>>Trois races de poulets qui font saliver les gourmets
La ferme avicole de Nguyên Tân Dep se situe dans le village de An Loi, district de Trang Bàng, province de Tây Ninh (Sud). Depuis des années, son exploitation, construite sur un terrain de plus de 4.000 m2, fournit des poussins en grande quantité aux éleveurs du Sud. Mais elle est surtout fréquentée par les amateurs de races de poulets rares, élevées soit pour leur viande, soit pour l’agrément.
Il y a dix ans, M. Dep est tombé sur une émission télévisée parlant de l’élevage, dans les régions montagneuses, de plusieurs races de poulets réputées pour la saveur de leur chair. Ils servaient autrefois d’offrande pour les rois. Curieux, il a décidé de parcourir des milliers de kilomètres pour aller en chercher dans la commune de Dông Cao, district de Khoai Châu, province de Hung Yên (Nord).
Plusieurs races de poules-soie élevées dans la ferme de M. Dep. |
Photo : TN/CVN |
Cinquante mâles et femelles ont été acheminés vers sa ferme. M. Dep s’est tout d’abord confronté aux difficultés liées à leur élevage, qui demande de la rigueur pour qu’une hygiène irréprochable soit garantie. Au bout de quelques années, il a réussi à maîtriser les spécificités inhérentes à ce type d’élevage. Grâce au prix de vente très élevé de ces gallinacés, le retour sur investissement n’a pris que cinq ans. Il a alors agrandi sa ferme et s’est mis à la recherche d’autres races de poulets rares.
Un poulet légendaire à la chair fine
Au Vietnam, le poulet à six ergots est très recherché. Il est entre autres apprécié pour la saveur de sa chair. Une légende vietnamienne raconte que l’animal, offert comme cadeau de mariage, a permis à un homme d’épouser la fille du XVIIIe roi Hùng (voir encadré). Aujourd’hui, la plupart des gens croient que cette race a totalement disparu, mais ils se trompent. Nguyên Tân Dep est l’un des très rares paysans du pays capable de l’élever.
Se promenant dans sa ferme, divisée en différentes zones d’élevage, le propriétaire précise que la race de poulet à six ergots est aussi élevé dans plusieurs régions montagneuses des provinces de Phu Tho et de Bac Giang (Nord). De petite taille, la volaille pèse au maximum 1,5 kilo. Elle possède une crête rouge, une queue courbée et des pattes fermes avec des ergots de différentes tailles. En raison de la dégénérescence de la race, leur reproduction est très difficile.
Ce coq de M. Dep compte déjà trois ergots. Ses 4e, 5e et 6e pourront se développer dans quelques mois. |
M. Dep attrape un coq, au plumage entièrement blanc, et exhibe ses deux pattes. Constat étonnant, chacune compte trois ergots, contre un pour les poulets ordinaires. «Il faut encore attendre quelques mois pour que ses 4e, 5e et 6e ergots se développent, explique-t-il. Cependant, les spécimens avec six ergots ne sont pas nombreux». Et d’ajouter que, ces dernières années, plusieurs clients aisés se sont montrés intéressés à acquérir un poulet à six ergots, qu’ils utiliseraient comme cadeau de fiançailles ou de mariage pour leur fils, comme à l’époque.
Deux millions de dôngs pour une poule-soie
M. Dep se dirige vers la zone destinée à l’élevage des poules silkies, aussi appelées poules-soie, une race de petites poules au plumage soyeux, de différentes couleurs, élevée pour l’agrément. Il pointe une couvée de 50 poussins. «Il y a deux ans, j’ai décidé d’acheter 20 mâles et femelles de Thaïlande au prix de 10 millions de dôngs par tête. Après 15 jours d’élevage, j’ai réussi à donner naissance à une première couvée. Six mois après, j’avais totalement remboursé mon investissement».
Désignant une petite poule, le propriétaire dévoile qu’elle peut se vendre environ 2 millions de dôngs en raison de son plumage immaculé. «Beaucoup de gens pense qu’elle ressemble à un Spitz japonais (une race de chien nain japonaise très prisée au Vietnam il y a 5-10 ans). Ils l’ont baptisée le Spitz ovipare», s’enthousiasme-t-il. D’après lui, les poules-soie de trois semaines se vendent généralement un million par tête, celles de trois ou cinq mois entre trois et cinq millions de dôngs.
Outre ces deux races de galliracés, M. Dep élève aussi des Quy Phi, des Tiên Vua et des Hô. Comme les animaux qu’il est allé chercher dans le Nord du Vietnam il y a dix ans, ces volailles, à la viande fine, étaient offertes aux rois.
Son Tinh-Thuy Tinh (Histoire des génies des montagnes et des eaux), une légende vietnamienne, raconte que le XVIIIe roi Hùng Duê (le dernier de la dynastie des rois fondateurs, 408-258 avant J.- C.), a lancé une compétition afin de choisir un mari pour sa fille. Tous les prétendants ayant répondu à l’appel sont repartis bredouille. Son Tinh (génies des montagnes) et Thuy Tinh (génies des eaux) se sont alors présentés. Ils se sont démenés pour que le roi ne puisse pas les départager. Le monarque leur a alors lancé un dernier défi : l’élu sera celui qui amènera, le plus rapidement, les cadeaux de mariage suivants : cent paniers de riz gluant et cent paniers de gâteaux de riz gluant, un éléphant à neuf défenses, un poulet à neuf ergots et doigts, un cheval rouge à neuf crinières, ainsi qu’un partenaire pour chacun de ces animaux. Son Tinh a relevé le défi dès le lendemain et a donc été choisi. Thuy Tinh s’est mis en colère et a défié Son Tinh afin de reprendre la princesse. Sans succès. Désormais, chaque année, Thuy Tinh, en souvenir de sa défaite, cause de fortes pluies et des inondations entre les 7e et 8e mois lunaires. Une explication aux crues et aux pluies abondantes pendant cette période de l’année.
Linh Thao/CVN