Dinh Công Tuong, maître antiquaire

Le Saïgonais Dinh Công Tuong a connu des hauts et des bas dans sa vie avant de devenir le "roi" des antiquités. Sa collection privée, d’une valeur inestimable, est la plus importante du pays et même de l’Indochine. Rencontre.

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Le collectionneur Dinh Công Tuong.

Lorsqu’on évoque les collectionneurs d’antiquités du pays, tout le monde cite Dinh Công Tuong, connu comme le loup blanc. En 30 ans, il possède en effet une immense collection de plus de 100.000 objets anciens datant du Ier au XXe siècles, conservés dans une maison de trois étages de près de 1.000 m2.

Dinh Công Tuong, domicilié dans le 12e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, est né en 1968 à Hanoï dans une famille dont les grands-parents adoraient les antiquités. Pas étonnant donc que sa passion de collectionner des objets antiques se soit enracinée dès sa tendre enfance. Après la libération du Sud en 1975, il a suivi sa famille à Hô Chi Minh-Ville. Un jour, sa grand-mère lui a donné comme cadeau une assiette et un bol anciens. Il a confié que ces deux pièces lui ont donné de la force pendant les moments difficiles et ont titillé sa passion pour les antiquités.

Divers métiers avant de trouver sa voie

Dinh Công Tuong a d’abord exercé bien des métiers pour gagner sa vie, tels qu’éboueur, serveur, ouvrier d’imprimerie, horloger, mécanicien automobile… La chance l’a ensuite amené à cultiver et entretenir des plantes ornementales et des bonsaïs. Il a rapidement appris auprès d’artisans à façonner les arbres miniatures. En peu de temps, il est devenu un fournisseur de bonsaïs pour les restaurants, les villas et les complexes de luxe.

Une paire de céramiques japonaises du XIXe siècle.

Il a ainsi commencé à accumuler un petit pécule. Avec ce capital de départ, il a décidé d’investir avec des amis dans une société de vente de câbles et de convoyage. Les affaires ont été florissantes et à l’âge de 24 ans, il a commencé à parcourir la campagne vietnamienne du Nord au Sud pour réaliser son rêve : rassembler le plus possible de céramiques anciennes.

Grâce à son dynamisme, à sa curiosité et à son ouverture d’esprit, il s’est lié d’amitié avec des experts du secteur des antiquités, devenant ainsi l’un des collectionneurs les plus célèbres. Il a confié : "La collection d’antiquités, c’est souvent une question de chance. Parfois, les collectionneurs sont disposés à dépenser de l’argent, mais il est peu probable que les antiquaires acceptent de vendre. Parfois aussi, certains collectionneurs acquièrent gratuitement un objet de valeur".

Le "roi" des antiquités a poursuivi : "Je n’exclus aucun objet ancien, mais mes objets préférés sont toujours les céramiques. Chaque fois que j’ai du temps libre, je pars +à la chasse+ et reviens quelques semaines plus tard avec ma voiture remplie d’antiquités". Après près de trois décennies de périples aux quatre coins du pays mais aussi à l’étranger, il possède la plus grande collection d’antiquités dites de l’Indochine (100.000 au total, datant des Ier au XXe siècles). Il est sur le point de recevoir cette reconnaissance officielle.

"J’accumule mais je ne vends rien. Je collectionne les poteries des cultures de Dông Son, Sa Huynh, Oc Eo, Cham Pa, ou des dynasties des Lê, Lý, Trân... Partout, où il y en a, je vais les chercher. L’année prochaine, je pense ouvrir un musée privé, pour que les générations futures puissent aussi profiter de ce trésor !", s’est exclamé M. Tuong.

Un trésor inestimable de différentes époques

Une assiette rare de la dynastie des Nguyên (1802-1945) avec des vers du grand poète Nguyên Du.

Les poteries de M. Tuong comprennent toutes sortes de bols, tasses, assiettes, bocaux, vases, cuillères, pieds de lampe, etc. provenant de Chine, de Singapour, de France, du Japon et de Hong Kong (Chine). Il possède quelques objets inestimables comme une statue de la civilisation de Sa Huynh avec une tête d’éléphant (actuellement, seules deux ont été trouvées, dont une exposée dans un musée en France), une statue Cham en plomb du VIIe siècle ainsi qu’un coussin du dauphin de la dynastie chinoise des Ming.

Dinh Công Tuong est fier de sa collection d’antiquités rares telles que vase Champa du VIIe siècle, jarre Cham du XIIe siècle, statue d’un homme à la tête en bronze du XVIIe siècle, poteries Quang Duc du XVIIe siècle… Il les a trouvées sous terre, dans le lit de rivières et même au fond de la mer.

Dinh Công Tuong est le titulaire d’une liste de titres longue comme le bras : propriétaire de la plus abondante collection d’anciens lôc binh (vases de la chance) au Vietnam, de la plus grande d’assiettes anciennes au Vietnam, de la plus grande de bols antiques au Vietnam, de céramiques d’hier et d’aujourd’hui la plus riche d’Indochine.

Par ailleurs, il a également été récompensé et certifié par la Fédération mondiale des associations, centres et clubs UNESCO pour ses nombreuses contributions à la préservation du patrimoine culturel et naturel. Actuellement, l’Organisation des records de l’Asie finalise les procédures afin de l’introniser "plus grand collectionneur de céramiques d’Asie".


Texte et photos :  Trung Khánh - Lê Minh/CVN

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