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Des produits verts proposés par le couple. |
Photo: NVCC/CVN |
La date est janvier 2018. Michael, Américain, et sa femme Julia, Française, profitent de leurs vacances dans le bourg de Hô Tràm dans la province de Bà Ria - Vung Tàu (Sud). Amateur de nature, le couple fait de l’escalade sur la montagne de Ky Vân, abritant des centaines de singes. Contemplant les primates s’en donnant à cœur joie, il a ensuite assisté à la scène suivante: un bébé singe sur le dos de sa maman tient un sac en plastique dans ses mains et commence à le manger.
"Ma femme s’est alors approchée d’eux pour reprendre le sac mais elle n’y est pas arrivée", raconte Michael. "Abattue, Julia a par la suite ajouté que même si elle avait réussi son coup à ce moment-là, on ne pouvait pas être là pour ces singes en permanence et ils continueront de manger des sacs en plastique tant qu’il y en aura. C’est pourquoi, nous avons décidé de fonder la page +Zero Waste Saigon+ (Saïgon sans déchet) sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser les gens sur les déchets en plastique et de convaincre les entreprises à utiliser des produits qui ne sont pas nuisibles à l’environnement", poursuit-il.
Ne pas rester les bras croisés
Michael Burdge travaille comme expert en marketing de l’immobilier, Julia Mesner Burdge, quant à elle, est "bloggeuse" touristique. Comme ils travaillent tous deux principalement sur Internet, ils ne sont pas contraints de rester au même endroit et peuvent se permettre une vie plus ou moins nomade, sans souci d’interruption de leur travail. Ils ont notamment habité à Bangkok pendant plus d’un an. "À l’époque, quand je faisais mes courses aux magasins, les employés de caisse ne me donnaient pas un mais deux sacs plastiques pour mettre achats. Cela me gênait déjà mais quand nous avons déménagé à Hô Chi Minh-Ville en août 2017, nous avons constaté que la situation était malheureusement pire. Il était vraiment temps d’agir!", partage l’Américain.
Le couple Michael Burdge et Julia Mesner Burdge. |
NVCC/CVN |
"Ici, quand j’ai acheté mon premier café à emporter, le vendeur avait mis la boisson dans un verre en plastique doublé d’un couvercle en plastique, auquel il avait ajouté une paille, aussi en plastique, le tout, je vous laisse deviner… dans un sac en plastique!", s’exclame Micheal Burdge. "En outre, il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que les déchets en plastique sont omniprésents dans la rue".
Michael Burdge est né et a grandi en Californie, l’État le plus vert des États-Unis, alors que sa femme est Parisienne. "Dans nos régions natales, l’utilisation des sacs en plastique est interdite depuis longtemps. Alors, forcément le contraste est flagrant", souligne Michael.
La page Zero Waste Saigon est jusqu’à présent suivie par plus de 5.000 personnes. "Nous sommes unanimement d’accord sur la situation alarmante des déchets en plastique à Hô Chi Minh-Ville", affirme Julia.
La page se penche principalement sur la vente de pailles faites à base d’acier inoxydable, de verre, de bambou ou encore à base de Lepironia (un type de plante dont la tige est grande, présente dans les endroits marécageux et les marais ouverts).
Le couple franco-américain essayait tant bien que mal de lancer un message quand il dit par exemple "Nous n’avons pas besoin de paille en plastique" aux serveurs de restaurants ou autres vendeurs de repas et boissons. "D’après un sondage mené à Singapour, 60% des personnes interviewées disent ne pas avoir besoin de pailles mais s’en servent quand même quand ils en reçoivent. Si ces 60% pouvait alors simplement dire +non+ aux pailles en plastique, le volume de ce type de déchets se verra considérablement réduit", fait savoir Michael.
Un commerce de sensibilisation
Dans son appartement du 4e arrondissement, le couple a transformé l’une de sa chambre en entrepôt d’"articles" écologiques, outre les fameuses pailles, il vend également des sacs multi-usages, des verres en papier, des boîtes alimentaires fabriquées à base de bagasses ainsi que des "porte-boissons" faits à partir de laine.
Il semble clair que le couple ne pourra vraisemblablement pas récupérer le capital qu’il a initialement dépensé avec cette opération, encore moins de faire profit. "Oui, nous vendons à perte", avoue Michael. Avant d’ajouter qu’ils se rendent souvent dans des écoles pour y faire des exposés sensibilisant les générations futures sur la protection de l’environnement en offrant des produits aux élèves.
"Nous avons heureusement la chance de posséder une dizaine d’appartements à Paris que nous mettons en location, ainsi nous ne subissons pas de problèmes financiers trop lourds", ajoute Julia.
Michael et Julia Mesner Burdge souhaitent contribuer de manière positive à un changement des mœurs et des habitudes dans la mégapole du Sud. Le problème de la pollution plastique au Vietnam est réel et doit rapidement devenir une priorité. L’environnement n’attend pas.