France : mortalité routière en baisse en septembre

Inversion de tendance ou accalmie conjoncturelle ? Le nombre de morts sur les routes a connu un nouveau recul en septembre mais, dans un contexte de hausse persistante depuis plusieurs années, les acteurs de la sécurité routière restent prudents.

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Vue sur un pont de l'autoroute A4 près de Saint-Maur-des-Fossés, d'une camera vidéo de surveillance.
Photo : AFP/VNA/CVN

Quarante-cinq morts de moins en septembre 2017 qu'en septembre 2016 (289 morts, -13,5%) ; 73 de moins sur les douze derniers mois (-2,1% par rapport aux douze derniers mois précédents). Alors qu'Emmanuel Macron doit présenter "d'ici la fin d'année", selon une source proche du dossier, un plan de lutte contre l'insécurité routière, la tendance à la hausse enregistrée depuis 2014 semble marquer le pas.

"Restons mobilisés pour une route plus sûre", a tweeté le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.

Après trois années consécutives d'augmentation de la mortalité routière, une situation inédite depuis 1972, la circonspection est désormais de mise. D'autant que cette baisse mensuelle du nombre de tués était attendue après un mois de septembre 2016 particulièrement meurtrier (335 morts).

"Il faut rester prudent. Attendons de voir si cette tendance se consolide", souligne le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe.

Certains signes sont "encourageants", relève-t-il : "On est sur trois mois consécutifs de baisse et sur les douze derniers mois, il y a 73 tués de moins". Mais "ce chiffre reste de toute façon trop élevé".

L'objectif de passer sous les 2.000 morts en 2020, affirmé en 2012 par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, est en effet bien loin.

"Il faut relativiser ces chiffres. Il y a certes une baisse par rapport à 2016, mais cela représente une hausse de 12,5% par rapport à septembre 2015 qui était déjà une mauvaise année (257 tués, ndlr)", tempère la présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon.

Évolution mensuelle du nombre de morts sur les routes en France métropolitaine et comparaison pour le mois de septembre depuis 2013

"Pareillement, ça représente une quasi-stagnation sur les neuf premiers mois de l'année par rapport aux neuf premiers de 2016 (2.563 tués contre 2.558, +0,2%, ndlr), mais une hausse de 3% par rapport aux neuf premiers mois de 2015 (2.482 tués)", poursuit-elle.

Appels au gouvernement

Alors que le gouvernement prépare son plan, "la Ligue contre la violence routière appelle à l'ambition, au courage, à la détermination qui ont été oubliés par les gouvernements précédents", affirme cette partisane d'une réduction de 10 km/h de la vitesse maximale autorisée sur tous les réseaux routiers, de l'interdiction des avertisseurs radars et d'un plus large déploiement des voitures-radars banalisées.

Deux plans lancés en janvier et octobre 2015 n'ont pas, jusqu'à présent, permis d'engager une baisse durable.

Et ce malgré quelques mesures-phares comme l'interdiction du kit mains libres au volant, l'abaissement du taux d'alcoolémie pour les conducteurs novices (0,2 g/l de sang), le développement de tests salivaires pour détecter les stupéfiants, l'augmentation du nombre de radars (500 supplémentaires d'ici fin 2018 et 10.000 radars "leurres") et l'obligation pour les chefs d'entreprise d'identifier leurs salariés pris en infraction au volant d'une voiture de société.

"Ce n'est pas le moment de se relâcher sur les mesures à prendre", plaide Christophe Ramond de l'association Prévention routière, en remarquant que si le nombre de morts a reculé sur les douze derniers mois, le nombre d'accidents est, lui, en hausse (+3,9%).

Plus généralement, "ça ressemble un peu aux dernières années, où l'on tourne autour du zéro et on finit en légère hausse", prévient M. Ramond, dont l'association réclame notamment un "droit à la déconnexion" au volant et un plus grand recours aux éthylotests antidémarrage (EAD).

Seule l'association 40 millions d'automobilistes voit dans ces chiffres, "globalement positifs", "une reprise de la baisse structurelle qu'on connaît depuis 1972", selon son délégué général Pierre Chasseray.

Ces chiffres doivent donc être, pour lui, l'occasion "d'abandonner le triptyque restriction/interdiction/verbalisation pour passer à des choses plus positives", à travers de nouvelles technologies et les innovations apportées aux véhicules.

AFP/VNA/CVN

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