>>Les médicaments contre l'hépatite C peuvent réactiver la B
Un enfant reçoit une dose d'Uvesterol D avec une pipette à Bordeaux le 4 janvier. Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Uvestérol D, ce médicament largement prescrit aux nourrissons pour prévenir la carence en vitamine D, se présente en flacon dont on extrait la dose à donner avec une pipette.
Une procédure de suspension a été lancée le 4 janvier, après le décès d'un nouveau-né en "lien probable" avec une prise du médicament, commercialisé par le laboratoire Crinex depuis 1990. Si aucun décès n'avait été jusque-là déploré, plusieurs incidents graves (malaises avec apnée, "fausses routes"...) avaient été signalés, liés à ce mode d'administration par pipette doseuse, valant au produit "une surveillance renforcée" depuis 2006.
Après plusieurs mises en garde de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), Crinex avait modifié sa pipette en 2006, en plaçant les trous sur le côté, et reformulé le produit en 2014, désormais plus concentré afin que le volume à administrer soit plus faible.
Insuffisant pour la revue médicale Prescrire, pour qui "aucun élément tangible" ne prouve "que ces changements réduisent le risque": elle estime que la décision de suspension "aurait dû être prise depuis des années".
L'Uvestérol ADEC également concerné
Ce médicament commercialisé par le même laboratoire, qui combine plusieurs vitamines, est administré avec la même pipette et a fait l'objet des mêmes signalements que l'Uvestérol D.
"Si c'est une fausse route liée à la pipette, pourquoi l'Uvestérol ADEC n'est pas concerné (par l'actuelle procédure de suspension)?", s'étonne un pharmacien de la région bordelaise interrogé par l'AFP.
L'utilisation de l'Uvestérol ADEC est plus restreinte, explique l'ANSM : chez les prématurés et les nourrissons présentant un risque de déficit ou de mauvaise absorption des vitamines A, D, E et C - par exemple en cas d'insuffisance pancréatique. De plus, contrairement à l'Uvestérol D, il n'existe pas d'alternative pour ce produit, ajoute l'agence. Aussi, "l'Uverstérol ADEC a un bénéfice qui continue à être supérieur au risque, bien que le mode d'administration soit le même".
Ce produit, "utile dans différentes situations cliniques précises", "restera donc sous forme de réserve hospitalière", c'est-à-dire utilisable seulement à l'hôpital, indique que son côté la direction générale de la santé (DGS, ministère de la Santé), dans un message diffusé le 4 janvier aux médecins.
AFP/VNA/CVN