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Le président français Emmanuel Macron au palais de l'Élysée à Paris, le 7 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quand le Premier ministre Jean Castex apportera-t-il sa lettre de démission au chef de l'État ? Ni l'Élysée ni Matignon n'ont donné d'indication, alors que rien ne l'oblige constitutionnellement à quitter son poste avant le coup d'envoi du second quinquennat.
Ce week-end, Jean Castex a un dernier déplacement à son agenda : conduire la délégation française pour la canonisation dimanche au Vatican de l'explorateur puis ermite Charles de Foucauld.
Dès lors, le scénario d'un départ en début de semaine prochaine semble se dessiner. "La démission interviendra lundi (16 mai)", croit savoir un responsable de la majorité.
Reste ensuite à savoir si son successeur sera nommé dans la foulée et dans quel délai la nouvelle équipe gouvernementale sera formée.
En attendant, Jean Castex a fait ses adieux au personnel de Matignon mercredi, puis jeudi soir aux ministres, conviés à un buffet dans les jardins avec leurs conjoints.
"N'oubliez jamais que nous ne sommes que des serviteurs ! L'action politique est une action collective. Les ambitions sont légitimes mais elles ne valent que si elles sont au service du collectif", a-t-il dit, selon un participant, aux ministres qui lui ont offert une ovation debout et un maillot de rugby.
Le futur chef du gouvernement - une femme a priori, selon des confidences de proches du président - devrait donc être à pied d'œuvre pour un premier Conseil des ministres mercredi, 18 mai ou les jours suivants.
Un "techno" à Matignon ?
Mais, dans l'absolu, tout est possible, d'autant plus que le chef de l'État se pose toujours volontiers en "maître des horloges" et du suspense.
"C'est une coutume, une tradition républicaine qui veut que le Premier ministre présente sa démission lorsqu'un nouveau président de la République est élu. Il n'y est pas obligé mais c'est une tradition républicaine", explique Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.
En cas de réélection, il peut le faire dès le lendemain du scrutin - c'est le cas au sortir d'une cohabitation - ou au début du nouveau mandat.
En théorie, le Premier ministre peut aussi expédier les affaires courantes jusqu'aux législatives des 12 et 19 juin.
Il remettra alors sa démission au président au lendemain du scrutin. "Ce n'est pas une règle écrite, mais c'est l'usage qui a toujours été respecté depuis 1958", note le constitutionnaliste, en rappelant le précédent de Georges Pompidou après la réélection du général de Gaulle en 1965.
Emmanuel Macron a assuré lundi 9 mai à Berlin qu'il savait déjà qui serait son prochain Premier ministre, doté selon lui d'un profil "social", "écologique" et "productif".
Les présidents de la Ve république. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La ministre du Travail Elisabeth Borne, la directrice générale de l'UNESCO Audrey Azoulay, l'ex-ministre socialiste des Affaires sociales Marisol Touraine.... Plusieurs noms au profil "techno" circulent.
"La partie n'est pas jouée même si les +techno+ tiennent la corde", assure un ténor de la majorité, qui plaide pour un Premier ministre plus politique à l'approche des législatives.
Certains appellent le chef de l'État à ne plus tarder alors que les forces de gauche, réunies derrière Jean-Luc Mélenchon, occupent le devant de la scène en ce début de campagne.
"Nommer plus tard le Premier ministre peut permettre d'avoir un petit effet de souffle à l'annonce du nouveau gouvernement", estime Benjamin Morel, maître de conférence en droit public à l'université Paris 2.
"Mais vous ne renverserez pas la table" si le choix se porte sur "des personnalités assez peu marquantes dans l'opinion", met-il en garde.
Durant la semaine, Emmanuel Macron a partagé son temps entre la préparation du second quinquennat et de nombreux appels avec les dirigeants étrangers, qui tenaient à le féliciter pour sa réélection.
Après un long échange mardi 10 mai avec le président chinois Xi Jinping, il a notamment parlé avec les dirigeants de l'Union africaine, son homologue ivoirien Alassane Ouattara et le Premier ministre irakien Moustafa Al-Kazimi. Sans oublier le Premier ministre canadien Justin Trudeau, avec lequel il a réaffirmé "l'attachement à l'étroite coordination qui prévaut depuis le début du conflit en Ukraine entre partenaires du G7".