Dans la vie des H’Mông

Rizières en terrasses à perte de vue, nature verdoyante et costumes traditionnels colorés, les villages autour de Sa Pa plongent le visiteur dans un autre univers. Si le voyage vaut le détour, il se mérite et nécessite un long périple depuis Hanoi.

Le chemin menant de Sa Pa à Lao Chai entraîne les visiteurs au cœur des rizières.

Sa Pa, village touris-tique du Vietnam, culmine à 1.500 mètres d’altitude dans une ambiance montagnarde de station de ski, la neige en moins. Jadis isolé, les autorités coloniales françaises y fondèrent un poste militaire et une mission catholique durant le XXe siècle. Pour s’y rendre, il faut s’armer de patience et emprunter le train de nuit : 12h00 à l’aller, départ de Hanoi, direction Lào Cai dans le Nord. Une fois sur place, un bus permet de rallier le village en une heure environ.

Su (2e rang, à gauche), une femme H’Mông, se promène en compagnie de sa fille (à droite) et d’une amie (centre), à travers la montagne.

Il faut quitter Sa Pa et son marché pour apprécier les paysages alentours. Sur place, Su, membre de l’ethnie H’Mông joue les guides. Elle entraîne les visiteurs à travers les montagnes et des paysages splendides pour rallier sa maison située au beau milieu des rizières que l’on atteint en jouant les équilibristes, le tout en croisant au passage des «Buffalo» comme elle les appelle. Soit deux heures de marche pour le «easy way» et quatre pour le «hard way» comme elle dit. Cette petite femme rieuse dotée d’une dent en or et vêtue du costume traditionnel pratique cette activité depuis deux ans dans un anglais plutôt correct appris sur le tas au fil des rencontres.

Une vie simple au milieu des rizières

Su partage ainsi sa vie, le temps d’une journée ou plus, avec ceux qui le souhaitent. Dans sa maison, située à Lao Chai, pas de cuisine aménagée, pas de salle de bain mais un retour aux sources et à une vie simple. Deux planches au dessus d’une rivière en guise de toilettes et un feu pour préparer le repas. Devant la porte d’entrée les petits cochons, curieux, s’agglutinent en grognant, pendant que le coq parade fièrement. Un confort spartiate qui contraste avec les programmes diffusés à la télévision, un des rares objets qui orne le salon.

Depuis deux ans, Su accueille des visiteurs et leur fait partager sa culture.

Au menu chez Su : un repas en famille avec ses trois enfants et son mari. «J’habite dans cette maison depuis deux ans, avant, je vivais chez mon beau-frère juste dans la maison d’à côté. J’ai deux filles et un garçon, selon la tradition, je dois encore avoir un garçon», explique la jeune femme de 35 ans.

Le lendemain, visite du village avec bien sûr les traditionnelles boutiques pour touristes avec des sacs faits mains et des objets taillés dans la pierre… La journée se poursuit par une nouvelle marche à travers les rizières et les montagnes parsemées de petites rivières et de cascades. En marchant, notre guide revient sur les traditions de son ethnie : «Avant, le mariage arrangé était pratiqué, mais certaines femmes avalaient des plantes toxiques pour se suicider car elles n’aimaient pas leur mari. Maintenant, les choses ont changé et nous sommes libres de choisir la personne avec laquelle nous ferons notre vie». Après le déjeuner, cette épopée d’un autre temps se termine par un retour en moto vers Sapa, et déjà il faut dire au revoir à cette nature encore préservée pour retrouver l’agitation de la ville.

Texte et photos : Marion Riegert/CVN

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