>>Quang Ninh mise sur ses patrimoines culturels
>>Le chèo, un chant qui n’a pas dit son dernier mot
Aucune étude n’a encore percé le mystère de l’apparition du théâtre populaire à Dông Triêu, province de Quang Ninh (Nord-Est). |
L’apparition du théâtre populaire à Dông Triêu, province de Quang Ninh (Nord), est un mystère que personne ne sait expliquer. "Cela fait plusieurs siècles que le théâtre populaire s’y transmet de génération en génération", raconte l’octogénaire Nguyên Ngoc Cân, musicien retraité du Club de chèo du chef-lieu de Dông Triêu.
Sous la dynastie des Nguyên (1802-1945), il y avait déjà des troupes professionnelles de chèo, notamment celles du village d’An Biên, commune de Hoàng Quê. On y entonnait de nombreux airs, notamment Sa lêch chênh, Tò vò, Hê môi, ou encore Duong truong thu không.
Au fil du temps, la pratique s’est faite de plus en plus rare. Pourtant, depuis quelques années, ce chant a repris de la vigueur grâce à d’irréductibles passionnés.
Une passion qui coule dans les veines
Le Club de chèo du chef-lieu de Dông Triêu, qui vient d’être créé en juillet dernier, comprend 20 personnes. "Ce club est le fruit de la passion des habitants de Dông Triêu et de leur engouement pour cet art traditionnel", explique Nguyên Ngoc Cân, un des membres les plus âgés.
Vu Thi Tinh, domiciliée dans le quartier de Duc Chinh, en est un membre actif. Elle voue un grand dévouement à ce chant depuis son plus jeune âge. Enfant, elle assistait aux représentations dans son village. Elle s’amusait alors à porter le chapeau conique et à imiter les mouvements de danse en chantant au rythme des artistes. Cela fait des années maintenant qu’elle se produit dans le cadre des programmes artistiques du quartier et du chef-lieu. "Ces mélodies populaires font partie de ma vie. Plus j’apprends et comprends le +chèo+, plus je l’aime. Je souhaite que cet art soit davantage répandu car il s’agit d’un bien précieux transmis de génération en génération", partage-t-elle.
L’artiste Nguyên Thi Kim Môn, présidente du Club de Dông Triêu, pratique cet art depuis plusieurs dizaines d’années. Elle s’est vue attribuer le titre d’"Artisan populaire" à la fin de l’année dernière pour ses contributions à la propagation et au développement de cette pratique folklorique.
Après le travail, paysans et ouvriers de Dông Triêu apprécient de pousser la chansonnette. |
Après le travail, paysans et ouvriers de Dông Triêu apprécient de pousser la chansonnette. |
En juillet dernier, le Bureau de la culture du chef-lieu de Dông Triêu a lancé un cours de chèo d’une durée de dix jours, auquel ont participé 90 apprenants venus de clubs de chèo des quartiers et communes avoisinants. Nguyên Thi Kim Môn fait partie des artistes qui l’ont enseigné aux jeunes. "J’aime énormément les airs de +chèo+. C’est quelque chose qui coule dans mes veines! Et c’est pareil pour tous les membres de ma famille. Chanter ou écouter le +chèo+ est devenu quelque chose d’indispensable, presque vitale pourrait-on dire. Au même titre que de manger et boire", confie-t-elle.
Et d’ajouter: "Je suis très heureuse quand je vois de plus en plus de jeunes qui s’intéressent à cet art vocal. Cette année, j’ai 70 ans. Je souhaite conserver la santé pour pouvoir continuer à transmettre ces airs aux jeunes et perpétuer ainsi l’enchantement de la région houillère de Quang Ninh".
Promouvoir les valeurs du chèo
Ces dernières années, les troupes de chèo de Dông Triêu se sont développées de plus en plus. Depuis 2015, des cours de cet art vocal y sont organisés tous les deux ans, destinés principalement aux jeunes. D’une durée de 10 à 20 jours, en plus d’apprendre à chanter, on y développe toute une palette de connaissances et de compétences. Et c’est finalement aux apprenants eux-mêmes de transmettre à leur tour ce qu’ils ont appris. Ensemble, ils jouent un rôle déterminant pour la sauvegarde de cet art musical.
Le chèo est un art scénique populaire du delta du fleuve Rouge. Autrefois interprété uniquement pendant les festivités à la campagne par des troupes et corporations, il connaît encore aujourd’hui un grand succès.
"Dans le but de mettre en avant ce chant populaire, Dông Triêu présente le +chèo+ aux touristes lors de ses fêtes traditionnelles. Ces représentations leur donneront une belle image de la région, et rendront les circuits nettement plus riches et intéressants", indique Nguyên Thanh Tùng, chef du Centre des sports et de la culture du chef-lieu de Dông Triêu.
De plus, "de nombreux clubs ont participé à des concours d’arts traditionnels de la province et de la région et ont remporté plusieurs prix, créant ainsi une motivation supplémentaire pour les jeunes artistes. Outre la préservation des mélodies anciennes, les artisans sont encouragés à en composer de nouvelles, vantant la beauté et les vertus de la population locale ainsi que du pays natal", ajoute-t-il.
D’après M. Tùng, pour aller plus loin dans la promotion de ses valeurs traditionnelles ainsi que dans sa transmission aux générations futures, des cours de chèo devront également être organisés dans les écoles de la localité dans les temps à venir.