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Le géant de la distribution Walmart a indiqué le 15 juillet qu'il rendait le masque obligatoire dans ses magasins aux États-Unis. |
Ils ne sont pas les premiers - Apple, Best Buy ou Starbucks l'ont fait avant eux - mais Walmart, a une place toute particulière dans la vie du pays où il symbolise le "heartland", l'Amérique "réelle", tandis que Kroger gère une myriade de chaînes de magasins régionales. La clientèle de Walmart pourrait ne pas apprécier. De fait, la protection faciale, désormais recommandée par les autorités sanitaires américaines longtemps hésitantes, est devenue hautement politique.
Début mai, un agent de sécurité est mort dans le Michigan après une altercation parce qu'un client refusait de porter un masque dans un magasin. Donald Trump lui-même n'avait jamais porté publiquement de masque jusqu'à samedi 18 juillet, quand il est apparu le visage couvert pour la première fois depuis le début de la pandémie dans un hôpital près de Washington.
Le président américain a contribué à faire de cet objet clé pour freiner la propagation du virus un symbole de division, en moquant par exemple ses adversaires politiques qui en portent. Il a même maintenu envers et contre tout un meeting électoral en Oklahoma, où le COVID-19 fait rage. Le gouverneur de l'État Kevin Stitt, présent au rassemblement, a annoncé mercredi 15 juillet qu'il se mettait en isolement parce qu'il a été testé positif.
Plusieurs scientifiques ont récemment mis en garde contre la transmission du COVID-19 par des particules suspendues dans l'air, et non seulement par la projection de gouttelettes (par la toux, l'éternuement et la parole) sur le visage d'autrui ou des surfaces. Même l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu qu'un tel mode de transmission "ne pouvait être exclu", notamment dans "certains endroits fermés, comme les lieux très fréquentés et mal aérés" et lorsque les gens y sont présents "pendant une longue durée de temps".
Cette hypothèse plaide en tout cas pour un usage très large du masque de protection. D'autant que la pandémie semble repartir de plus belle dans le sud des États-Unis, de la Californie à la Floride. Les dernières actualisations de modèles épidémiologiques prévoient encore une augmentation du nombre journalier de décès : de 136.000 morts officiellement recensés mercredi 15 juillet, le pays devrait atteindre 151.000 d'ici le 1er août et 157.000 le 8 août, selon la moyenne de modèles de 23 groupes de recherche aux États-Unis et ailleurs, publiée mardi 14 juillet. "Mais si 95% des Américains portaient des masques en sortant de chez eux, le nombre (de morts) baisserait de 40.000" d'ici novembre, écrit le centre de recherche IHME.
Les entreprises en faveur
Plusieurs acteurs du monde économique poussent aussi en ce sens. Le patron de la compagnie aérienne Delta a ainsi estimé mardi 14 juillet que pour permettre à l'activité de repartir, "il serait utile (...) que notre gouvernement fédéral renforce la nécessité de porter un masque, pas seulement lors des voyages en avion, mais dans la vie en général".
Le patron de la Réserve fédérale (Fed) de Dallas, Rob Kaplan, a aussi affirmé la semaine dernière que les États-Unis renoueraient plus rapidement avec la croissance si les Américains portaient tous un masque. La fédération américaine du secteur, la NRF, a rapidement réagi, espérant que la décision du plus gros groupe de distribution au monde représente "un tournant" dans ce débat sur la santé publique.
Expliquant reconnaître que "des mesures de précaution supplémentaires sont nécessaires pour protéger (le) pays", Kroger a emboîté le pas dans la journée. Pour éviter les tensions, Walmart prévoit de nommer des "ambassadeurs", identifiables à leur polo noir, "pour aborder les clients arrivant au magasin sans masque et essayer de trouver une solution". Ils seront aussi formés au fait qu'il peut exister des exceptions, notamment pour des raisons médicales.
Kroger veut pour sa part encourager les clients ne pouvant pas porter de masques à des alternatives comme des écrans en plastique ou les obligera à utiliser les services de commandes en ligne à livrer sur place ou à domicile.
AFP/VNA/CVN