Diane Le Feyer, une stakhanoviste multi-cartes

Bourreau de travail, la dessinatrice Diane Le Feyer a déjà connu plusieurs vies dans le monde de l’illustration, des dessins animés ou des jeux vidéo avant de croquer la turbulente Mortelle Adèle, dont le succès explose en France comme à l’étranger.

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La dessinatrice Diane Le Feyer.
Photo : AFP/VNA/CVN

La fillette irrévérencieuse qui séduit les plus de 8 ans a été créée en 2012 par l’auteur Antoine Dole, alias Mr Tan, à l’époque avec la dessinatrice Miss Prickly, qui a passé la main deux ans plus tard à Diane Le Feyer.

Cette pétillante Lyonnaise de 41 ans, originaire de Romans-sur-Isère (Drôme), a accepté avec enthousiasme le défi de l’éditeur "pour essayer", car la bande dessinée n’était pas véritablement son rayon.

Passée par l’Irlande ou le Canada, Diane Le Feyer s’est d’abord fait un nom dans les jeux vidéo et le dessin animé, notamment au sein de la société d’animation irlandaise Cartoon Saloon, puis s’est tournée vers le livre jeunesse en France et surtout à l’étranger. Elle a collaboré avec des éditeurs aussi prestigieux que Hallmark, Harper and Collins, Mattel, Scholastic, Igloo Books ou Five Mile avant de rejoindre l’aventure Mortelle Adèle.

Coup de téléphone

Cela s’est passé en 2014. "Coup de téléphone, un vendredi, juste avant d’aller chercher ma fille en maternelle. On me dit : +Est-ce que cela vous intéresserait de reprendre Mortelle Adèle ? +C’est une petite fille qui a beaucoup de caractère. J’ai trouvé ça vachement marrant. Du coup je leur ai dit : + Allons-y !+".

Huit ans et 11 tomes, trois collectors, trois romans et trois Ajax (série inspirée du chat souffre-douleur d’Adèle) plus tard, Diane Le Feyer est toujours à l’œuvre.

La bande dessinée de Bayard Jeunesse, qui fête cette année ses dix ans, s’est déjà vendue à 11 millions d’exemplaires, en plus des hors-séries et autres produits dérivés. Ses albums, baignés d’ironie et d’humour noir, sont traduits dans une dizaine de langues.

Adèle qui commande un crocodile sur Internet, Adèle qui fait exploser la maison des voisins avec une fusée, les délires s’enchaînent et les lecteurs suivent. "Elle s’autorise des trucs complètement déjantés qui font du bien aux lecteurs, qui les font rire et les éloigne un peu d’un monde souvent anxiogène", analyse la dessinatrice, rappelant le boom exceptionnel des ventes au moment du confinement.

Couverture d’un tome de "Mortelle Adèle".
Photo : AMAZON.FR/CVN

L’artiste, dont la chevelure rousse rappelle celle de la jeune héroïne, assure que sa vie n’a pas changé en dépit de cet engouement, d’une ampleur rare dans le livre jeunesse.

"À l’école des fois, on me donne un bouquin à dédicacer, mais c’est tout. Je n’ai pas de lunettes noires quand je sors dans la rue", sourit Diane Le Feyer, qui travaille toujours dans un modeste atelier du 7e arrondissement de Lyon, en compagnie d’un petit groupe très soudé de graphistes, dessinatrices et illustratrices.

Enfant des années 1980

La genèse de sa passion remonte loin, lorsqu’elle était "toute petite". "Je suis une enfant des années 80, c’est-à-dire quand tous les dessins animés sont arrivés : Ulysse 31, Les Cités d’Or, Cat’s Eyes... des histoires complètement dingues avec des univers incroyables."

"Petit à petit j’ai compris que si j’ai une idée, je prends mon papier, mon crayon, je le fais et ça bouge", raconte la dessinatrice.

Bûcheuse acharnée selon ses voisines de bureau, elle mène toujours plusieurs projets de front, dont l’enseignement en école de dessin. Mais elle a dû abandonner - au moins temporairement - le dessin animé. "L’animation, c’est un métier qui est long, quand on fait une séquence, il faut qu’on puisse la concevoir en étant dedans, sans s’arrêter".

Sur Mortelle Adèle, sa complicité avec Mr Tan est totale. "On a les mêmes références, le courant passe très bien", même à distance. "Généralement, Antoine m’appelle et me dit +bon j’ai l’idée du prochain tome+. C’est le fil conducteur. Il m’envoie le texte et j’ajoute la dimension graphique en faisant en sorte que ce soit encore plus marrant", raconte-t-elle, affirmant jouir d’une "grande liberté".

Fin juin, les deux complices ont surpris le monde de l’édition en annonçant leur rupture avec Bayard pour créer leur propre maison, suivant le récent exemple de Riad Sattouf. “Une recherche d’indépendance, sur plein d’aspects”, dit Diane Le Feyer, qui précisera leurs intentions en septembre.

En attendant, un troisième roman est attendu fin août et le tome 19 - le dernier chez Bayard - sortira en octobre. À plus long terme, d’autres projets à l’étude risquent de faire du bruit, comme une série TV animée et même un long métrage.


AFP/VNA/CVN

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