David Thomas, l’art plus fort que les armes

David Thomas, vétéran américain de la guerre du Vietnam et artiste-peintre, est connu pour ses œuvres sur ce terrible conflit. Directeur du Programme artistique d’Indochine, il multiplie les allers et venues au Vietnam pour des projets d’échanges culturels avec les États-Unis.

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Le vétéran américain de la guerre du Vietnam et artiste-peintre David Thomas.

Le peintre David Thomas a fait de sa maison, à Boston (États-Unis), un espace dédié à la culture vietnamienne. Parmi les cerfs-volants de Huê et les marionnettes sur l’eau, d’innombrables portraits du Président Hô Chi Minh tapissent les lieux, témoins de l’œuvre d’une vie.

Il pose pour la première fois les pieds au Vietnam en 1968, engagé pendant deux ans par l’Armée américaine en tant que sapeur. Il officie à Pleiku (province de Gia Lai, hauts plateaux du Centre). Le conflit qui fait alors rage ne l’empêche pas d’esquisser nombre de portraits d’enfants vietnamiens.

Un recueil de portraits sur l’Oncle Hô

En 1969, David Thomas apprend la nouvelle du décès du Président Hô Chi Minh. Il se demande alors quel effet cette information a eu sur les Vietnamiens. Pourtant engagé côté américain, il ne cesse de penser à l’Oncle Hô, l’un des plus grands dirigeants du XXe siècle.

De retour aux États-Unis, la guerre hante ses nuits. Ainsi devient-il objecteur de conscience. Il peint beaucoup sur le Vietnam. Ce travail lui permet d’évacuer le traumatisme psychologique de la guerre, quasi-insurmontable pour nombre d’anciens combattants américains.

Son premier retour au Vietnam remonte à 1987. Il a, depuis, fait le voyage une cinquantaine de fois pour étudier et mettre en œuvre des programmes d’échanges culturels et éducatifs entre le Vietnam et les États-Unis. Directeur du Programme artistique d’Indochine, David Thomas lance régulièrement des appels à des financements en faveur du Vietnam et y organise des ateliers artistiques pour des peintres américains. Il est connu pour être l’organisateur d’une exposition qui eu un écho retentissant au Vietnam en 1990 : «Regard des deux parties», la première exposition vietnamo-américaine d’après-guerre. Pour les artistes américains comme lui : «L’art aide à panser les paies».

David Thomas (2e à gauche) présente son recueil de portraits du Président Hô Chi Minh au général Vo Nguyên Giap (2e à droite).

À cette époque, David Thomas trouve qu’il y a peu de livres sur le grand leader vietnamien aux États-Unis. Pire, très peu d’Américains le connaissent. Une idée germe alors dans son esprit : réaliser un recueil composé de portraits du Président Hô Chi Minh, avec sa biographie détaillée et toute une série de documents historiques et d’articles de presse. Cette œuvre voit le jour en l’an 2000.

Le cauchemar de l’agent orange

«Le nom Hô Chi Minh était inconnu aux États-Unis ! La plupart de mes compatriotes ne savaient même pas qu’il avait été l’un des dirigeants les plus éminents du XXe siècle, confie David Thomas. L’Oncle Hô est à mettre aux côtés de Thomas Jefferson, du Mahatma Gandhi, de Vladimir Lénine et des grands dirigeants de ce monde qui ont écrit l’histoire».

L’Américain consacre beaucoup de temps et d’efforts pour la réédition de son ouvrage. Une centaine d’exemplaires sont imprimés sur papier rhamnoneuron (do – rouge en français), qui sert de support aux estampes populaires de Dông Hô. Il en remet un exemplaire à différents musées de Hanoi, de Huê (Centre) et de Hô Chi Minh-Ville. Ce recueil sera ensuite recherché par des bibliothèques, collectionneurs vietnamiens et étrangers. Aujourd’hui, quelques exemplaires sont exposés dans des musées et bibliothèques aux États-Unis.

David Thomas et son enfant adoptif devant leur maison, à Boston.
Photo : CTV/CVN

Touche-à-tout, il a publié récemment un livre sur l’agent orange. Ayant vécu au Vietnam - certes dans un contexte bien particulier - pendant plusieurs années, il connaît bien les séquelles de ce produit chimique à haute teneur en dioxine sur l’homme. Entre 1961 et 1971, l’Armée américaine a répandu près de 80 millions de litres de défoliants, dont 61% d’agent orange, sur environ 17% de la superficie du territoire méridional du Vietnam. Cette guerre chimique - la plus longue de l’histoire de l’Humanité - a exposé plus de 4,8 millions de Vietnamiens à l’agent orange. Des centaines de milliers d’entre eux ont trouvé la mort, tandis que des millions d’autres, comme leurs descendants, souffrent toujours des maladies causées par ce défoliant.

David Thomas souffre lui aussi des conséquences de son exposition, même s’il l’a appris sur le tard. Après la guerre, il est retourné aux États-Unis et s’est marié.

«Une fois, je suis allé chez le médecin pour une simple consultation. C’est là qu’il m’a dit que j’avais été contaminé par l’agent orange. J’étais très inquiet pour mes enfants. Heureusement, ils sont en bonne santé. Mais le problème est que personne ne peut dire si leurs enfants seront aussi chanceux qu’eux», informe-t-il, l’air grave.

«Mon objectif est d’aider les Américains à mieux comprendre les séquelles de l’agent orange. Il semble qu’ils les aient oublié depuis quelques temps», alors que beaucoup de personnes en souffrent encore aujourd’hui, au Vietnam comme aux États-Unis.

Phuong Nga/CVN

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