Dans la fourmilière du Vietnam

Du 4 au 18 avril, André et Micheline, deux Français fêtant leurs 70 ans, ont mis les pieds dans la fourmilière du Vietnam : une expérience qui leur a ouvert une perspective riche en émotions, sur ce peuple courageux et ses espoirs d’émergence dans un monde en pleine mutation.

La prise de contact avec Hanoi est un choc. Notre premier guide nous place d’emblée dans la circulation sur des cyclopousses. Les deux- roues à moteur ont remplacé en grande partie les vélos, et c’est dans une circulation intense, qui dure sans discontinuer du lever du jour à la pleine nuit, que nous découvrons les rues bordées de hautes maisons étroites (appelées maisons-tubes), les trottoirs où s’activent vendeuses de fruits et légumes, femmes portant leurs palanches lourdement chargées, ou proposant à même le sol la petite restauration. Quelques maisons coloniales prennent un peu plus d’espace. Les étudiantes à bicyclette portent de belles tenues blanches vaporeuses, l’ao dài (tunique fendue traditionnelle des femmes vietnamiennes). Les classes se font par demi-journée, faute de locaux : la belle jeunesse vietnamienne est si nombreuse !

Le couple français, André et Micheline Faliguerho.

Hanoi, et toutes les villes que nous découvrirons (Huê, Ninh Binh, Dà Nang, Hôi An, Hô Chi Minh-Ville - nouveau nom de la belle Saigon depuis 1976), offrent toujours beaucoup d’espaces verts, souvent créés par les Français.

La soirée à Hanoi nous permet de flâner le long du lac Hoàn Kiêm, d’apprécier la musique qui accompagne les pratiquants de gymnastique plutôt style yoga, d’admirer l’île de la Tortue au milieu du lac et le petit temple de la montagne de Jade, sous des lumières artificielles. Nos guides nous évoquerons au fil des visites de pagodes, de temples et d’églises chrétiennes la vie religieuse de ces gens, bouddhistes à 60 %.

Un Vietnam peu passéiste

Longtemps sous l’influence du géant chinois, le Tonkin (Nord du Vietnam), l’Annam et la Cochinchine furent les fiefs de diverses lignées royales. Ce n’est qu’en 1975 que le pays s’est unifié, après la guerre de «pacification coloniale» des Français et celle, politique, des Américains contre le communisme. Les Américains abandonnaient le pays en 1975, laissant derrière eux les dégâts de la bombe au napalm et des défoliants, un embargo cruel. L’année 1986 était marquée par une grande cause nationale enclenchée vers un meilleur avenir (Dôi moi – Renouveau).

Aidés par nos guides qui nous expliquent objectivement les étapes de leur histoire, nous en découvrons les effets actuels. D’abord en visitant ces ateliers créés par un personnage élevé en «Héros du travail» qui embauche tous ces handicapés divers victimes de «l’agent orange» qui gagnent leur vie dans le véritable et magnifique artisanat : laque, soie, broderie de tableaux à l’aiguille, poterie d’argile, pierre sculptée, bronze.

L’autre effet du Dôi moi est dans l’intense activité que mènent les Vietnamiens à moderniser leur pays : la route nationale 1, de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville, sera bientôt à quatre voies partout, l’habitat des abords des grandes villes a des airs européens, et les énormes édifices modernes des banques montrent une économie de marché florissante. «Que pensez-vous des Français, des Américains ?», demandons-nous à nos guides.

«C’est du passé, nous n’avons pas de rancune, il faut regarder devant», répondent-ils. L’un nous énumère même tout ce que la France a apporté de bon : «modernisation de l’habitat, création des chemins de fer, tunnels, et même, en des temps reculés, la latinisation de l’écriture vietnamienne par un religieux, une manière de donner aux autochtones christianisés leur identité. C’était le père Alexandre de Rhodes, jésuite français, qui publia le premier dictionnaire en «quôc ngu» en 1651. L’écriture chinoise a été ainsi remplacée par cette forme de graphie devenue nationale en 1954.

Et le riz ?

Parler du Vietnam sans évoquer le riz… Dès que vous quittez la ville, le vert des rizières au printemps vous accompagne, piqueté quelquefois par des regroupements de pierres tombales. Le Vietnam est le deuxième exportateur mondial de riz. Le paysan producteur n’est pas riche, il fournit les coopératives ou grossistes étrangers. Ce sont les femmes qui pratiquent l’incontournable repiquage du riz, les pieds dans l’eau. «Ce travail ne peut être fait que par les femmes, elles supportent mieux le mal de dos, ce n’est pas le cas des hommes», nous a confié un de nos guides.

Le riz fait partie de tous les repas, chez l’habitant, comme dans la cuisine raffinée que l’on vous sert partout pour trois à cinq euros. Imaginez : une soupe parfumée avec vermicelle de soja, poulet ou bœuf, des nem et autres entrées délicates, du poisson et une viande (porc, poulet, bœuf…) accompagnés de légumes variés, du riz, des fruits.

La baie de Ha Long.

Un autre atout du Vietnam : sa nature. La baie d’Ha Long découverte sous un ciel nuageux impressionne par ses reliefs. Autres sites, le col des Nuages, sous le soleil, la Mer Orientale, le Fleuve rouge, la rivière des Parfums, et les divers canaux et bras du Mékong, sur lequel nous avons passé une nuit en sampan.

Mettre un pied dans la fourmilière du Vietnam, c’est découvrir un peuple accueillant, souriant toujours, ami de la France sans réserve, travailleur, respectueux de ses ancêtres dont il entretient la mémoire, et de la tradition. Riche de ses ethnies et religions diverses, il dégage une grande impression de sérénité. Jamais nous ne nous y sommes sentis en insécurité.

Tam biêt (au revoir) !

ANDRE ET MICHELINE FALIGUERHO/CVN

 

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