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Inondations à Pokrovka, dans le Nord du Kazakhstan, près de la frontière avec la Russie, le 9 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Plus de deux semaines après le début de ces catastrophes naturelles, environ 100.000 personnes dont un tiers d'enfants ont déjà été évacuées, en majorité dans les régions de l'ouest et du nord, frontalières de la Russie, elle aussi touchée, dans l'Oural et en Sibérie.
Des villages entiers sont sans électricité, des autoroutes sont bloquées sur des centaines de kilomètres, des ponts se sont effondrés et plus de 4.000 maisons sont déjà noyées, selon le ministère kazakh des Situations d'urgence.
Comme à Pokrovka, une bourgade de quelque 1.500 habitants dans la région du Kazakhstan-Septentrional, où vit Mme Aoubakirova. À 57 ans, elle dit avoir juste "réussi à sortir les meubles" à temps.
Dans ce village bordé par l'Ichim (une rivière encore appelée Esil, en kazakh), les rues sont recouvertes jusqu'à un mètre d'eau par endroit. Des tracteurs passent, tirant des charrettes qui transportent réfrigérateurs et machines à laver en provenance de logements inondés.
Carte des régions au Kazakhstan et en Russie touchées par de fortes inondations, début avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À bord de canots, les sauveteurs frappent aux vitres des maisons pour s'assurer que leurs habitants ont bien quitté les lieux. Les personnes qui ne peuvent pas marcher sont portées, comme cette vieille dame qui se laisse faire en se lamentant, tandis que les autorités ont laissé planer la menace d'évacuations forcées pour sauver des vies.
"L'eau est arrivée très vite. J'ai veillé toute la nuit et, au matin, elle avait déjà atteint la maison, on en avait jusqu'à la taille", raconte à l'AFP, Inga Todorovskaïa, une assistante sociale de 30 ans.
"On a pu évacuer tous nos chiens et nos poulets avec l'aide de la mairie", poursuit-elle. Dans d'autres régions du nord, le ministère des Situations d'urgence a diffusé des images de chameaux secourus, après avoir été pris de panique à la vue inhabituelle de l'eau dans la steppe.
Si Mme Todorovskaïa a pu sauver ses documents d'identité et quelques meubles, elle se retrouve "sans logement", un an et demi après avoir emménagé.
"Garder espoir"
D'autres habitants de Pokrovka sont plus fatalistes.
Des sauveteurs évacuent des habitants de Pokrovka, dans le Nord du Kazakhstan, près de la frontière avec la Russie, le 9 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On espère être épargnés", dit ainsi à l'AFP, Iouri Stepanenko, un conducteur de bus, dans une phrase qui résonne comme un vœu pieux tant l'Ichim poursuit sa crue.
Les réservoirs ne peuvent plus contenir les eaux brunâtres mêlées de plaques de neige qui débordent de partout, sous l'effet combiné de la fonte des neiges et de fortes précipitations.
"Et si ce n'est pas le cas, eh bien, c'est comme ça. Que faire ? Le plus important, c'est de garder espoir et de ne pas paniquer", poursuit M. Stepanenko, 61 ans, qui va évacuer sa femme avant d'abandonner sa maison.
À une centaine de kilomètres plus au nord, c'est la capitale régionale Petropavlovsk qui est désormais menacée par la vague arrivant de Pokrovka. D'après les prévisions des autorités, elle doit atteindre cette ville de 220.000 habitants ce week-end, avant un pic prévu pour autour du 22-23 avril.
"Nous devons être prêts pour le scénario du pire", a averti le vice-Premier ministre kazakh Roman Skliar, en déplacement cette semaine dans cette région de près de 100.000 kilomètres carrés, une superficie comparable à celles du Portugal ou de la Corée du Sud.
Des militaires construisent des barrières contre les inondations à Zarechny, à la périphérie de la ville de Petropavl, dans le nord du Kazakhstan, près de la frontière avec la Russie, le 10 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour faire face aux inondations, près de 25.000 personnes sont mobilisées à travers ce pays de quelque 20 millions d'habitants : outre les sauveteurs du ministère des Situations d'urgence, l'armée, la garde nationale et les services secrets ont été réquisitionnés et des volontaires participent aux opérations humanitaires.
Entre Pokrovka et Petropavlovsk, des soldats remplissent des sacs de sable pour renforcer les digues, au milieu d'un ballet de tractopelles et de camions-bennes.
Quant aux médias étatiques, ils reprennent le slogan "La force est dans l'unité", face à une catastrophe naturelle que le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev qualifiait samedi de "peut-être la plus grave de ces dernières années".
La semaine prochaine, le sud et l'est du Kazakhstan, relativement épargnés jusqu'ici, pourraient également se retrouver sous l'eau, en raison de la fonte des neiges à laquelle se superposent des précipitations, a averti l'agence météorologique kazakhe.
AFP/VNA/CVN