De la viande ou du soja: le débat divise aux États-Unis

Un burger de soja peut-il être qualifié de "viande" et vendu au rayon boucherie? Et quid des steaks créés en laboratoire à partir de cellules animales? Les partisans de ces innovations culinaires l’affirment, au grand dam des éleveurs américains qui tentent de riposter.

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Préparation des hamburgers biologiques au marché fermier à Washington.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le nom d’un aliment répond à deux questions, remarque Jessica Almy de The Good Food Institute, une association américaine qui promeut des solutions alternatives à la viande conventionnelle. D’abord, quelle est sa composition et, à ce titre, il faut être très clair sur les emballages, affirme-t-elle. Ensuite, quel est son rôle dans l’assiette? Un burger par exemple est un aliment posé sur un petit pain rond qu’on peut agrémenter de moutarde ou ketchup, peu importe la nature ou l’origine de l’aliment.

Quant aux produits fabriqués en laboratoire à partir de cellules animales, c’est de la viande pure qu’on ne pourrait appeler autrement, assure Mme Almy. Faux, rétorquent les éleveurs: le mot viande doit être réservé à la chair d’un animal né, élevé et abattu de façon traditionnelle. L’Association des éleveurs bovins américains (United States Catllemen’s Association - USCA) a déposé en février dernier une pétition en ce sens auprès du ministère américain de l’Agriculture.

Les éleveurs ne veulent surtout pas vivre l’expérience des producteurs laitiers qui ont assisté, impuissants, à l’essor des boissons végétales. Vendues aux côtés du lait de vache, les briques de laits de soja, d’amande ou d’avoine, à base d’eau, représentent désormais plus de 10% des ventes de cette catégorie.

Qui doit réglementer?

"On a commencé à voir arriver dans les rayons viande des supermarchés des produits dont l’emballage et la présentation peuvent faire croire aux consommateurs qu’il s’agit d’une version plus saine de la viande traditionnelle ou même de viande pure et simple, remarque Lia Biondo de l’USCA. On essaie de prendre les devants".

Pour l’instant, les produits alternatifs à la viande ne représentent qu’une part infime des ventes de produits carnés aux États-Unis. Mais leur popularité est grandissante et ils ne sont plus uniquement relégués au rayon réservé aux végétariens. Des start-up proposent des produits dont le goût, la texture et l’odeur ressemblent à s’y méprendre à ceux de la viande. Et peut-être bientôt des aliments synthétiques à base de cellules animales. Ces derniers ne sont pas encore commercialisés mais pourraient arriver sur les étals dans les cinq prochaines années. Les associations d’agriculteurs ne plébiscitent pas la pétition de l’USCA.

Ainsi, le Farm Bureau, l’un des deux plus grands syndicats agricoles américains, soutient le texte sur le principe, mais diverge sur la méthode. "Si ces produits ne sont plus appelés +viande+, ils pourront échapper à la réglementation du ministère de l’Agriculture" et passer dans le giron de la FDA, l’Agence américaine en charge de la sécurité alimentaire, fait valoir le responsable des politiques publiques Dale Moore.

Des haricots du Nord de la Thaïlande sont mélangés avec d'autres ingrédients pour créer de la nourriture vegan, à San Francisco.
Photo: AFP/VNA/CVN

L’Association nationale des éleveurs bovins (National Catllemen’s Beef Association - NCBA), qui compte dans ses membres des géants de l’industrie agro-alimentaire, s’oppose elle aussi à la pétition, estimant notamment que la viande produite en laboratoire est sans conteste un produit carné. La confusion règne sur la façon dont ces nouveaux aliments doivent être réglementés.

"Ceux qui achètent ce genre de produits sont des consommateurs avertis", affirme Chris Kerr, responsable du Fonds d’investissement spécialisé dans les aliments innovants New Crop Capital. Que des produits jusque-là confinés aux magasins bio soient maintenant commercialisés dans tous les supermarchés ne fait que répondre à une évolution de la société, estime-t-il.

"Toute une partie de la population est en train de changer ses habitudes, les millennials en particulier deviennent de plus en plus +flexitariens+, un terme désignant les végétariens qui mangent occasionnellement de la viande, remarque-t-il. L’industrie agro-alimentaire se tirerait une balle dans le pied si elle luttait car elle finira par s’y mettre aussi. Les agriculteurs en revanche n’ont pas grand chose à y gagner et il est logique qu’ils s’y opposent".


AFP/VNA/CVN

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