellètent la terre et poussent le lourd chariot sous un temps erratique et capricieux.

Canaliser l’enthousiasme, donner de l’amour

Les enfants de l’école maternelle de Muong Pôn dans leur nouvel établissement.

Des conditions de travail difficiles et inadaptées expliquent pourquoi la peau des enseignants brûle. ''Chaque jour, leurs vêtements sont trempés de sueur, leurs mains et leurs pieds sont égratignés. Malgré ces difficultés, ils ont le courage de faire face aux difficultés pour avoir de belles classes'', déclare Mme Yên.

Pour la rentrée scolaire 2022-2023, les enseignants du collège-internat de Huôi Mi, district Muong Chà, pourront se sentir plus en sécurité car les salles de classe sont toutes solidement construites. En plus de leur travail d’enseignement, ils n’ont dû que nettoyer et désinfecter les salles de classe, les espaces communs et réparer les endroits endommagés durant l’été. Mélanger le mortier pour construire des murs… appartient désormais au passé. Cet été a été très chargé pour eux.

''L’été dans les montagnes est souvent orageux et nous subissons parfois des typhons. Les salles de classe sont régulièrement endommagées avec l’effondrement de murs et de toits... Cependant, grâce au travail acharné de cette année, mes élèves et moi pouvons désormais être en toute tranquillité pour travailler et nous reposer, dans des salles de classe et un internat solide'', partage avec émotion l’enseignante Lo Thi Quynh, district de Muong Chà.


Texte et photos : Hà Linh - Vân Du/CVN

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