* Pouvez-vous préciser les contenus concrets relatifs à la croissance qui seront discutés lors de la 7è session de l'AN ?
Lors de nos récentes rencontres avec les électeurs, nous avons constaté que la population était très soucieuse de la hausse continuelle des prix, notamment du matériel agricole, des carburants, de l'électricité et de l'eau, alors que les prix des produits agricoles n'augmentent pas dans une même proportion.
À cela s'ajoute le risque permanent de calamités naturelles ou d'épidémies, ce qui multiplie d'autant les inquiétudes des agriculteurs.
Il m'apparaît donc que ces "chaudes" discussions à venir auront d'abord pour origine des questions concernant les prix, notamment dans les régions rurales où la population contribue grandement à la stabilité de l'économie mais supporte fréquemment les désavantages de cette dernière.
La question de la croissance sera discutée avec animation, car les députés regardent, analysent et évaluent celle-ci en termes de développement durable, c'est-à-dire une croissance allant indissociablement avec le règlement efficace des problèmes sociaux et avec la protection de l'environnement, des aspects qui pour l'heure posent de grandes difficultés.
* Lors de la 6e session d'octobre dernier, l'AN a fait de la qualité de la croissance une priorité, alors que le gouvernement conserve un objectif de rythme de celle-ci. Néanmoins, plus d'un mois après, le gouvernement doit revoir ses politiques. Quels sont vos commentaires ?
Qualité ou taux de la croissance ont été bien discutés lors de la dernière session. Lors des débats sur le plan de développement socioéconomique de 2010, le rapport du gouvernement a donné une priorité de premier ordre au taux de croissance afin qu'il soit supérieur à celui de l'an dernier, puis seulement à une meilleure qualité de croissance, une plus grande stabilité économique, une inflation modérée et la garantie du bien-être social.
Ce à quoi de nombreux députés ont répliqué qu'en 2009, malgré une croissance de 5,32%, plusieurs indicateurs macroéconomiques ont été satisfaisants mais peu durables. Donc, d'après eux, ce n'est pas sur le rythme de croissance qu'il faut se pencher en premier lieu. Les députés demandent de privilégier la qualité de croissance, la stabilité de l'économie au sens large du terme et la maîtrise de l'inflation. L'AN a collecté les avis des députés et résultat : 337 des 360 députés ont voté en faveur de cet ordre de priorités.
* Après environ 5 mois durant lesquels la priorité était de privilégier la stabilité économique, le gouvernement semble, depuis avril 2010, se tourner vers un objectif de croissance rapide en assouplissant les politiques monétaires. D'après vous, est-ce le meilleur moment pour cela ?
Je ne pense pas que le gouvernement considère ses demandes (baisser les taux d'intérêt, favoriser l'accès aux crédits bancaires pour le développement de la production et des exportations, etc) comme une action pour assouplir les politiques monétaires. Le gouvernement poursuit toujours, d'après moi, les objectifs et tâches globales approuvés par l'AN.
* Lors de sa réunion en avril, le gouvernement a décidé de conjuguer ses efforts pour maîtriser la hausse de l'indice des prix à la consommation à hauteur de 8%. Votre analyse ?
La situation économique au cours des 4 premiers mois de l'année est assez claire. Par conséquent, l'objectif visant à atteindre une croissance économique de 6,5% cette année est réalisable, selon de nombreux prévisionnistes. Je partage ce constat optimiste. À propos de l'indice des prix à la consommation (IPC), je crois que le risque du retour de l'inflation a été signalé et que le gouvernement a pris des mesures en conséquence pour le prévenir, avec pour résultat une hausse moindre de l'IPC en avril dernier. Celui-ci a néanmoins augmenté de 9,23% par rapport à la même période de 2009, ce qui rend difficile la maîtrise de l'inflation sur l'année à environ 7%. D'après moi, il faut que toute la population mette sa pierre à l'édifice si l'on veut freiner la hausse de l'IPC à 7% ou 8%. Je crois à la supervision de l'AN, à la direction du gouvernement qui ne permettra pas que l'inflation soit à 2 chiffres.
Linh Thao/CVN