Dernière ligne droite avant la conférence de Paris sur le climat

À six semaines de la conférence de Paris sur le climat, 195 pays entament le 19 octobre une dernière semaine de négociation avec un "sentiment d'urgence" et une mission : avancer sur le texte d'un accord mondial pour freiner le réchauffement de la planète.

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Les premières heures de cette ultime session à Bonn, siège de la Convention de l'ONU sur les changements climatiques (CNUCC), vont donner le ton.

Comment les pays vont-ils accueillir l'ébauche d'accord proposée il y a quelques jours par les deux coprésidents des débats ? et les promesses financières pour soutenir l'action climatique des pays en développement, issues des récentes réunions FMI-Banque mondiale ?

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à l'ouverture de la confrence "Climat et Défense", le 14 octobre à Paris

"Cette session est la dernière avant la COP21", prévue du 30 novembre au 11 décembre à Paris, ont rappelé dans une note les coprésidents, l'Algérien Ahmed Djoghlaf et l'Américain Daniel Reifsnyder.

"Devant le manque de temps et le sentiment partagé qu'il y a urgence (...), nous appelons toutes les parties à venir en étant prêtes à engager la négociation sur la base du texte, afin de pouvoir produire le brouillon d'accord à finaliser pendant la COP".

Après une courte séance d'ouverture le 19 octobre, les délégués se mettront immédiatement au travail jusqu'à 21h00 chaque soir. Sur la table, un texte ramené de 80 à 20 pages, plus lisible, concocté, rappellent les deux coprésidents, à la demande des pays eux-mêmes.

Mais ce projet amputé suscite déjà des réserves et pourrait entraîner des demandes d'amendements, notamment du Groupe dit des 77 (133 pays en développement + Chine).

"Il faut souhaiter que les pays acceptent de discuter sur cette base", a souligné le 16 octobre le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Le futur président de la COP21, censée accoucher du premier accord universel destiné à contenir les gaz à effet de serre, pour l'essentiel liés à la combustion d'énergies fossiles, a appelé à "mettre à profit ces quelques jours pour avancer fortement".

"De quoi se bagarrer"

"Il y aura de quoi se bagarrer pendant cette réunion", relève Alden Meyer, de l'organisation américaine Union of Concerned Scientists. "Ce que les négociateurs doivent faire à Bonn, c'est s'assurer que le texte reflète toutes les options, mais suffisamment réduites pour être gérables par les ministres" à la conférence de Paris.

À ce stade, 150 États ont remis à l'ONU leur "contribution" pour réduire leurs gaz à effet de serre (GES) à horizon 2025-2030 (dernier en date, l'Ouganda, vendredi), en vue de la conférence de Paris.

Cette participation forte, voire inespérée, réjouit les promoteurs d'un accord. Mais l'ensemble de ces promesses met encore la terre sur une trajectoire de "2,7°C voire 3°. C'est mieux que les +4 à 5° qui s'annoncent si rien n'est fait, mais on est encore loin de l'objectif de 2° que s'est fixé la communauté internationale. Au-delà de ce seuil, la science promet une multiplication d'événements extrêmes et des conséquences irréversibles sur les espèces, les océans et les économies.

En outre, beaucoup de pays en développement exigent un soutien financier et technologique pour réduire leurs émissions mais aussi faire face aux impacts qu'ils ressentent déjà.

Particulièrement attendue : la concrétisation de la promesse, faite en 2009, de 100 milliards d'aide climatique annuelle des pays du nord pour les pays du sud d'ici 2020.

Plusieurs annonces ont été faites récemment, devant l'ONU et à la réunion financière qui s'est tenue à Lima : des rallonges ont été promises par des institutions financières, des pays comme la France ou le Royaume Uni. Cela suffira-t-il à rassurer les pays en voie de développement, en l'absence d'une feuille de route précise d'ici 2020?

Pour autant, de sommets bilatéraux en réunions à l'ONU en passant par les déclarations des certains milieux financiers en faveur du développement d'économies "bas-carbone", ces dernières semaines ont fait avancer le débat climatique, faisant souffler un vent d'optimisme mesuré.

Les deux principaux pollueurs mondiaux, la Chine et les États-Unis, se sont en particulier accordés sur la nécessité d'accroître "sur la durée" les ambitions en matière de réduction des GES.

Les négociateurs ont dans les tuyaux un mécanisme de révision des efforts à la hausse. Mais là encore, reste à déterminer sa nature et son caractère contraignant.

AFP/VNA/CVN

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