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Nguyên Duong Phuc lors d’un voyage de bénévolat. |
Photo : GD/CVN |
Ancien enseignant d’une école internationale à Hô Chi Minh-Ville, Nguyên Duong Phuc, 27 ans, a décidé en 2017 de retourner dans son village natal pour travailler au collège de Suôi Kiêt, district de Tanh Linh, province de Binh Thuân (Centre).
“Chacun a sa propre histoire, et je crois que lorsque nous avons des pensées et des projets pour l’avenir, nous devrions les poursuivre pour éviter d’avoir des regrets plus tard. Je veux consacrer ma jeunesse à l’éducation en milieu rural”, partage le jeune enseignant.
“Il fut un temps où j’étais moi-même élève dans une école primaire rurale. Par la suite, j’ai continué mes études dans le collège du chef-lieu. Cette expérience m’a aidé à comprendre plus profondément la différence entre les élèves des zones rurales et urbaines. Je suis conscient des limites auxquelles sont confrontés les enfants des campagnes... C’est pourquoi, je veux consacrer ma jeunesse à les accompagner”, raconte-t-il.
Sa mère et sa sœur aînée ont soutenu cette décision, ce qui a renforcé sa motivation de consacrer son énergie à son village natal. “Ma mère et ma sœur sont des professeures passionnées, elles m’ont inspiré à suivre la voie de l’enseignement et ont suscité en moi une passion grandissante pour cette profession”, exprime-t-il.
“Au début, je me suis senti un peu étranger à cause du passage soudain d’un environnement international avec des installations modernes à une école qui utilisait encore du vieux matériel, comme à l’époque où j’étais élève. Cependant, j’ai appris à aimer la simplicité de cet endroit, car les changements quotidiens auxquels j’ai contribué ont rendu l’école plus belle”, se souvient M. Phuc.
Pendant près de sept ans d’enseignement de l’art au collège de Suôi Kiêt, le jeune professeur a accumulé de nombreux souvenirs. Ses classes comptent généralement entre 25 et 30 élèves, dont beaucoup appartiennent à des minorités ethniques et proviennent de familles en difficulté.
Certains jours, il a dû se rendre chez les élèves pour les persuader de venir à l’école. Cette expérience a été l’une des plus mémorables pour lui. L’innocence et la naïveté dans les yeux de ces enfants l’ont rendu plus mature et encore plus passionné par son travail, avec le désir croissant de nourrir intellectuellement et artistiquement les futures générations.
“Apporter les lettres dans les montagnes”
En plus d’être un jeune enseignant dynamique et enthousiaste, il est également connu comme l’initiateur du projet “Cong chu lên non” (Apporter les lettres dans les montagnes), qui a été lancé en mars 2022 pour soutenir les enfants des zones reculées.
Au Vietnam, les difficultés persistent, et de nombreux enfants ont encore du mal à accéder à l’éducation. Cependant, l’enseignant Phuc a choisi de concentrer son action sur les écoles de son village natal dans un premier temps.
Il a mis en œuvre le projet dans la plupart des écoles du district de Tanh Linh, province de Binh Thuân. À ce jour, le projet a permis de distribuer plus de 2.000 cadeaux aux élèves. Dans les premières étapes du projet,
M. Phuc a utilisé ses propres fonds pour aider les élèves défavorisés en leur offrant des bourses d’études ainsi que des fournitures scolaires et des articles de première nécessité. Grâce au soutien d’autres donateurs, le projet a aidé également davantage d’élèves dans d’autres écoles.
En mai 2022, M. Phuc s’est associé à l’Union des jeunes de la commune de Duc Phu, district de Tanh Linh, pour visiter l’école primaire-collège de Tà Pua et y faire don de six vélos à des élèves en difficulté. Ils ont également distribué près de 160 cadeaux et organisé des activités ludiques et des échanges avec les élèves.
Nguyên Duong Phuc et des élèves peignent les murs d’une école. |
Photo : GD/CVN |
“La plupart des élèves se rendent à pied à l’école, marchant parfois une dizaine de kilomètres. Certains, qui habitent loin, doivent faire du stop car leurs familles n’ont pas de moyens d’acheter un vélo. En entendant des histoires comme celle-ci, je ressens une profonde empathie pour eux. Cela me motive à entreprendre des actions significatives pour les élèves”, se rappelle M. Phuc. Et d’ajouter : “Donner quelque chose à quelqu’un, même si ce n’est pas grand-chose, a toujours de la valeur. Cela m’incite à réfléchir à davantage de projets pour aider toujours plus de gens”.
Début juin 2023, il a lancé un projet intitulé “Colorer les régions reculées”, visant à transformer l’apparence des écoles dans les zones éloignées et montagneuses du district de Tanh Linh et du district insulaire de Phu Quy.
Chaque semaine, l’enseignant et ses compagnons visitent une école et passent environ trois à cinq jours à réaliser des peintures murales inspirantes et colorées. Leur objectif est de rajeunir l’espace et de faire en sorte que les élèves aiment encore plus leur école, créant ainsi le sentiment que “chaque jour à l’école est une journée joyeuse”.
“Pour moi, le plus agréable, c’est lorsque notre équipe est chaleureusement accueillie. Les élèves se rassemblent pour nous regarder peindre les murs, et certains d’entre eux se joignent à nous avec empressement, créant de belles fresques murales avec leurs couleurs préférées”, explique-t-il. Il indique que l’équipe a eu des journées bien remplies, peignant parfois jusqu’à minuit, mais personne ne se sentait fatigué. Le lendemain matin, ils reprenaient leur travail, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve... Ces sources de motivation poussent le professeur Phuc à continuer ses projets caritatifs.
Créer un moteur pour les élèves
Après près de sept ans de dévouement à l’école de son village natal, il a gagné l’affection de ses élèves, non seulement en raison de sa jeunesse, de son énergie et de son humour, mais aussi grâce aux expériences de vie qu’il partage avec eux.
“Parmi mes élèves, certains ont une grande passion et aspirent à poursuivre une carrière d’enseignant. Cela me rend très heureux. Cependant, je leur rappelle toujours : +si vous aimez vraiment cette profession, soyez courageux pour surmonter les difficultés et les défis qui se présenteront à vous dans le futur+. Bien que l’enseignement ne procure pas de richesse matérielle, c’est une profession sacrée et noble qui apporte une immense valeur aux générations d’étudiants et à ceux qui l’exercent”, partage-t-il.
Huong Linh - Ngân Chi/CVN