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La réception du Melia Habana Hotel à La Havane, le 16 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"C'est un défi important", reconnaît Francisco Camps, directeur général adjoint de la chaîne hôtelière espagnole Melia à Cuba, où elle est présente depuis 30 ans avec 34 établissements, dont seuls 10 fonctionnent pour l'instant.
Cinq aéroports internationaux du pays avaient rouvert mi-octobre aux vols charters.
Mais il manquait le joyau de l'île : La Havane, dont le charme suranné et le centre historique classé au patrimoine de l'UNESCO attirent chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Une étape dont beaucoup de touristes, notamment européens, ne veulent se priver.
"La Havane, c'est important car c'est l'aéroport des vols réguliers, ce qui permet les connexions avec l'Europe", souligne M. Camps. Fermé aux vols commerciaux depuis le 24 mars, il a rouvert dimanche, à temps pour la saison haute (novembre-avril).
"Cela permet aussi un flux de visiteurs qui ne viennent pas seulement voir la ville mais font aussi des circuits, un tourisme différent de celui de plage"... et plus dépensier.
Financièrement, il y a urgence: privé de ce moteur économique (2,645 milliards d'USD en 2019), Cuba a dû réduire drastiquement ses importations, qui couvrent habituellement 80% de ses besoins alimentaires. Partout, les files d'attente face aux supermarchés s'allongent, avec des pénuries de café, lait, papier toilette...
"Destination sûre"
À l'aéroport international José Marti de La Havane, le 15 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"La pénurie que nous traversons est assez significative, je crois que c'est la plus forte depuis la décennie des années 1990", la fameuse Période spéciale provoquée par l'effondrement de l'Union soviétique, note l'économiste Ricardo Torres, de l'université de La Havane.
Justement, rappelle-t-il, le tourisme est "le secteur qui avait réussi à sortir Cuba du plus profond de (cette) crise économique" qui a traumatisé une génération d'habitants.
Mais ouvrir ses portes est aussi un danger. Sur les vols de touristes britanniques et russes arrivés récemment vers les plages, plusieurs cas de coronavirus ont été détectés, obligeant à isoler des dizaines de voyageurs.
"C'est incontestablement un grand risque", a reconnu le professeur Francisco Duran, épidémiologiste en chef du ministère de la Santé. "Je pense qu'il est nécessaire que notre population en soit consciente, afin qu'elle se protège et protège les personnes qui arrivent".
Pour rassurer, l'île mise sur un slogan : "Cuba, destination sûre". Ses chiffres d'infection sont parmi les plus bas du continent américain, avec 7.725 cas pour 11,2 millions d'habitants.
Son protocole prévoit que les touristes passent un test PCR (facturé 30 USD) à l'arrivée et évitent de sortir jusqu'aux résultats, 24 heures plus tard, puis une présence médicale permanente à l'hôtel, grâce au maillage sanitaire de 82 médecins pour 10.000 habitants (contre 32 en France et 26 aux États-Unis).
"La stratégie efficace de contrôle de l'épidémie est un atout pour Cuba" car "les touristes des prochains mois vont chercher des destinations sûres, d'un point de vue sanitaire", souligne Ricardo Torres. Alors, "oui, il faut protéger la vie des gens mais il faut aussi relancer notre économie qui est à genoux".