>>Orfèvrerie: une fête traditionnelle dans le Vieux quartier de Hanoï
>>Au village d’orfèvrerie de Dông Xâm, à Thai Binh
>>Hàng Bac, une rue de métier originale
La sculpture sur le bronze au village de Dông Xâm, province de Thai Binh (Nord). |
C’est au XVe siècle que les annales situent les débuts de l’orfèvrerie à Dông Xâm. Les inscriptions que l’on peut lire sur la stèle du temple qui lui est dédié veulent que ce soit un certain Nguyên Kim Lâu qui ait initié les villageois à l’orfèvrerie, en 1428 très exactement.
Mais ce n’est pas tout à fait un hasard si Nguyên Kim Lâu a choisi Dông Xâm pour y exercer son savoir-faire. Avant son arrivée, on y travaillait déjà le cuivre. Des sceaux, des cercles de tonneaux, des ciseaux, des cadenas, des bouilloires, des pipes à eau… La production locale était assez développée pour l’époque… Et le contexte était en tout cas tout à fait favorable à l’essor de l’orfèvrerie.
Car essor il y a eu! Les artisans de Dông Xâm ont parcouru tout le pays pour y exercer leur talent. Les sculptures et les bijoux de la cour de Huê? Ce sont eux. La rue Hàng Bac à Hanoï? Eux aussi, mais pas seulement: leur collègues de Châu Khê et de Dinh Công étaient également de la partie.
De nos jours, On recense à Dông Xâm 150 ateliers de production pour plus de 4.000 travailleurs. Chiffre d’affaires annuel: 100 milliards de dôngs.
"C’est un village qui a six siècles de développement artisanal", explique Hoàng Van Cuong, l’un de ses habitants. "Certains artisans ont travaillé pour la Cour, pour des mandarins, pour des négociants étrangers. En général, il s’agissait de bijoux, de cendriers, de brûle encens, de bagues, de colliers… Mais on peut trouver aussi des reproductions en miniature de la tour du lac de l’épée restituée, de la pagode au pilier unique… Aujourd’hui, les produits de Dông Xâm se vendent un peu partout dans le pays, à Hanoï, à Huê, à Dà Nang, à Hô Chi Minh-Ville… Mais il y en aussi qui sont destinés à l’exportation…"
Les produits des orfèvres de Dông Xâm. |
Photo: VNA/CVN |
La sculpture sur argent, qui est l’une des spécialités des orfèvres de Dông Xâm, est une discipline qui exige de la minutie et de la précision: c’est une affaire de professionnels, de professionnels expérimentés même…
"Il y a 10 phases de traitement, en tout", indique Lê Thanh, un artisan de Dông Xâm.
"Les principales consistent à découper, à souder et à sculpter les motifs, et ça, c’est ce qu’il y a de plus difficile. Les artisans de Dông Xâm arrivent à réaliser manuellement des motifs en relief très nets. Ailleurs, on a recours au moulage, et c’est quand même beaucoup moins beau que lorsque c’est fait à la main".
Ces dernières années, les artisans de Dông Xâm sont revenus à leurs premières amours, c’est à dire au cuivre.
"En fait, les orfèvres de Dông Xâm peuvent travailler n’importe quel matériau: l’or, l’argent ou le cuivre, peu importe… Pour le millénaire de Thang Long - Hanoï, ils ont réalisé deux œuvres importantes: la porte Doan Môn et le mémorial du transfert de la capitale de Hoa Lu à Hanoï par le roi Ly Công Uân. En ce qui me concerne, j’ai aussi réalisé une œuvre intitulée +La fleur de lotus de la pagode à pilier unique+ qui a été offerte à des diplomates birmans lors d’une visite du secrétaire général du Parti communiste du Vietnam Nguyên Phu Trong au Myanmar", raconte Lê Thanh.
Chacun l’aura compris: en matière d’orfèvrerie, les artisans de Dông Xâm sont… de véritables orfèvres. C’est en tout cas à l’orfèvrerie qu’ils doivent la prospérité dont ils jouissent. Quant à Nguyên Kim Lâu, il peut être fier de ses émules, lesquels lui vouent une reconnaissance éternelle puisque, non contents d’avoir bâti un temple en son honneur, ils le célèbrent tous les ans, du 1er au 5e jour du 4e mois lunaire. Gageons qu’il aurait été fier, également, du label décerné aux orfèvres de Dông Xâm en 2012 par le ministère des Sciences et des Technologies dans le cadre d’un programme de développement de la propriété intellectuelle.