Histoire de jupes et de pantalons

Dans les années 1990, les jupes et pantalons en crêpe ou en satin noir à l’occidental rayonnaient dans les grandes villes et provinces vietnamiennes. Ils ont rencontré un succès grandissant auprès des femmes.

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La mode des années 1990 est marquée par des pantalons à l’occidental.
Photo : Doi Kuro/CVN

En 1993, les jupes à l’occidentale fleurissent à Hanoï avec une telle profusion qu’au quartier chic de la cité, on se croirait perdu dans quelque coin d’Europe. Au début des années 1990, nombre de citadines ont adopté le jean ou le T-shirt mais la blouse et le pantalon noir étaient de règle, pour le travail comme pour les loisirs.

Dans l’ensemble, une seule amélioration par rapport au temps de guerre, la blouse a remplacé le kaki militaire, on a troqué le bleu ouvrier ou le blanc classique contre les tons chauds de l’arc-en-ciel et les fleurs flamboyantes du tissu imprimé.

L’austérité vestimentaire a fait son temps. Le pantalon noir, dernier vestige du costume féminin traditionnel, ne résiste plus que chez les femmes d’un certain âge. Le pantalon adopte délibérément les indiennes, exhibant des jambes collantes ou bouffantes.

Au début des années 1990, nombre de citadines ont adopté le jean ou le T-shirt.
Photo : CTV/CVN

Parfois, il revient au blanc pour s’harmoniser avec le séduisant áo dài, "robe longue" aux pans flottants, qui moule à merveille le corps svelte des femmes vietnamiennes. Cette dernière fut une création d’artistes sortis de l’École supérieure des beaux-arts d’Indochine qui ont modernisé (style dit Lemur) dans les années 1930 l’ancienne tunique tonkinoise à quatre pans ou la tunique aristocratique de Huê.

Vitalité de la mode

Vers les années 1920-1930, les Hanoïennes ont abandonné la jupe paysanne pour porter le pantalon en crêpe ou en satin noir. Les plus "in the newest fashion" arboraient franchement le pantalon blanc en soie ou en lin, ce dernier étant considéré au début comme l’apanage des "geishas" de la rue Khâm Thiên.

Le pantalon noir étaient de règle, pour le travail comme pour les loisirs.
Photo : ST/CVN

Revenons aux jupes. Autrefois, la femme vietnamienne ne portait que la jupe. Au XVe siècle, les Ming occupant le pays ont voulu pratiquer une politique de sinisation radicale. Ils ont obligé le peuple conquis à s’habiller à la chinoise, les femmes devant renoncer à la jupe pour porter le pantalon. La résistance culturelle a fini par sauver la jupe.

En 1665, le roi Lê Huyên Tông interdit aux femmes de porter ceintures et pantalons.

Mais en 1828, le roi Ming Mang (qui régna de 1820 à 1840) interdit le port de la jupe. Une chanson populaire de l’époque disait : "Au 8e mois lunaire, un édit royal frappe les gens de stupeur, Il est interdit de porter le pantalon sans fond. Si je ne vais pas au marché, il n’y aura pas assez de monde, Si j’y vais, je dois prendre le pantalon à mon mari, quelle pitié !"

Ce que n’a pu faire ni le colonialisme chinois, ni le despotisme indigène, la mode l’a fait. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, le pantalon féminin a régné en ville et à la campagne. Mais la jupe revient à la charge grâce aux copies de Dior, Cardin, Chanel…

Huu Ngoc/CVN
(Octobre 1993)

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