Quang Nam
Des profs de japonais natifs bénévoles à Hôi An

Trois Japonais ont choisi de passer une retraite tranquille à Hôi An. C’est en enseignant leur langue qu’ils ravivent à leur manière les liens séculaires entre cette jolie ville du Vietnam et le Japon.

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De droite à gauche : Takeshi Hirohata, Hamada et Suzuki, trois profs de japonais.
Photo : B.D/CVN

En faisant une promenade le long de la rue Nguyên Tri Phuong, au centre de l’ancienne et jolie ville de Hôi An, province de Quang Nam (Centre), une boutique toujours éclairée près du pont Câm Nam se distingue par une enseigne en langue japonaise. À l’intérieur, une dizaine d’enfants écoutent attentivement les leçons de leur professeur. Il s’agit d’une des deux classes de langue japonaise ouvertes ces dernières années à Hôi An (l’autre est dans la rue Nguyên Thai Hoc) par Takeshi Hirohata, ex-businessman de 70 ans.

Trois fois par jour (matin, après-midi et soir), lui et ses deux amis venus aussi du Pays du Soleil levant donnent des cours de japonais gratuits à des apprenants de tous âges.

Du businessman à l’enseignant bénévole

Hôi An abrite nombre de vestiges architecturaux et culturels du Japon. Certains d’entre eux sont même devenus des symboles de la ville, comme le pont-pagode, l’ancienne maison commune…

Hôi An est l’une des destinations préférées des touristes étrangers. On y compte des dizaines de milliers de visiteurs japonais par an. Parmi ceux-ci, nombre ont avoué avoir été subjugués par le charme irrésistible de la petite ville. À tel point que certains ont décidé d’y passer leurs vieux jours.

Takeshi Hirohata entouré de ses élèves vietnamiens.
Photo : B.D./CVN

C’est le cas de Takeshi Hirohata, patron de restaurants au Japon et à Hô Chi Minh-Ville. Installé dans la mégapole du Sud depuis 1993, Takeshi Hirohata a bien réussi dans ses affaires. "Mais cette vie est tellement oppressante qu’on n’a plus du temps pour soi", avoue-t-il. Et de poursuivre : "En 2003, je suis venu pour la première fois à Hôi An. J’ai été ému devant les paisibles paysages semblables à ceux de ma ville natale. D’anciennes maisons le long d’un cours d’eaux paisible, de vieilles pagodes d’architecture japonaise… Et la tranquillité. Tout cela évoquait en moi les souvenirs de mon enfance", explique-t-il avec une pointe de nostalgie dans la voix.

De retour à Hô Chi Minh-Ville, Takeshi Hirohata a confié les rênes de son business à des collaborateurs, avant de revenir à Hôi An pour concrétiser son rêve, qu’il a résumé par "faire quelque chose de bon pour la ville".

Après avoir rencontré certains officiels locaux, une idée lui est venue en tête : ouvrir des cours de japonais à l’intention des enfants. Une proposition immédiatement soutenue par les autorités de Hôi An.

"Cette vie paisible me rajeunit"

La petite boutique que le Japonais a louée dans la rue Nguyên Tri Phuong s’est transformée en une salle de classe remplie de pupitres, avec bien évidement l’incontournable tableau noir. L’ambiance y est effervescente tous les jours. Le matin et l’après-midi, de nombreux enfants ; et le soir, des adolescents et des adultes, parfois âgés. Sur l’estrade, se succèdent Takeshi, 70 ans, et ses deux amis : Suzuki, 72 ans, et Hamada, 67 ans.

"Ce sont de vieux amis. Après avoir été informés de mes activités de volontariat, ils ont aussi décidé de venir vivre à Hôi An, et de faire du volontariat comme moi", explique Takeshi Hirohata. Et d’ajouter avec un brin d’orgueil : "L’année passée, lors de sa visite à Hôi An, mon père a soutenu mon projet, et participé, lui-aussi, à l’enseignement !".

Ces derniers temps, du fait de la forte demande locale d’apprendre le japonais, et soutenu par le Centre municipal de la culture et des sports, Takeshi Hirohata a ouvert une deuxième classe au 39, rue Nguyên Thai Hoc.

Selon Nguyên Thi Ngoc Anh, son interprète et assistante, outre les cours donnés en classe, l’enseignant japonais organise aussi souvent pour ses élèves des visites de sites culturels et historiques de Hôi An. Plus original, il leur apprend aussi à confectionner des plats japonais, dont le takoyaki, un gâteau traditionnel !

Les trois compères cohabitent dans une maison louée en ville. "Chaque jour, à l’aube, je vais au marché acheter des poissons frais. Je ne me lasse pas de contempler la vie ici. Nous sommes heureux de vivre à Hôi An. Cette vie paisible me rajeunit", confie le vieil homme. Et de révéler son ambition : "Ces prochaines années, nous continuerons nos cours gratuits, et nous offrirons aussi des bourses à des jeunes dans le besoin".

Nghia Dàn/CVN

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