>>Aigle Azur: les repreneurs ont jusqu'au 9 septembre pour déposer une offre
>>Le PDG d'Aigle Azur Frantz Yvelin annonce sa démission
Un Airbus A31 du groupe Air Azur décolle de Lille, le 25 août 2017. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les liaisons en provenance ou à destination du Mali, du Brésil et du Portugal sont suspendues à compter de ce jeudi 5 septembre, a annoncé la compagnie aérienne.
Les liaisons avec l'Ukraine sont également interrompues, a affirmé un de ses représentants.
À l'aéroport d'Orly, base principale d'Aigle Azur, 38 vols étaient planifiés sur la journée, dont 20 avec le Portugal et un avec Kiev.
"Les vols sont annulés au fur et à mesure" et la compagnie s'est engagée à prévenir les passagers par SMS, selon Aéroports de Paris. Certains avions ont ainsi pu décoller ou atterrir dans la matinée.
À Orly, la situation était "calme" jeudi matin 5 septembre, "parce que la compagnie a pu prévenir en amont les voyageurs. Il y a juste eu un peu de monde hier avec l'annulation d'un vol sur Bamako", selon la police aux frontières.
Mardi 3 septembre un vol Alger-Toulouse a également été annulé, selon l'aéroport toulousain.
La compagnie se justifie par le fait qu'elle est entrée "dans une période de recherche active de repreneurs, encadrée par la justice commerciale, qui l'oblige à suspendre progressivement ses vols réguliers".
Le temps presse pour le deuxième transporteur aérien français, spécialiste des liaisons avec l'Algérie qui représente 50% à 60% de son activité: les éventuels repreneurs ont jusqu'au lundi 9 septembre à midi pour déposer leur offre.
Dans l'attente, les ventes de billets pour l'ensemble des vols sont "pour le moment suspendues" à compter du 10 septembre, prévient Aigle Azur, qui présente ses "sincères excuses" à ses passagers et partenaires.
La pépite des créneaux
Selon une source proche du dossier, "on entre dans une phase où l'avenir de la compagnie est plus qu'incertain, mais pour l'instant les vols pour l'Algérie restent maintenus jusqu'à la fin de cette semaine".
Cette accélération des événements est due à la dégradation de la trésorerie, loin des 25 millions évoqués en août par l'ex-PDdg Frantz Yvelin, selon Martin Surzur, président du syndicat de pilotes SNPL d'Aigle Azur et membre du comité d'entreprise (CE).
M. Yvelin a démissionné mercredi 4 septembre, se disant "fatigué" après avoir "traversé une zone de fortes turbulences depuis le début du mois d'août".
Dans le cadre du redressement, les salaires ne sont plus réglés par la compagnie mais pris en charge par un système de garantie (AGS). Mais environ 15 millions d'euros sont bloqués en Algérie et "difficilement rapatriables", selon M. Surzur. Une trésorerie dont la compagnie a désespérément besoin.
Le gouvernement a assuré que l'ambassade à Alger faisait "toutes les démarches possibles" pour faciliter le rapatriement des fonds.
L'avenir de la compagnie est donc suspendu à la date du 9 septembre. Plusieurs repreneurs potentiels ont fait part de leur intérêt, sans que l'on sache s'ils vont déposer une offre.
Parmi eux se trouvent Gérard Houa, un actionnaire minoritaire qui avait tenté un coup de force pour prendre le contrôle de la compagnie fin août, Air France ou encore Lionel Guérin et Philippe Micouleau, anciens dirigeants du groupe Air France, selon des sources syndicales. Le nom du groupe Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes, a également été évoqué.
Car Aigle Azur dispose d'atouts susceptibles d'intéresser un repreneur, plaident ses salariés, notamment des droits de trafic vers l'Algérie qui lui donnent une place de choix sur cette destination.
La compagnie dispose surtout d'une pépite de 9.800 créneaux horaires annuels à Orly, où le total pour toutes les compagnies est plafonné à 250.000.
Aigle Azur compte 1.150 employés, dont 350 en Algérie. La compagnie dispose d'une flotte de 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018, année pendant laquelle elle a réalisé un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros.