En 2008, Ngân Thuong a l’immense honneur de représenter le Vietnam aux JO de Pékin, mais également toute l’Asie du Sud-Est dans cette discipline ô combien exigeante, après sa qualification, décernée à titre exceptionnel pour participer à cette superbe compétition. Une qualification tout à fait justifiée, au regard de ses performances lors des compétitions régionales. En effet, la jeune athlète - surnommée par ses pairs la «Poupée d’or» - a déjà à son actif cinq médailles du plus beau et précieux des métaux décrochées lors des SEA Games (Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est) en 2003, 2005 et 2007.
Ngân Thuong fait connaissance avec la gymnastique aux agrès par hasard. |
Photo : Quang Nhut/VNA/CVN |
Dans la tourmente
Pourtant, le talent de Ngân Thuong s’avère insuffisant pour défendre ses chances face au gratin mondial, contrainte de sortir par la petite porte lors des éliminatoires du concours général individuel féminin (qui regroupe toutes les spécialités). Déjà inconsolable, elle est informée peu après par le Comité international olympique (CIO) de son contrôle positif au «diuretic furosemide», un médicament diurétique inscrit dans la liste des produits interdits. Ngân Thuong devient ainsi la 1re gymnastique dans l’histoire des JO à être expulsée pour utilisation de produit dopant... Même si le responsable du comité chargé de la santé des JO, Arne Ljungqvist, vole à son secours en précisant que la faute n’est pas intentionnelle, mais vient d’une méconnaissance du règlement sur les produits interdits, le mal est fait. Et c’est logiquement que notre gymnaste écope d’une suspension de la part de la Fédération internationale qui lui interdit toute compétition sportive pendant un an.
Résultat, Ngân Thuong ne peut défendre ses titres aux SEA Games 25 qui se disputent au Laos, alors qu’elle fait figure de favorite, selon de nombreux spécialistes. Dépitée, elle décide dans la foulée de mettre un terme à sa carrière de gymnaste professionnelle pour suivre des études à l’École supérieure de l’éducation physique et des sports à Tu Son (dans la province de Bac Ninh, Nord) dans l’intention de devenir entraîneuse.
Le calme après la tempête
Il faut attendre 2011 pour voir un revirement de situation où, coup de théâtre, elle reprend les agrès, la «faute» à la pénurie de gymnastes vietnamiens aux SEA Games 26. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elle fait sensation, en raflant deux médailles d’or et une d’argent, ce qui fait d’elle la détentrice de sept médailles d’or en quatre éditions !
Née en 1989 à Hanoi dans une famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire - dans le sens sportif du terme - Ngân Thuong fait connaissance avec la gymnastique aux agrès par hasard. Sa maison étant à deux pas du complexe sportif Quân Ngua, elle s’entraîne lorsqu’elle a du temps libre. Talentueuse, la petite «s’exile» en Chine à seulement 10 ans, dans l’espoir de devenir professionnelle, ne retournant au Vietnam que durant les compétitions. En 2005, le travail paie, Ngân Thuong étant sacrée meilleure gymnaste de Hanoi.
Et maintenant, cap vers Londres !
Les JO de Pékin 2008 ont été traumatisants pour notre jeune gymnaste et ont bien failli lui coûter sa carrière. Et la course aux JO de Londres en début d’année manque de peu de tourner court ! N’étant inscrit que sur la liste des remplaçantes, la chance lui sourit à nouveau, profitant des forfaits en cascade des titulaires pour cause de blessure. Pouvant prouver une nouvelle fois sa valeur, elle obtient sa qualification officielle fin avril et devient, après Phan Thi Hà Thanh et Pham Phuoc Hung, le 3e gymnaste (hommes et femmes confondus) à représenter le Vietnam aux JO de Londres cet été. Pour le moment, Ngân Thuong suit un entraînement à l’étranger pour se préparer à cette grande aventure qui l’attend, en compagnie de ses coéquipiers.
Ses ambitions olympiques, et celle de la délégation vietnamienne de gymnastique en général sont toutefois limitées, dans la mesure où chacun sait qu’il sera très difficile de décrocher une médaille, tant la concurrence s’annonce redoutable. Guérie d’une blessure à la jambe qui l’a handicapé, il lui faudra encore du temps pour atteindre son pic de forme. De plus, à 23 ans - un âge relativement avancé pour un gymnaste -, son corps est plus sujet aux traumatismes en tout genre.
Le temps nous dira si Ngân Thuong brillera lors des JO de Londres. Quoi qu’il en soit, son parcours pour en arriver là est déjà un exploit. Et puis Pierre de Coubertin, l’inventeur des Jeux Olympiques modernes n’a-t-il pas dit que «l’important, c’est de participer» ?
Diêu An/CVN