Apprendre le vietnamien au Cambodge

Afin d’aider les Cambodgiens d’origine vietnamienne des 2e ou 3e générations à se familiariser avec la culture de leurs ancêtres, deux classes d’enseignement du vietnamien ont été ouvertes à Rattanakiri (Nord-Est).

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Dans une classe réservée à des élèves Viêt kiêu à Rattanakiri.
Photo: Chi Hùng/VNA/CVN

Selon l’Association des Cambodgiens d’origine vietnamienne de Rattanakiri, la province compte environ 500 familles Viêt kiêu (Vietnamiens d’outre-mer) pour un total de près de 1.100 personnes. Avec l’assistance des autorités des provinces de Kon Tum (hauts plateaux du Centre du Vietnam) et de Rattanakiri, deux classes d’enseignement du vietnamien ont vu le jour en 2016 au sein de ladite association, et ce pour le plus grand bonheur des familles résidant dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Elles comptaient au départ 15 élèves pour finir par en accueillir 41 un an plus tard.

Langue, identité et solidarité

"Nous avons tous soutenu l’initiative d’ouvrir ces classes. Les fortunés apportaient l’argent, les autres leur force de travail", raconte Pham Van Ninh, président de l’Association des Cambodgiens d’origine vietnamienne de Rattanakiri.

Les séances d’apprentissage sont animées par Trân Van Nuôi, enseignant dans une école primaire dans le district de Dak Tô, province de Kon Tum. "Je suis détaché pour aller apprendre le vietnamien à des enfants +Viêt kiêu+ de la province de Rattanakiri. Lors des premières classes, j’ai été confronté à plusieurs difficultés. En tête, le fait que les élèves soient de différents âges et donc de niveaux très différents", se souvient-il.

À chaque cours, en plus des matières indispensables comme la grammaire, le vocabulaire, la prononciation, les connaissances en histoire et en culture générale, les élèves apprennent souvent des locutions, proverbes et chansons vietnamiens. "J’ai choisi de courts locutions, proverbes et chansons faciles à lire et à expliquer afin de leur présenter la culture et des sites pittoresques du pays", dévoile Trân Van Nuôi. Pour lui, l’enseignement du vietnamien est un sacerdoce véritable et sa détermination est sans limite pour arriver à ses fins.

Remise des cadeaux à des élèves Viêt kiêu à Rattanakiri.
Photo: Chi Hùng/VNA/CVN

Chaque fois qu’il retournait dans sa maison à Kon Tum, Trân Van Nuôi s’efforçait de rapporter le plus grand nombre possible de livres et documents sur la culture vietnamienne pour ses élèves. Afin d’avoir un excellent contact avec eux, il a appris le cambodgien. Sa méthode met l’accent sur la compréhension écrite et l’expression orale afin d’améliorer la pratique de ses élèves.

Doàn Thi Nhu Y est une jolie fille d’origine vietnamienne issue de la 2e génération. Elle a commencé à apprendre la langue de son papa dans la classe de Trân Van Nuôi. En seulement quelques mois, elle pouvait suivre et participer à des conversations simples. "Toutes les semaines, je participe à trois ou quatre cours animés par le professeur. Il reste souvent très tard pour aider les débutants. À nous, élèves de quatrième classe, il nous raconte l’histoire +Thân dông dât Viêt+ (Prodiges vietnamiens). C’est avec grand enthousiasme que nous suivons ses enseignements", confie-t-elle.

Parallèlement à ses cours hebdomadaires, Nhu Y pratique le vietnamien à la maison. La prononciation est difficile mais elle a vraiment envie de la peaufiner afin d’être plus à l’aise à l’oral, notamment avec son père.

"Mon père dit que ma terre natale est Tiên Giang (delta du Mékong, ndlr). Si possible, nous y retournerons afin de rendre visite à mon grand-père paternel et à nos proches", se réjouit-elle. De ce fait, elle met les bouchées doubles afin de ne pas se heurter à cette fameuse barrière de la langue.

"La plupart des parents d’élèves ne savent ni lire, ni écrire le vietnamien. Ils comptent sur moi en envoyant leur enfant dans mes classes. Par conscience professionnelle, je fais tous les efforts possibles", souligne Trân Van Nuôi.

Sachant que la bibliothèque est un lieu d’échange pour les Vietnamiens de l’étranger, et notamment les jeunes, les provinces de Kon Tum et de Gia Lai ont offert des centaines de livres traitant de divers sujets comme la culture, l’histoire ou les traditions vietnamiennes, dans le but de resserrer les liens culturels avec leur Patrie d’origine, de mieux comprendre les relations spéciales Vietnam - Cambodge et de les développer.

Phuong Nga/CVN

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