Un poulpe dans un aquarium de l'Ocearium du Croisic, le 6 décembre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ces animaux peuvent en effet rapidement modifier la texture de leur peau ainsi que sa couleur pour ressembler à des algues, des coraux ou d'autres éléments qu'ils détectent pour se camoufler, expliquent ces ingénieurs de l'Université Cornell, dans l'État de New York, dont l'invention fait l'objet d'une présentation jeudi 12 octobre dans la revue Science.
Ces chercheurs ont mis au point un matériau activé pneumatiquement qui imite le fonctionnement des papilles, de petites éminences charnues à la surface d'une muqueuse, que ces céphalopodes activent en un clin d'œil pour changer leur apparence. Ils peuvent tout aussi rapidement rétracter ces papilles.
"Un grand nombre d'animaux ont des papilles mais ils ne peuvent pas les étendre ou les rétracter instantanément comme les poulpes et les seiches", explique le biologiste Roger Hanlon du Marine Biological Laboratory (MBL).
"Ces mollusques n'ont pas de coquille, et leur principale défense contre des prédateurs est leur peau capable de changer d'apparence", ajoute-t-il.
Ces papilles sont des exemples d'hydrostat musculaire, un muscle qui peut changer de forme tout en conservant son volume, comme la langue humaine, précisent les chercheurs.
"Chez la seiche européenne, on compte au moins neuf groupes de papilles qui sont contrôlées indépendamment par le cerveau. Et chacune de ces papilles passe d'un état en deux dimensions à une forme qui peut être par exemple conique, ou à une dizaine d'autres formes possibles", précise James Pikul, professeur au Département d’ingénierie et de mécanique appliquée à l'Université de Pennsylvanie.
"Tout dépend de la position du muscle", ajoute-t-il.
Cette avancée technologique a permis de fabriquer un tissu synthétique pouvant passer d'une forme en deux dimensions à une autre en trois dimensions en se rétractant.
"Les ingénieurs avaient déjà mis au point des moyens sophistiqués de contrôler la forme de matériaux souples...mais nous voulions un système simple, rapide et solide facile à contrôler", explique le professeur Pikul.
"C'est l'exemple classique d’ingénierie inspirée par la biologie avec un éventail d'applications potentielles", relève Roger Hanlon.
Le matériau pourrait ainsi refléter la lumière en deux dimensions et l'absorber dans sa forme en trois dimensions, indique-t-il.
"Cela pourrait avoir des applications pour manipuler la température d'un matériau en toutes circonstances", ajoute le scientifique.
Les poulpes et les seiches utilisent cette capacité à manipuler leurs papilles seulement pour le camouflage et non pour leur locomotion ou la séduction sexuelle.