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L’opération «Réhabilitation des trottoirs» a obtenu des résultats visibles. |
Cheveux blancs, dos voûté, Mme Thanh officie dans la rue Bà Triêu, à Hanoï. Elle expose aussi quelques peintures sous la bruine printanière. «Ces derniers jours, la police de la ville a fait le forcing pour récupérer les trottoirs en verbalisant les usagers. Mais je continue à y exposer quelques peintures tout près du mur, raconte-t-elle. Ma famille vit de la vente des peintures depuis 20 ans. Louer une boutique ? Je n’y songe même pas ! C’est pourquoi, j’ai été verbalisée plusieurs fois».
Pham Thi Nhung, une vendeuse de rue originaire de la province septentrionale de Phu Tho, a une vie précaire. «Je souhaite aussi continuer d’y vendre. Depuis 20 ans, toute ma famille vit de mon revenu de 100.000 dôngs par jour», exprime-t-elle. Avant d’ajouter «Si je retourne dans mon village natal, je n’aurais pas de quoi subsister».
À Hô Chi Minh-Ville, l’opération «Réhabilitation des trottoirs» est, comme dans la capitale, largement soutenue par la population, même si cette mesure doit être accompagnée. Tô Thi Bich Châu, présidente du Comité du Front de la Patrie du Vietnam de Hô Chi Minh-Ville confie : «La plupart des habitants sont +pour+. Il ne faut pas oublier pour autant que les trottoirs sont liés à la vie de nombreuses familles. Les marchandes ambulantes avec leurs palanches assurent la vie de nombreuses familles. C’est pourquoi, si les autorités doivent lutter contre l’accaparement des trottoirs, elles doivent en parallèle trouver des solutions convenables pour les pauvres qui dépendent uniquement de la vente ambulante».
Des mesures énergiques mais morales et éthiques
Des solutions convenables pour les pauvres qui dépendent uniquement de la vente ambulante sont indispensables. |
Lors d’une récente conférence sur la gestion de l’ordre urbain dans les années à venir à Hô Chi Minh-Ville, le secrétaire du Comité du Parti de Hô Chi Minh-Ville, Dinh La Thang, a estimé qu’en l’espace de quelques temps, la mégapole du Sud avait décidé à plusieurs reprises de «récupérer» ses trottoirs. Pourtant, elle s’est retrouvée confrontée à des difficultés inextricables en raison de cette habitude ancestrale de commercer sur la voierie piétonne.
Afin que les résultats obtenus dans l’opération contre l’occupation des trottoirs par les commerçants soient durables, tout le système politique doit s’impliquer dans ce dossier en valorisant le rôle des dirigeants des communes et quartiers. Selon M. Thang, outre des solutions énergiques, il faut prendre en compte les questions morales et éthiques. «Ce n’est pas facile de changer une habitude ancrée dans les mœurs. Pourtant, l’implication de l’ensemble du système politique - avec le soutien des habitants - va permettre à la ville de réussir ce pari. Cela passe aussi par la création d’emplois stables pour les personnes vivant uniquement du commerce ambulant».
Trân Thê Thuân, président du Comité populaire du 1er arrondissement et porte-drapeau de cette opération, a fait savoir qu’à côté des activités de sensibilisation, des sanctions pour occupation illégale des trottoirs, le 1er arrondissement va aménager des secteurs dans la rue Nguyên Van Chiêm et au parc Bach Dang réservés aux commerçants sur les trottoirs des deux quartiers de Bên Thành et Bên Nghe. Cela va permettre de créer des emplois, de mieux gérer l’ordre urbain et de mieux assurer l’hygiène alimentaire. Cet arrondissement envisage aussi d’élaborer un projet de reconversion professionnelle pour les commerçants ambulants pauvres ou vivant au seuil de pauvreté. Son centre d’apprentissage organisera des formations gratuites pour celles et ceux qui le désirent ou leur accordera des prêts à taux préférentiel ou des aides financières. Des mesures d’accompagnement déterminantes pour la réussite de cette vaste opération.
Des secteurs réservés à la vente de journaux
Les Hanoïens et Saïgonnais se félicitent des résultats encourageants de l’opération «Réhabilitation des trottoirs». Il ne faut pas pour autant oublier les problèmes que cela engendre pour cette importante frange de la population qui dépend de la vente ambulante. Sous l’aspect culturel et informationnel, les kiosques à journaux, qui ont pignon sur rue à Hanoï, Hô Chi Minh-Ville, Hai Phong, Dà Nang… depuis des décennies, répondent aux besoins de s’informer des habitants. Dans d’autres pays, ils apportent une plus-value culturelle aux grandes villes. La presse est un produit particulier dont la valeur dépend de l’actualité. C’est pour cela que les grandes villes devraient plancher sur un réseau de kiosques à journaux aménagé de façon scientifique dans des endroits qui n’entravent pas la circulation des piétons.
D’après Hô Quang Loi,
vice-président permanent de
l’Association des journalistes du Vietnam.