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Hubert Auriol, porté en triomphe par les concurrents du rallye-raid Paris - Dakar, le 21 janvier 2001 à l'issue de l'épreuve dans la capitale sénégalaise. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En milieu d'après-midi, alors que la lumière commençait à décliner, les concurrents sont arrivés en chapelet à Sakaka dans le Nord de l'Arabie saoudite, pour déposer leurs véhicules dans le parc fermé qui sert aussi de garage à l'occasion des 7e et 8e étapes qui s'enchaînent. Pendant que les pilotes et les copilotes travaillaient sur leurs machines derrière des barrières, ceux qui ont connu Hubert Auriol ont pris le temps d'évoquer sa mémoire.
"Si je suis ici, sur ce rallye, c'est grâce à ce que j'ai vu, à ce que faisait Hubert à la grande époque avec Cyril Neveu", raconte Stéphane Peterhansel, 13 fois vainqueur du Dakar (six fois en moto, sept en auto). "Pour moi ça a toujours été un modèle de classe et d'intelligence. On se souvient qu'il a eu ce parcours en moto, puis qu'il a arrêté le deux-roues, sur cette blessure, les fractures des deux chevilles, pour passer en voiture et finalement s'imposer", ajoute-t-il.
Peterhansel est l'un des rares à s'être imposé dans les deux catégories, à l'image justement, d'Hubert Auriol, le premier à avoir réussi à doubler moto et auto victorieusement (moto en 1981 et 1983, auto en 1992).
"C'était un grand monsieur, toujours le sourire, même dans les moments les plus durs, il gardait le moral, il était fort, c'est vraiment triste pour le monde du rallye raid, c'est triste pour le Dakar. Je pense bien sûr à ses proches", poursuit celui que l'on surnomme "Monsieur Dakar" en raison de son palmarès.
L'héritage des malles-moto
Dans le paddock 2021, ils ne sont pas très nombreux ceux qui l'ont vraiment connu. Parmi eux, Cyril Despres, cinq fois vainqueur en moto, qui fait équipe depuis l'année dernière avec Mike Horn, l'aventurier sud-africain, sur quatre roues : "Il nous a fait rêver. J'ai eu mon premier guidon officiel chez BMW et la première fois que je suis arrivé à Munich, chez BMW, il y a avait les motos d'Hubert. Ca m'a marqué".
Celui qui roule cette année pour un projet de véhicule à hydrogène continue d'évoquer "ce grand monsieur" : "Bien sûr j'aimerais bien faire comme lui. Mais mettre mon nom au palmarès motos c'était déjà inespéré, alors l'ajouter à celui des autos ce serait un rêve. Mais tout le monde n'est pas Hubert Auriol ou Stéphane Peterhansel. On a juste le drapeau français sur nos combinaisons ou nos voitures et on est d'anciens motards, mais la comparaison s'arrête là".
David Castera, patron actuel de ce Dakar qu'Auriol a dirigé pendant neuf ans (1995-2004), évoque "un homme qui lui a montré la voie et l'a inspiré". Il était venu voir la nouvelle formule mise en place par le Béarnais, ancien motard comme lui, en Arabie saoudite en 2020.
"L'année dernière, c'était un peu la passation, il était venu une journée entière dans l'hélico avec moi. C'est vrai que c'est un choc", confie Castera, ému.
Chez ASO, les organisateurs du Dakar moderne, on le reconnaît volontiers : l'empreinte d'Hubert Auriol est indélébile. "C'est lui qui a créé les malles-moto. Cette catégorie de motards qui roulent sans assistance, avec seulement le contenu d'une malle pour leurs affaires personnelles et les pièces de rechange pour leur moto. Il a toujours conservé une affection particulière pour les amateurs en moto", explique Yann Le Moenner, le directeur général. La catégorie s'appelle désormais "originals" mais elle existe toujours.
"C'est un frère qui s'en va", a résumé l'Espagnol Nani Roma, seul autre pilote de l'histoire (avec Peterhansel et Auriol, donc) à avoir remporté le Dakar en auto et en moto.