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Le siège de la Banque mondiale à Washington DC. Photo prise le 19 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'économie ukrainienne est en train de s'effondrer. Le gouvernement doit dépenser des sommes colossales rapidement sans avoir accès aux recettes fiscales ou aux recettes intérieures", souligne Adnan Mazarei, expert au Peterson Institute for International Economics, un think-tank basé à Washington.
"Il est absolument crucial que la communauté internationale fournisse une assistance rapide non seulement à des fins humanitaires, mais encore pour que certaines des fonctions fondamentales du gouvernement puissent continuer", dit-il.
Il relève aussi la nécessité d'injecter des liquidités dans les caisses du gouvernement pour soutenir notamment le secteur bancaire alors que la population fuit en masse le pays en emportant ses économies.
Sur 13,6 milliards d’USD d'aide à l'Ukraine qui devraient être débloqués par les États-Unis cette semaine, 1,8 milliard doivent ainsi être consacrés aux besoins macroéconomiques de l'Ukraine pour assurer "la continuité du gouvernement", prévenir les cyberattaques et soutenir le secteur de l'énergie, selon le projet de loi déposé au Congrès américain.
De son côté, le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a entériné mercredi 10 mars une aide de 1,4 milliard d’USD en faveur de l'Ukraine.
"Les besoins de financement sont importants, urgents et pourraient augmenter considérablement à mesure que la guerre se poursuit", a réagi sa directrice générale, Kristalina Georgieva. Elle a également signalé que l'Ukraine allait connaître une "profonde récession" cette année.
L'aide d'urgence doit permettre au gouvernement de "répondre aux besoins urgents de la balance des paiements (...) et fournira un soutien essentiel à court terme", estime le Fonds.
Ces sommes sont significatives au regard du PIB de l'Ukraine : près de 155,5 milliards d’USD fin 2020, selon les données de la Banque mondiale.
Le FMI avait un programme en cours avec l'Ukraine avec 2,2 milliards qui devaient être débloqués d'ici la fin juin. Mais cet accord a été annulé pour en concevoir un autre dédié à la reprise "lorsque les conditions le permettront", a précisé le FMI.
Argent sans conditions
Les 1,4 milliard sont, eux, accordés au titre de "l'instrument de financement rapide", qui permet d'obtenir des fonds sans délai et sans conditions, ou presque.
Kristalina Georgieva avait souligné mardi soir 8 mars que l'heure était à "la gestion de crise" et non pas aux "réformes" qui étaient exigées avant le conflit.
Même son de cloche à la Banque mondiale. En annonçant lundi 7 mars son aide de près de 500 millions d’USD, elle a souligné l'enjeu : aider le gouvernement "à fournir des services essentiels aux Ukrainiens, notamment les salaires des travailleurs hospitaliers, les pensions pour les personnes âgées et les programmes sociaux pour les personnes vulnérables".
Axel van Trotsenburg, son directeur des opérations, a répété mercredi 10 mars que "le gouvernement ukrainien a(vait) désespérément besoin de ressources budgétaires pour payer les retraités, pour payer les salaires des fonctionnaires, pour faire fonctionner le système de santé", lors d'un entretien sur Sky News.
Les experts soulignent néanmoins que malgré son ampleur, l'aide directe au gouvernement ne sera sans doute pas suffisante pour éviter une crise économique majeure.
"Les flux d'argent ne peuvent jamais vraiment remplacer les pertes de PIB", observe ainsi Homi Kharas, économiste à la Brookings institution, citant notamment les pertes commerciales qui vont être significatives. "L'argent peut aider à réduire un peu l'impact de cela, mais ne pourra certainement pas le compenser" totalement.
Reconstruction
Bien consciente de cela, la Banque mondiale, qui va apporter au total quelque trois milliards d’USD dans les mois à venir, a baptisé son aide "Financement de la reprise après une urgence économique".
En d'autres termes, elle est d'ores et déjà tournée vers l'après-conflit.
Il y aura un "énorme problème de reconstruction de l'Ukraine", opine Adnan Mazarei. Et la communauté doit la préparer dès maintenant pour éviter un impact durable en Ukraine et dans les pays voisins.
AFP/VNA/CVN