Débat sur les cultures génétiquement modifiées

Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR) a officiellement autorisé la culture massive de quatre variétés de maïs génétiquement modifié (GM) au Vietnam. Ces dernières sont destinées aussi bien à l’homme qu’au bétail. Jusqu'à présent, les opinions des scientifiques vietnamiens diffèrent à ce sujet.

En août dernier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Cao Duc Phat, a signé un rapport autorisant la mise en circulation de quatre variétés de maïs génétiquement modifié. Ces variétés sont : la MON 89034 et la NK603, de la sarl Dekalb Vietnam (Monsanto) ; la Bt 11 et la MIR162, de la sarl Syngenta Vietnam. Cette décision vise à restructurer le secteur agricole. Elle a également pour but de réduire le coût des importations des matières premières destinées à l’alimentation animale.

Les arguments en faveur de ce projet

Les cultures GM permettent d’augmenter la productivité et représentent un avantage économique pour les agriculteurs

Les scientifiques en faveur de ce projet soutiennent que les cultures GM permettent d’augmenter la productivité et représentent un avantage économique pour les agriculteurs. Les cultures GM aident également les agriculteurs à réduire l'usage de pesticides, ce qui contribue à la protection de la biodiversité et au respect de l’environnement.

"Dans le delta du Mékong, une nouvelle variété de riz transgénique a été créée avec de bonnes caractéristiques, comme les antioxydants. Il est facile à cultiver, est riche en zinc et en fer, et résiste aux pesticides... Si cette variété de riz est cultivée à grande échelle, la productivité et l'efficacité économique seront améliorées. Par conséquent, nous devrions privilégier la sélection de bons gènes afin de créer de meilleures plantes transgéniques", indique le professeur Nguyên Lân Dung, président de l’Association de la biologie du Vietnam.

Dans le monde, 27 pays (dont 19 pays industrialisés et 8 pays en voie de développement) utilisent des produits transgéniques dans la production alimentaire et dans la vie quotidienne. Plus de 4 milliards de personnes, dont beaucoup de pauvres, profitent des avantages des aliments génétiquement modifiés.

«Les aliments GM ne sont pas toxiques et ne causent pas de danger pour l’homme. Ces aliments ont été testés et autorisés à l’utilisation. Le risque d’allergie alimentaire est très faible. Les chercheurs mènent des études afin de palier à ce problème», déclare M. Dung.

Selon l'Institut de génétique agricole du Vietnam, il existe dans le monde 11 pays cultivant des plantes transgéniques. Des académies aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en Australie… et des organisations scientifiques, surveillent strictement la production des aliments transgéniques. Ce processus de contrôle est extrêmement rigoureux, afin de cultiver des produits sains, durables et sans effet secondaire.

Selon le MADR, le Vietnam a élaboré un cadre juridique complet pour évaluer la biosécurité. Récemment, le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement a émis une circulaire évaluant la biosécurité des cultures GM. Ce dernier a également convoqué une réunion du Conseil de la biosécurité, dans le but d’évaluer les cultures GM. Ceci est une voie ouverte aux cultures GM.

Selon Lê Ba Lich, président de l’Association des aliments d’élevage, les cultures GM permettent de réduire les importations des matières premières destinées à l’alimentation animale. Chaque année, le Vietnam importe environ 4 millions de tonnes de soja et près de 2 millions de tonnes de maïs, principalement d'Argentine, des États-Unis et d'Inde, où les cultures génétiquement modifiées sont massives. Ainsi, le pays doit intensivement développer les cultures GM, afin de diminuer sa dépendance vis-à-vis de l’étranger. Cela permettrait également aux agriculteurs de palier à leurs difficultés économiques, face à des coûts d’importation élevés.

Les arguments contre ce projet

Chaque année, le Vietnam importe environ 2 millions de tonnes de maïs.
Photo : Thanh Hà/VNA/CVN

Selon les scientifiques s’opposant aux cultures GM, le Vietnam doit dans un premier temps étudier sérieusement ce projet et montrer l’impact des plantes transgéniques avant de les cultiver massivement. Il faut également analyser les intérêts économiques. En outre, l'impact des cultures transgéniques sur la santé est très discuté.

«Les variétés de maïs autorisées par le MARD sont résistantes aux herbicides et leur productivité est légèrement plus élevée que celle du maïs traditionnel. Il faut donc peser le pour et le contre avant de les cultiver à grande échelle, afin d’éviter la dépendance aux semences et de limiter l’importation d’herbicides», souligne le professeur Trân Dinh Long, président des variétés végétales du Vietnam.

Quant aux cultures GM dans le monde, selon M. Long, il existe des avis contradictoires. Certains pays autorisent les cultures à grande échelle. Dans d’autres, elles sont absolument interdites. En France et au Japon en particulier, la culture et l’importation d’aliments GM sont interdites. Pour ces différentes raisons, le Vietnam doit réfléchir sérieusement. D'une part, le pays ne devrait pas se précipiter vers des cultures massives. D’autre part, des études doivent être mises en place dans le but de créer des variétés propres au Vietnam. Tout cela pourrait par la suite déboucher sur la mise en place de cultures à grande échelle.

L’Association des sciences et des technologies alimentaires du Vietnam vient de publier un rapport sur l’état des aliments génétiquement modifiés. Selon ce dernier, la croissance des cultures transgéniques dans le monde est en baisse. Au Vietnam, en 2012, le MARD a incité la culture massive de maïs transgénique. Celle-ci est toujours possible jusqu’en 2015.

De nombreux pays européens, comme la France, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse... ont interdit la culture et l’importation de produits alimentaires génétiquement modifiés. La Thaïlande a accepté la vente d’aliments génétiquement modifiés sur le marché. Les médias doivent néanmoins diffuser les informations exactes sur ces derniers.

Duy Minh/CVN

 

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