JO 2012 : de la pierre à la fonte, récit du fabuleux destin de Trân Lê Quôc Toàn

Les derniers Championnats d’Asie d’haltérophilie, qui se sont clôturés fin avril en République de Corée, ont été prolifiques pour Trân Lê Quôc Toàn, originaire de Dà Nang. En montant sur la deuxième marche du podium chez les moins de 56 kg messieurs grâce à un total de 279 kg (arraché plus épaulé-jeté), il a fait coup double, obtenant ainsi sa qualification pour les JO de Londres 2012.

«Je crois en moi et notamment en ma force pour surmonter les difficultés. Les Jeux olympiques sont un grand Objectif dans ma vie», a confié l’haltérophile Trân Lê Quôc Toàn, interrogé sur son sentiment après sa qualification individuelle aux JO de Londres, la plus prestigieuse de toutes les compétitions sportives, où il défendra les couleurs du Vietnam.

Une vie difficile, un fils admirable

Troisième fils d’une lignée de cinq enfants, Trân Lê Quôc Toàn naît dans une grande pauvreté. Sa mère doit se démener pour élever ses enfants tout en s’occupant de son mari, gravement malade. Le petit Toàn est contraint de quitter l’école dès la 4e, afin d’aider sa mère à faire vivre la famille. Il travaille comme porteur de pierres au village de sculpteurs de Non Nuoc, arrondissement de Ngu Hành Son, ville de Dà Nang (Centre). Il se lève tous les jours à l’aube pour aider sa mère à transporter des marchandises au marché avant d’enfourcher sa bicyclette pour se rendre dans ce village et porter, toute la journée durant des pierres. Un travail éreintant qui lui permet d’empocher chaque mois 500.000 dôngs. «À l’époque, le meilleur moment était celui de la paye. C’était un soulagement car je savais que cet argent permettrait d’acheter des médicaments pour mon père et d’alléger un peu le fardeau qu’avait à porter ma mère», confie Toàn, qui a toujours voulu faire le maximum pour sortir sa famille de la misère.

L’haltérophilie, un concours de circonstances

Un jour, occupé à ramasser des blocs de pierre, Toàn apprend la tenue de sélections de futurs haltérophiles au Centre d’entraînement sportif de Dà Nang. «Et pourquoi pas ?», se dit-il alors. Toujours juché sur son vélo, il fonce en direction de chez lui pour en informer sa mère. Sous la chaleur torride de l’été, tous deux se rendent au Centre d’entraînement sportif de Dà Nang pour rencontrer l’entraîneur Phan Van Thiên, qui lui fait signe de la tête de revenir le lendemain pour débuter l’entraînement. Levé à 04h00 et ponctuel comme à son habitude, le jeune homme s’entraîne tous les jours et toute la journée pour ne regagner ses pénates que vers 17h00. Mais ce n’est pas pour se tourner les pouces ! Il repart tambour battant pour livrer à vélo du lait aux épiceries et buvettes locales, toujours soucieux d’aider sa mère à nourrir sa progéniture.

L’haltérophile Trân Lê Quôc Toàn défendra les couleurs du Vietnam aux JO de Londres.

En 2005, pour sa 1re participation aux championnats du Vietnam juniors à Hai Duong, Toàn monte sur la plus haute marche du podium. Mais c’est aussi l’année au cours de laquelle son père s’éteint. En fils exemplaire, il se promet alors de devenir le pivot de la famille pour s’occuper de ses frères et sœurs. «Toàn est quelqu’un de très pieux et dévoué à sa famille, partageant toutes les récompenses qu’il gagne avec nous», raconte Mme Nga, sa mère. «Chaque fois qu’il participe à un tournoi, nous nous réunissons devant le poste de télévision pour le soutenir et l’encourager», poursuit-elle, émue aux larmes. Son fils, explique-t-elle, est un garçon «très doux» en dehors des compétitions. Avant et après chaque échéance sportive, il allume de manière rituelle des baguettes d’encens en mémoire de son père et embrasse sa maman en lui susurrant à l’oreille : «Je fais de mon mieux».

Une progression constante

«Depuis tout petit, j’aime le football», partage Toàn. Mais sa petite taille (1m50) ne faisant pas de lui une terreur des surfaces, il s’est tourné vers l’haltérophilie. «Un choix judicieux que je ne regrette pas un seul instant, tant je brûle de passion pour ce sport !», justifie-t-il. L’or en 2005 aux championnats nationaux juniors est pour lui une rampe de lancement. En 2009, il bat même son illustre aîné, Hoàng Anh Tuân (médaillé d’argent aux JO Pékin en 2008 - NDLR) avec un total de 258 kg (arraché + épaulé-jeté) dans la catégorie des 56 kg. Puis, lors du festival national de l’éducation physique et des sports 2010, il s’impose avec un total de 261 kg. Et en novembre 2011, pour sa 1re participation aux SEA Games 26 (Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est) en Indonésie, il monte à nouveau sur la plus haute marche du podium un peu à la surprise générale, dans la mesure où il ne visait que le bronze. «La pression avant chaque compétition est un élément vital pour moi. Je pense à ma mère, à ma famille, à mon entraîneur et à mes supporteurs. Cela me donne l’envie de me surpasser !», précise le jeune homme. Pour cet haltérophile, gagner est une belle revanche sur le sort. Mais le plus important à ses yeux est d’apporter de la joie et de la fierté à ses proches.

De retour de République de Corée avec le billet pour les JO 2012 en poche, notre haltérophile n’a eu que quelques jours pour retrouver sa famille et décompresser. Le 5 mai, accompagné de son entraîneur, Toàn s’est envolé pour la Bulgarie, puis la France, suivre un stage de préparation de deux mois avant de rejoindre le Village olympique à Londres cet été, avec derrière lui le soutien indéfectible de tout un peuple !

Thu Trang/CVN

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