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Luu Thi Thu Trang (droite) et Nguyên Thi Thanh Thuy avec leurs motos. |
Photo : TP/CVN |
Au Vietnam, les femmes sont peu représentées dans le sport moto. La course GP Feel the Speed 2018 a eu lieu le 4 février au Palais omnisports de Phú Tho, à Hô Chi Minh-Ville, avec la participation inédite de huit femmes pilotes. Un chiffre restant complètement modeste par rapport aux 200 participants.
Parmi ces huit sportives, la plus âgée et la plus expérimentée était Luu Thi Thu Trang, 27 ans. Bien que cette femme originaire de Dak Lak (hauts plateaux du Centre) ne pratique la course moto que depuis quatre ans, elle se classe régulièrement dans les favoris des grand-prix auxquels elle participe.
Une pure autodidacte
"J’ai commencé à pratiquer ce sport il y a quatre ans, après m’être installée à Hô Chi Minh-Ville. Dans les premiers temps, je ne faisais que des courses d’exhibition. Puis, en 2015, j’ai fait l’expérience des courses de motos à grande vitesse", se souvient Thu Trang.
Les débuts furent difficiles du fait d’un manque d’expériences et de son apprentissage purement autodidacte. Avec du temps et de la persévérance, elle est pourtant devenue une rivale de poids pour les autres compétiteurs.
"Je me suis entraînée seule, pas dans un cours professionnel, même si parfois, des pilotes expérimentés m’ont donné des conseils. Je me suis définitivement attachée à cette discipline après avoir remporté plusieurs podiums et premières places", confie-t-elle.
Thanh Thuy (gauche) et Thu Trang lors d’une séance d’entraînement. |
Photo : TP/CVN |
Arrivée sans un sou à Hô Chi Minh-Ville, la pilote avait dû exercer plusieurs petits boulots avant de découvrir son talent qui s’était déjà en partie manifesté quand elle enseignait le patin à roulettes aux enfants de la province de Binh Duong.
"Le patinage à roulettes et le sport moto ont des points communs. Ils exigent de la souplesse, de la vitesse et de l’endurance, estime Thu Trang. Les blessures ? Elles ont été nombreuses. Je suis tombée par terre quasiment à chaque séance d’entraînement. Heureusement, je n’ai pas encore subi de blessure grave".
Thu Trang se souvient très bien d’une compétition il y a deux ans où deux accidents spectaculaires lui sont arrivés successivement. Elle s’est tirée miraculeusement alors que les engins étaient complètement détruits.
Aujourd’hui, la pilote se permet d’investir dans deux motos de course et dans plusieurs accessoires de sécurité. Pour elle, la course est juste un passe-temps, l’argent gagné à chaque événement n’étant "pas suffisant pour acheter une paire de chaussures".
"Ma mère a beaucoup pleuré"
Nguyên Thi Thanh Thuy, 24 ans, est également une adepte du deux-roues. Même si elle a moins d’expériences que Thu Trang, elle a déjà fait parler d’elle lors de diverses compétitions. Travaillant dans le secteur de l’import-export, la jeune femme s’est investie dans le pilotage moto un peu par hasard après avoir fait la connaissance de son petit ami qui est un coureur professionnel.
"Hormis à l’école, je n’ai jamais fait de sport. Mais je suis passionnée par les motos de course. Je me suis familiarisée avec elles grâce à mes amis et j’ai décidé de me joindre à elles pour m’amuser", confie-t-elle.
Thanh Thuy est maintenant dans un groupe de coureurs entraînés par des instructeurs japonais. "Ils m’ont beaucoup appris, je ne me suis jamais entraînée aussi dur, mais c’est une chance pour moi de me mettre au défi", explique-t-elle.
Au Vietnam, il est compliqué de se lancer professionnellement dans le sport moto, l’opinion publique se montrant globalement frileuse à l’idée qu’une femme puisse pratiquer ce sport, considéré comme masculin. "Ma mère a beaucoup pleuré quand elle a entendu que je voulais courir. Je devais lui assurer que je ne courais que sur circuits, pas dans les rues. J’ai même dû lui cacher mes blessures", raconte la jeune femme.
Espérons que Thanh Thuy et Thu Trang apparaîtront comme des contre-exemples à ces idées reçues, permettant de faire évoluer dans le bon sens les mentalités dans ce domaine.