Ta Van Hiêu, artisan-cordonnier, rue Lê Thanh Tôn à Hô Chi Minh-Ville. |
Ils ont un frère qui s’appelle Phan Văn Nga (65 ans), qui, lui, répare des chaussures au marché Cây Quéo, dans l’arrondissement Binh Thanh. Leurs clients viennent de tous horizons : riches, pauvres, viêt kiêu et étrangers.
Hiêu a un travail fou, d’ailleurs, il dit toujours : «chaque année, je ne prends que 5 jours de congés pour le Têt».
Un beau-père passeur de talents
La famille de Hiêu et Ngoc est originaire de Saigon. Les trois frères comme les autres adolescents de leur génération n’ont connu que la guerre et ont servi sous les drapeaux.
À la fin de la guerre, qu’allaient-ils pouvoir bien faire sans véritable profession ?
C’est ainsi que Hoàng Van Hung, le beau-père de Hiêu, lui a appris le métier de cordonnier au coin de ces deux fameuses rues, là où il est toujours avec son frère.
Pendant la journée, Hiêu aidait son beau-père et le soir, il réparait d’autres paires chez lui. Grâce aux talents de son peau père, il est devenu à son tour et en quatre mois, un cordonnier professionnel. Ensuite, Hiêu a transmis ses connaissances à Ngoc et Nga pour qu’ils puissent gagner leur vie.
Hiêu a ainsi formé plus de 10 élèves. La rigueur est son point fort, tout comme la science du détail. Il aime donner confiance à ses clients et, chaque jour, il a eu de plus en plus de clients. Ses élèves successifs ont donc été très utiles pour lui.
Ainsi, depuis maintenant 35 ans, il connaît parfaitement la rue Lê Thanh Tôn, et ses fidèles clients.
Ta Van Ngoc, frère et assistant de Hiêu |
«Même pendant la saison des pluies, je suis assis ici. Il faudrait que je sois gravement malade pour ne pas m’installer ici comme chaque jour», a ajouté Hiêu.
Une vie stable et heureuse
Il vit actuellement avec sa femme et ses deux enfants dans une maison du 4e arrondissement. Qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve, il s’installe à 6h du matin, en venant à pied du 4e arrondissement au 1er arrondissement ! Le soir, vers 17h30, il fait le chemin inverse.
En plus des chaussures, il lui arrive de coudre de vieux sacs, des ceintures, des bracelets de montres...
Outre ses clients traditionnels, certains magasins de chaussures célèbres d’Hô Chi Minh-Ville, comme Gucci ou Milano, lui ont souvent envoyé des chaussures à réparer. «J’ai des clients qui m’apportent des chaussures très usées, en insistant pour que je les répare, car leurs chaussures représentent des souvenirs pour eux» a précisé Hiêu. Grâce à ses talents quotidiens, Hiêu a pu nourrir toute sa famille et prendre soin de ses deux enfants pour leur assurer la réussite scolaire.
Plusieurs fois, sa femme et ses enfants lui ont conseillé de se reposer, vu son âge avancé, mais il a toujours refusé de les écouter. «Je suis encore en bonne santé et habitué à travailler. Si je restais à la maison, ce serait bien trop triste et une partie de ma vie, c’est mon coin de rue et le tumulte du trafic» a-t-il conclu.