Dans l'apathie, la Macédoine du Nord désigne son président

La Macédoine du Nord vote dimanche 21 avril pour désigner son président, avec un risque d'abstention massive susceptible d'invalider l'élection, signe du divorce entre citoyens et politiques trois mois après le changement de nom du pays.

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Des partisans de l'Union sociale démocrate de Macédoine, au pouvoir, pendant un meeting électoral à Skopje, devant une affiche de la candidate de l'opposition Gordana Siljanovska, le 14 avril 2019.

S'affrontent le candidat de la gauche au pouvoir, Stevo Pendarovski, celle de l'opposition de droite, Gordana Siljanovska-Davkova, et le représentant de la communauté albanaise, Belrim Reka.

Si le rôle du président est honorifique, il s'agit du premier scrutin depuis que le petit pays balkanique s'est rebaptisé "Macédoine du Nord", en vertu d'un accord avec la Grèce salué en Occident, notamment par les responsables de l'Union européenne.

En échange, Athènes, qui estimait que "Macédoine" était le nom exclusif de sa province autour de Thessalonique, a levé son véto à l'adhésion de son petit voisin à l'OTAN et à l'ouverture de négociations avec l'UE, espérée pour juin. Le nom du Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev a été évoqué comme lauréat potentiel du Nobel de la Paix, avec son homologue grec Alexis Tsipras.

Cet enthousiasme n'a pas fait contagion parmi les 1,8 million d'électeurs, dont beaucoup restent mécontents de ce nouveau nom perçu comme le fruit d'un diktat de l'étranger. Surtout, la plupart sont d'abord préoccupés par un quotidien difficile de précarité économique dont ils rendent leurs gouvernants responsables.

"Désespéré" 

Le candidat du parti au pouvoir, Stevo Pendarovski, pendant un meeting électoral à Skopje le 14 avril 2019.

Une fois n'est pas coutume, Ljupco Nikovski, 58 ans, et Emilija Stojanoska, 49 ans, sont d'accord à l'heure de désigner leur chef de l'Etat. Le premier, policier, est encarté au parti d'opposition de droite (VMRO-DPMNE), contre qui a manifesté il y a quelques années la seconde, sympathisante des sociaux-démocrates au pouvoir depuis le printemps 2017.

Ljupco Nikovski ne s'est "jamais senti aussi désespéré" et décrit l'ensemble des partis comme membres d'une "coalition criminelle qui se fiche de nos problèmes". Emilija Stojanoska estime avoir combattu la droite "pour rien", dit-elle: "Je ne vois aucun changement" depuis l'arrivée des sociaux-démocrates soutenus par les partis de la minorité albanaise (20 à 25% des 2,1 millions d'habitants).

Le pays reste enlisé dans un profond marasme économique avec plus de 20% de chômage, un salaire moyen qui stagne à 400 euros, et un exode massif de sa population, épuisée par la corruption, le clientélisme et le népotisme, sempiternels maux des Balkans.

L'apathie est telle qu'il n'est pas certain que le scrutin accouche d'un successeur au nationaliste Gjorge Ivanov, faute d'atteindre la barre requise des 40% de participation pour valider le scrutin. Le sortant ne pouvait se représenter après avoir effectué deux mandats depuis 2009.

Sujets à caution, les sondages donnent une légère avance à Stevo Pendarovski et prévoient un second tour le 5 mai contre Gordana Siljanovska-Davkova.

Pour le référendum consultatif sur le changement de nom en septembre, les 40% n'avaient pas été atteints.

"Le résultat indiffère les électeurs" 

La candidate d'opposition Gordana Siljanovska pendant un meeting électoral à Skopje, le 13 avril 2019.

En cas de répétition, reconnaît Zoran Zaev, cela ouvrirait "une nouvelle crise politique" dans ce pays fragile, avec de possibles élections anticipées.

S'il affirme ne pas croire à cette hypothèse, le Premier ministre l'envisage puisqu'il a détaillé les solutions possibles dans les médias locaux: répéter les élections, supprimer le seuil minimal de participation ou encore confier au Parlement la désignation du président.

Ce qui ne réglera rien au problème de fond, selon Nazim Rashidi, rédacteur en chef de la chaîne TV Alsat, de langue albanaise: "L'apathie (...) en particulier celle des jeunes, Macédoniens comme Albanais, est immense". Parmi les problèmes, il énumère "une corruption générale à laquelle on ne s'attaque pas, l'absence de réformes de la justice", "le népotisme soutenu par les grands partis", "le chômage"...

Pour Dragan Gocevski, professeur à l'université de droit, "le résultat indiffère les électeurs" dont un "nombre croissant pense que leur vote n'apportera pas de changement significatif".

Le scrutin se tient de 05h00 à 17h00 GMT (07h00 à 19h00 locales).

AFP/VNA/CVN

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