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La façade de l'abbaye de Saint-Jean, qui a inspiré le film "The Brutalist", à Collegeville, le 18 février au Minnesota. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des figures de l'architecture, des commanditaires ambitieux, des disputes sur des détails architecturaux...
La construction de ce bâtiment bien réel a subi autant d'aventures que celui qui sert de trame au film, dans lequel Adrien Brody incarne un architecte hongrois survivant de la Shoah qui lance une construction massive aux États-Unis.
"Qu'une université religieuse, toute petite à l'époque, au milieu de nulle part, gérée par un groupe de moines, embauche un architecte de renommée internationale", l'histoire de l'abbatiale Saint-Jean est "formidable", se réjouit Alan Reed, qui y mène des visites.
Au début des années 1950, Baldwin Dworschak, à la tête de cette abbaye bénédictine à la croissance rapide, décide d'inviter certains des plus grands architectes de l'époque à leur faire des propositions.
Parmi ceux qui lui répondent, Marcel Breuer. C'est à cet architecte juif hongrois, formé à l'école Bauhaus en Allemagne puis immigré aux États-Unis, qu'est confié le soin de concevoir la nouvelle église, au centre du campus religieux de Collegeville, à une heure de Minneapolis.
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L'autel de l'abbaye de Saint-Jean, à Collegeville, le 18 février au Minnesota. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La réalisation est massive : derrière ce clocher imposant, une façade constituée de centaines d'hexagones de béton qui laissent passer la lumière à travail le vitrail.
Et à l'intérieur, une charpente de béton apparent, aux faux airs de blockhaus.
"Quelque chose qui n'avait jamais été fait auparavant", relève Victoria Young, professeur d'architecture qui a écrit sur cette oeuvre.
"Oublié"
Brady Corbet, le réalisateur de "The Brutalist", s'est rendu sur place et cite un livre de Hilary Thimmesh, qui a travaillé aux côtés de l'abbé Baldwin Dworschak dans la commande du bâtiment, comme une grande source d'inspiration pour son long-métrage.
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L'autel de l'abbaye de Saint-Jean, à Collegeville, le 18 février au Minnesota. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les parallèles entre les deux histoires sont claires : un architecte juif qui conçoit, au sommet d'une colline américaine, un immense bâtiment chrétien avec un style moderniste controversé.
Dans le film, la tension monte quand le commanditaire confie une partie de la construction à quelqu'un d'autre. Pour l'abbatiale Saint-Jean, Marcel Breuer a aussi vivement regretté que les religieux commandent la réalisation des vitraux à un autre artiste.
Si, dans le film, ce conflit s'achève de manière dramatique, Marcel Breuer et Baldwin Dworschak sont eux restés en bon contact.
Le film pourrait aussi apporter une nouvelle lumière sur cette église, se félicitent des spécialistes.
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L'intérieur de l'abbaye Saint-Jean de Collegeville, dans le Minnesota, le 18 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je pense que Marcel Breuer a été oublié", regrette l'architecte Robert McCarter, qui a écrit un livre sur la question. "Beaucoup de gens, dont moi, pensent que Saint-Jean est sa plus grande œuvre, de loin."
Mais la bâtisse se dégrade. Alors les moines qui la gèrent aujourd'hui espèrent que le film pourrait permettre de lever des fonds pour chauffer la très volumineuse nef l'hiver et la climatiser l'été.
AFP/VNA/CVN