Des sous-marins «made in Vietnam» en eaux étrangères

La Thaïlande a récemment commandé 300 sous-marins fabriqués par Phan Bôi Trân, un Viêt kiêu de France. Vingt-cinq appareils avaient déjà été exportés en Malaisie. Des contrats qui augurent d’un avenir prometteur pour ces submersibles.

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Le développement de l’économie maritime vietnamienne tient à cœur Phan Bôi Trân.

Les sous-marins développés par Phan Bôi Trân avaient déjà conquis la Malaisie. Ils ont désormais aussi trouvé preneurs en Thaïlande. Le pays vient en effet de commander 300 de ces submersibles, particulièrement adaptés pour les excursions touristiques en mer. Leur concepteur a récemment quitté Hô Chi Minh-Ville pour la Thaïlande afin de démarrer la production. Il est également prévu que le pays présente ce produit estampillé «made in Vietnam» à des sociétés touristiques d’Asie du Sud-Est.

«Mesurant 2 mètres de long, 0,8 mètre de large et 1,5 mètre de haut, mon sous-marin fonctionne pendant deux heures et plonge jusqu’à 3 mètres de profondeur. Il atteint une vitesse entre un et cinq nœuds», détaille Phan Bôi Trân. Son originalité ? Une ossature en composite (et pas uniquement en acier) et une batterie qui fonctionne avec des accumulateurs électriques. Un ou deux membres d’équipage peuvent embarquer à son bord.

«Nous devons nous rendre en Thaïlande pour honorer cette commande. En effet, le Vietnam n’a pas encore de code barres spécifiques pour les équipements de plongée. Nous ne pouvons donc pas obtenir de certificat d’origine. Ainsi, si nous voulions exporter des produits finis, nous devrions payer 30% de la valeur totale du contrat à la Douane thaïlandaise», explique M. Trân.

Contrat à 1,5 million de dollars

Chaque sous-marin coûte 5.000 dollars. Soit 50% de plus que le prix appliqué pour la Malaisie. Une augmentation due aux bons résultats que l’engin a enregistré dans le pays qui l’a acquis le premier.

Le sous-marin conçu par Phan Bôi Trân est particulièrement adapté pour les excursions touristiques en mer.

Le contrat avec la Thaïlande assurera au producteur un chiffre d’affaires de 1,5 million de dollars et un profit de 1,2 mil-lion de dollars. Une somme qui sera versée à une entreprise française, qui s’occupe de gérer les contrats décrochés pour les sous-marins de Phan Bôi Trân. «Cette entreprise cherche désormais des opportunités d’exportation vers les pays d’Amérique du Sud, où le tourisme maritime se développe fortement, tout comme le tourisme en général», ajoute M. Trân.

Issu d’une famille de lettrés de la province de Nghê An (Centre), Phan Bôi Trân est fier d’être le descendant (4e génération) de Phan Bôi Châu (1867-1940), pionnier du nationalisme vietnamien au XXe siècle.

En 1974, à l’âge de 20 ans, Phan Bôi Trân part étudier la chimie, les matières composites et plastiques à l’Université de Marseille. Diplômé en 1978, il est embauché par la compagnie française Comex, spécialisée dans l’ingénierie et le monde sous-marin. Dix ans plus tard, l’ingénieur Viêt kiêu part en mission en Libye, sur invitation du gouvernement de ce pays, pour concevoir et fabriquer l’ossature d’un sous-marin.

Concepteur du premier sous-marin vietnamien

Revenu au Vietnam en 2006, Phan Bôi Trân a fondé une compagnie d’équipement et d’ossature de bateau, vélos électriques et jouets pour enfants.

Avant de développer des sous-marins à vocation touristique, il s’est lancé dans la conception d’un mini sous-marin en composite, avec du matériel et des équipements fabriqués dans le pays, excepté le moteur, importé de France. Il a débuté son projet fin 2011. Pour ce faire, il a transformé sa maison en chantier naval miniature. Un an plus tard, un mini sous-marin, le premier du genre au Vietnam, a vu le jour. Il l’a dénommé Yêt Kiêu.

«L’économie maritime vietnamienne tient à cœur Phan Bôi Trân. Il m’a dit à plusieurs reprises qu’il voulait contribuer à la construction de petits submersibles», partage Lê Kê Lâm, président de l’Association des sciences, des techniques et de l’économie maritime de Hô Chi Minh-Ville.

Ce dernier a demandé aux organes compétents d’aider Phan Bôi Trân, ainsi que d’autres scientifiques lors des phases de fabrication et d’expérimentation de submersibles. En effet, décrocher une aide financière étatique est difficile pour eux. Actuellement, il n’existe aucun Fonds d’investissement de l’État réservé à la fabrication des sous-marins développés par des privés. Pour pouvoir écouler leurs produits, ils doivent demander un permis auprès de l’organisme de l’enregistrement et des contrôles.

Phuong Nga/CVN

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