>>Venezuela : l'opposition veut soulever les quartiers pauvres
Des milliers de personnes défilaient samedi 24 juin en direction d'installations militaires à Caracas et d'autres villes du Venezuela. |
"Fini la répression. Fini les morts", pouvait-on lire sur une pancarte attachée aux grilles d'une base aérienne de Caracas.
Dans la capitale et d'autres villes du pays, les manifestants se sont rassemblés devant des installations de l'armée après le décès de deux jeunes victimes de tirs militaires cette semaine à Caracas, qui porte, selon le parquet, à 75 le nombre de morts recensés en 85 jours de manifestations contre M. Maduro, très impopulaire dans un contexte de grave crise économique.
"Les jeunes donnent leur vie pour nous et nous sommes ici pour dire ça suffit. Je resterai dans la rue pour eux. Ils sont tous mes enfants", a dit à l'AFP Mirian Suarez, 63 ans.
Le ton est également monté entre le Venezuela et l'Organisation des États américains (OEA). Luis Almagro, son secrétaire général, répondant sèchement à M. Maduro qui lui avait demandé de démissionner en échange du retour de son pays au sein de l'institution.
"J'ai reçu une proposition de négociation : ma démission en échange du retour du Venezuela dans l'OEA (que le pays a décidé de quitter en avril)", a expliqué M. Almagro dans une vidéo, avant de rétorquer : " je cède ma place en échange de la liberté au Venezuela".
"Je partirai quand il y aura des élections libres et transparentes, avec des observateurs internationaux et sans candidatures rejetées, quand tous les prisonniers politiques seront libérés", a-t-il ajouté.
Accusations de torture
Dans une vidéo relayée vendredi 24 juin sur les réseaux sociaux, l'opposant vénézuélien Leopoldo Lopez clame à grands cris subir des tortures dans la prison militaire où il purge une peine de treize ans et neuf mois pour "incitation à la violence" lors de manifestations contre M. Maduro. Celles-ci s'étaient soldées par 43 morts de février à mai 2014.
"Lilian, ils me torturent ! Dénoncez cela !", entend-on de loin sur des images de la prison Ramo Verde, dans les environs de Caracas. L'homme politique s'adresse à sa femme Lilian Tintori. "Aucun de ses avocats n'a pu voir Leopoldo depuis le 6 avril", a-t-elle de son côté déclaré à la presse.
Il y a deux semaines, l'opposant avait appelé les militaires à se "rebeller", dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. La coalition d'opposition MUD (Bureau pour l'Unité démocratique) a demandé à son tour samedi 24 juin sur Twitter aux militaires de "baisser les armes".
David Vallenilla, un manifestant de 23 ans, est mort jeudi 22 juin après avoir été atteint de trois balles au thorax. Des balles tirées par un sergent de la police de l'air devant la base de La Carlota, selon des photos et des vidéos diffusées par des médias locaux. Des heurts avaient éclaté quand le défilé avait été freiné par des gaz lacrymogènes. Des manifestants masqués avaient lancé des pierres et des cocktail molotov.
Un autre manifestant, Fabian Urbina, 17 ans, touché par une balle après que la Garde nationale avait ouvert le feu dans un autre rassemblement, est décédé lundi 19 juin. Quatre militaires sont mis en cause par la justice pour ces deux cas, ont informé les autorités.
M. Maduro a dirigé samedi 24 juin une cérémonie militaire dans l'État de Carabobo aux côtés des chefs de l'armée, qui lui ont exprimé à nouveau leur "loyauté". S'exprimant devant les plus hauts gradés vendredi 23 juin, le président vénézuélien avait appelé à "faire en sorte" que "plus personne ne meure, jamais".
Dans son discours, M. Maduro avait aussi indirectement accusé les dirigeants de l'opposition de pousser à la violence : "Quels sont leurs objectifs ? Laisser la mèche allumée, et qu'il y ait un meurtre ici, un mort là ? C'est comme un compte-gouttes mortel", a-t-il accusé.
L'opposition, majoritaire au Parlement, a pour sa part appelé mardi 20 juin la population à ne plus reconnaître le gouvernement ni la convocation de l'Assemblée constituante initiée par le président.