De Tu Thuc à Tú Uyên, toujours un amour de fée !

Nous avions quitté Tu Thuc en plein bonheur le jour de son mariage avec la fée Giáng Huong mais aussi envahi de regrets le jour de leur séparation éternelle. Les légendes suivent leurs cours… Découvrons-en une autre à présent !

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L’histoire de Tú Uyên et Giáng Kiêu raconte l’amour d’un homme et d’une fée.
Photo : CTV/CVN

Il était une fois, sous la dynastie des Trân (1225-1400), Trân Tú Uyên, un étudiant vivant dans le quartier de Bích Câu, au sud de la capitale de Thang Long (Hanoï aujourd’hui).

Un jour, après avoir assisté à une fête de pagode, il rentrait seul, lentement, quand il vit tomber devant lui, une feuille qui portait des caractères. Il se pencha : c’étaient des vers d’invitation à une de ces joutes poétiques et amoureuses qui étaient de tradition autrefois. Levant les yeux, il aperçut, debout au pied de l’arbre, une jeune fille d’une beauté surprenante. Il répondit aux vers, et tous deux, en marchant, rivalisèrent d’adresse dans les chants alternés.

Au bout d’un moment, la jeune fille disparut soudainement. Tú Uyên comprit alors qu’il venait de rencontrer une fée. Longtemps, il resta rêveur sans pouvoir se décider à poursuivre son chemin.

Un mystérieux portrait

À partir de ce jour, il ne cessa de penser à cette rencontre. Il négligea de dormir et de se nourrir. En un mot, il fut atteint de langueur d’amour, ce mal que rien ne guérit. Mais Tú Uyên se rappela les célèbres oracles du temple du Blanc coursier, consacré au Génie de la rivière Tô Lich. Il s’y rendit un soir, se prosterna et fit des prières. Il s’endormit dans le temple. Un vieillard aux cheveux blancs flottant au vent, appuyé sur un bâton de bambou noueux, lui apparut en rêve et lui dit : "Demain matin, allez au Pont de l’Est et vous trouverez ce que vous cherchez !".

Tú Uyên ne se sentit plus de joie et se réveilla. L’aube pointait déjà. Il courut à l’endroit indiqué, mais n’y trouva personne. Il attendit longtemps. Sur le point de s’en aller, il vit un vieillard qui vendait des images. Tú Uyên les regarda et découvrit le portrait fidèle de la jeune fille qu’il avait rencontrée. Il l’acheta et le suspendit dans sa chambre. Il put enfin chasser son incurable tristesse et se remettre au travail.

À chaque repas, il posait deux bols, avec deux paires de baguettes et ne se servait point sans avoir invité la jeune fille du portrait, tout comme un mari avec sa femme. Un jour, le jeune étudiant crût voir l’image sourire en réponse à son invitation énamourée. Le lendemain, quand il revient de chez son maître, le repas était servi.

Vous rencontrerez peut-être des fées, ici, au temple de Tú Uyên, à Hanoï !
Photo : CTV/CVN

Quand il y goûta, tout lui parut exquis. Le jour suivant, il fit semblant de sortir comme d’ordinaire et rentra à l’improviste. Il surprit alors la jeune fée, sortie de son portrait, en train de se parer. Elle dit, sans lever les yeux : "Mon nom est Giáng Kiêu et j’habitais au Palais des fées. Il y a dans votre famille, une grande source de bonheur prédestiné, ce qui a permis notre première rencontre. Puis, quand la Reine des fées a vu que vous n’arriviez pas à m’oublier, elle m’a autorisée à descendre pour tenir votre maison". Pour la garder auprès de lui, Tú Uyên prit le portrait et le déchira.

Un amour immortel

Giáng Kiêu retira alors une épingle de ses cheveux et fit apparaître un palais, avec un mobilier somptueux et une foule de serviteurs. Il y eut un grand festin et les fées amies descendirent pour assister au mariage. La vie de Tú Uyên fut sans histoire. Ils eurent un fils qui réussit brillamment ses études et quand il approcha de l’âge d’homme, Giáng Kiêu dit à son mari : "En ce bas monde, une vie ne dure pas 100 ans. Votre nom est inscrit au Livre des Immortels. Montons au Royaume d’en haut !". Elle remit une amulette à Tú Uyên et deux grues descendirent du Ciel pour les emporter. Avant de s’envoler, ils se retournèrent et dirent à leur fils : "Attends-nous ici ! Nous reviendrons te chercher".

Depuis, les siècles ont passé, et nul ne sait si le fils de Tú Uyên a rejoint ses parents, mais les habitants ont bâti un temple à l’endroit où s’élevait la maison de Tú Uyên pour lui rendre un culte. Aujourd’hui, le Pont de l’Est n’existe plus mais un petit temple consacré à Tú Uyên se trouve dans le quartier de Cát Linh, dans l’arrondissement de Đông Đa, à Hanoï. Et sans doute, la nuit venue, des fées descendent-elles encore pour y composer des vers.

Il n’y a pas que les fées qui nourrissent l’imaginaire des contes et légendes du Vietnam. D’autres personnages y ont aussi une place importante. Ainsi en est-il des mandarins, comme le montreront les histoires suivantes.


Ông Ngoai/CVN

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