>> Credit Suisse dévoile une transformation radicale de sa banque d'investissement
>> Credit Suisse s'attend à une perte avant impôts de 1,5 milliard CHF au 4e trimestre
La banque Credit Suisse s'attend à une perte avant impôts "substantielle" en 2023 après avoir déjà essuyé une perte nette de près de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 mds d'euros). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En 2022, la banque a dégagé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 mds d'euros), après une perte de près de 1,7 milliard en 2021, a-t-elle indiqué jeudi 9 février dans un communiqué.
Et pour 2023, la banque table encore sur une perte avant impôts "substantielle" compte tenu des frais de restructuration, qui devraient se chiffrer à quelque 1,6 milliard de francs suisses en 2023 et 1 milliard en 2024, détaille-t-elle.
Puni en bourse
Le marché n'apprécie pas. À 11h50 GMT, l'action perdait presque 9% à 2.964 francs suisses, à contre-tendance de l'indice SMI, en légère hausse.
"Un quatrième trimestre faible conclut une année 2022 terrible", a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier, soulignant qu'il s'agit "clairement d'une des pires années dans les 167 ans d'histoire de Credit Suisse".
"La transformation vers un 'nouveau Credit Suisse' va prendre du temps", estime-t-il.
La banque va diminuer de moitié le dividende versé à ses actionnaires pour 2022, à 0,05 franc suisse par action et supprimer les bonus de l'équipe de direction.
"Lorsqu'on produit une telle perte, on ne peut pas s'attendre à un bonus du tout", a déclaré Ulrich Körner, son nouveau directeur général, lors d'une conférence de presse.
Aux commandes depuis août, le nouveau patron a dévoilé en octobre un grand projet de restructuration visant à recentrer la banque sur la gestion de fortune, la gestion d'actifs et la branche de détail et services aux entreprises pour le marché suisse.
Dans la banque d'affaires, ses activités de marchés de capitaux et de conseils doivent être rassemblées dans une entité appelée à devenir autonome, renommée CS First Boston, en référence à une banque d'affaires américaine absorbée en 1990.
En attendant que ses projets soient divulgués, la banque avait cependant été au coeur d'intenses spéculations durant le mois d'octobre, faisant tanguer son cours de Bourse et fuir des clients. Au quatrième trimestre, les retraits de capitaux se sont montés à 110,5 milliards de francs suisses.
"Nous avons constaté une inversion en janvier", a toutefois indiqué le directeur financier, Dixit Joshi, lors d'une conférence téléphonique, expliquant que les retraits de capitaux s'étaient surtout concentrés sur le mois d'octobre mais avaient ensuite ralenti.
Étape dans la banque d'affaires
Au dernier trimestre, la perte du groupe s'est chiffrée à près de 1,4 milliard de francs, moins lourde que redoutée notamment en raison de gains immobiliers. En novembre, la banque avait émis un avertissement, disant alors s'attendre à une perte allant jusqu'à 1,5 milliard de francs. Par comparaison, les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablaient en moyenne sur 1,44 milliard de francs.
Au dernier trimestre 2022, la banque d'investissement du groupe a essuyé une perte ajustée avant impôts de 1,3 milliard d'USD, contre une perte de 184 millions au quatrième trimestre un an plus tôt, reflétant le ralentissement des marchés de capitaux alors que les opérations de fusions et acquisitions et introductions en Bourse ont pâti de la volatilité des marchés.
La banque a toutefois franchi une étape dans ses projets pour sa banque d'investissement avec l'acquisition pour 175 millions d'USD de l'activité de M. Klein & Company.
En octobre, la banque avait annoncé que Michael Klein, un ancien banquier d'affaires de Citigroup, allait quitter le conseil d'administration de Credit Suisse pour participer à la mise en place de CS First Boston, dont il doit prendre la direction.
La banque est sous pression après avoir été secouée à quelques semaines d'intervalle en mars 2021 par la faillite de la société financière britannique Greensill, dans laquelle 10 milliards d'USD avaient été engagés par le biais de quatre fonds, puis par l'implosion du fonds américain Archegos, qui lui a coûté 5 milliards d'USD.
AFP/VNA/CVN