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Une des roches gravées récemment découvertes dans la commune de Lao Chai, district de Mù Cang Chai, province de Yên Bái (Nord). |
Lors d’une récente mission de terrain, des experts du Musée provincial de Yên Bái et de la commune de Lao Chai, district de Mù Cang Chai, ont découvert dans les villages de Hú Trù Linh et Xéo Dì Hô B des dessins représentant des rizières en terrasses gravés sur six rochers, dont deux à ciel ouvert. D’autres pétroglyphes gravés d’images de couteaux, becs d’oiseau et ruisseaux y ont été également mis au jour.
Parmi les deux surfaces rocheuses à ciel ouvert, la première est en forme de carapace de tortue, d’une dimension de 2,8 m de haut, 3,7 m de long et 2,6 m de large. La deuxième, située à 200 m de la première et qui mesure 3,5 m de long sur 1,4 m de large et 1,3 m de haut, prend la forme d’un dos du buffle. Elles sont entièrement recouvertes de pétroglyphes détaillés et soignés de rizières en terrasses qui font de ces rochers des objets archéologiques remarquables.
En 2015, le Musée provincial de Yên Bái avait effectué la première phase de recherche dans deux villages, Tà Ghênh et Hông Nhi Pa, de la commune de Lao Chai, permettant de découvrir des gravures en forme de rizières en terrasses sur six rochers. Ce qui avait poussé les experts à partir faire des fouilles vers le sud-ouest de Lao Chai en 2020.
Pierres mystérieuses
Selon le directeur adjoint du musée, Lý Kim Khoa, les roches découvertes sont relativement proches les unes des autres. Elles se situent soit sur le flanc de montagnes, à proximité des ruisseaux, soit sous terre. La plupart avaient été préalablement révélées par des H’mông alors qu’ils faisaient des travaux agricoles.
Rizières en terrasses à Mù Cang Chai, province de Yên Bái (Nord). |
Photo : VNA/CVN |
Les membres de cette ethnie montagnarde leur confèrent des propriétés sacrées, nécessitant ainsi leur préservation. C’est sûrement pour cette raison que les pétroglyphes sont quasiment intacts, sans impact anthropique. Des villageois y apportent parfois des offrandes pour chasser les mauvais esprits et prier pour de bonnes récoltes. Bien protégées, ces roches gravées sont toujours en bon état.
Les travaux de Cu Hoà Vân et du Professeur Hoàng Nam sur les H’mông ont permis d’estimer que cette ethnie minoritaire se serait installée dans les zones montagneuses du Nord-Est du Vietnam il y a plus de 450 ans.
Les experts confirment que celle-ci y a créé la riziculture en terrasses. Mais personne ne sait en réalité si les H’mông sont les auteurs de ces pétroglyphes. Si cette hypothèse est vraie, il restera difficilement possible de déterminer la fonction de ces gravures. Permettaient-elles, par exemple, de mesurer l’étendue de leurs terrasses, de réaliser des cadastres ou de transmettre des connaissances sur la riziculture aux générations suivantes ? Pourquoi et comment leurs auteurs les gravaient si soigneusement ? Ces questions restent des mystères à découvrir pour les archéologues, notamment sur les activités agricoles des anciens habitants de ces montagnes.
Découverte touristique
Dans les temps à venir, le Musée provincial de Yên Bái travaillera avec des archéologues, historiens et ethnographes afin d’élargir ses recherches dans d’autres villages de Lao Chai. Une fois les enquêtes terminées, les experts cartographieront les positions exactes de toutes les roches découvertes. Par la suite, le Service provincial de la culture, des sports et du tourisme établira un dossier afin d’introduire ces sites aux programmes de découverte touristique des rizières en terrasses de Mù Cang Chai, en visant la protection de ces sites originaux en lien avec le développement de l'"industrie sans fumée" locale.
patrimoine national spécial
L’histoire des rizières en terrasses est étroitement liée à celle des ethnies minoritaires qui peuplent les régions montagneuses du Nord du Vietnam et qui ont taillé à flanc de montagne des champs en escaliers interminables.
Les rizières en terrasses du district de Mù Cang Chai font partie des plus connues et des plus appréciées grâce à leurs décors gigantesques et époustouflants, notamment pendant les moissons dorées. Couvrant plus de 2.200 ha, elles s’étendent sur trois communes : La Pán Tân, Chê Cu Nha et Dê Xu Phinh. Il s’agit d’une destination qui séduit un nombre croissant de touristes et photographes.
Le 31 décembre 2019, les rizières en terrasses de Mù Cang Chai sont entrées dans la liste des "patrimoines nationaux spéciaux", reconnaissant ainsi officiellement le travail prodigieux des ethnies minoritaires dans le façonnage des magnifiques paysages septentrionaux du pays.