>>COVID-19 : nombre record d'infections en 24h en Allemagne
Le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin, le 7 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une proposition de loi, issue d'une promesse du successeur d'Angela Merkel, a obtenu 296 voix pour mais a été rejeté par 378 députés du Bundestag. Neuf membres de la chambre basse du parlement allemand se sont abstenus.
Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, a dans la foulée assuré que l'objectif de vaccination obligatoire n'était pas "abandonné", afin "d'éviter des victimes inutiles à l'automne".
L'échec politique est néanmoins de taille pour le chancelier, qui s'était prononcé à l'automne pour une vaccination obligatoire pour tous les adultes, promise alors pour "fin février ou début mars".
"Je suis naturellement déçu, mais le Bundestag a décidé" et "je respecte une décision démocratique", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une conférence presse à l'issue d'une réunion avec les représentants des États régionaux consacrée à l'accueil des réfugiés ukrainiens en Allemagne.
Départ soudain de Bruxelles
Le nouveau chancelier social-démocrate n'a pas pu entraîner derrière lui l'ensemble des trois partis de sa propre coalition gouvernementale, réunissant sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, ni l'opposition conservatrice.
Faute d'une stratégie visible et d'un projet ouvertement concocté par le gouvernement, qui s'est officiellement contenté d'appuyer une proposition du groupe parlementaire social-démocrate, le projet de vaccination obligatoire a été peu à peu vidé d'une partie de son contenu lors des tractations parlementaires. Avant d'échouer complètement.
"On assiste rarement à une telle débâcle politique", a cinglé dans un éditorial le quotidien Süddeutsche Zeitung.
"Ce n'est pas seulement de la lâcheté, mais aussi un manque de sérieux", a regretté le quotidien, convaincu que la vaccination obligatoire est "malheureusement" nécessaire.
Le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, au Bundestag à Berlin le 7 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le sujet est épineux dans une Allemagne où la mouvance anti-vaccins est fortement mobilisée.
Les libéraux du FDP en particulier, bien qu'au gouvernement, ont freiné depuis des mois sur l'idée d'une obligation vaccinale. Six Allemands sur dix y étaient cependant favorables selon un sondage Civey réalisé mi-mars.
Malgré une proposition d'obligation réservée au final aux seuls plus de 60 ans, le gouvernement n'a pas pu réunir de majorité au Bundestag.
Ce revers va alimenter les critiques croissantes ces derniers mois sur la discrétion et le manque de leadership d'Olaf Scholz.
Il s'est même attiré les sarcasmes jeudi 7 avril en obligeant sa cheffe de la diplomatie, Annalena Baerbock, à quitter une réunion de l'OTAN à Bruxelles sur l'Ukraine pour venir participer au vote, ont rapporté plusieurs médias.
Ce départ soudain de Bruxelles de la populaire ministre écologiste a ainsi offert un angle d'attaque aux conservateurs.
"Que le chancelier rappelle la ministre des Affaires étrangères et dise +Non, l'Ukraine n'est pas importante, il est plus important que les intérêts politiques des partis soient pris en compte+, c'est un signal totalement déraisonnable, y compris pour le monde", s'est ainsi emporté un responsable du parti conservateur CDU d'Angela Merkel, Paul Ziemiak, sur le site Internet du quotidien Die Welt.
Déconvenues
La situation sanitaire reste dégradée en Allemagne, qui enregistre ces derniers jours plus de 200.000 nouveaux cas de COVID toutes les 24 heures. Le taux d'incidence sur sept jours dépasse les 1.200.
Quelque 76% de la population ont reçu deux doses de vaccin. Seuls 58,9% des Allemands ont reçu une dose de rappel contre le COVID, selon l'institut Robert Koch.
Le gouvernement Scholz multiplie les déconvenues ces derniers jours au sujet de la pandémie.
Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, a ainsi renoncé mercredi, face aux critiques, à lever le 1er mai l'obligation d'isolement en cas d'infection au COVID-19.
"C'était une erreur dont je suis personnellement responsable. Cela a donné un mauvais signal" induisant que cette mesure en définitive "minimise la pandémie", a admis le ministre de la Santé.
Le ministre du gouvernement d'Olaf Scholz avait annoncé lundi que l'obligation d'isolement, actuellement de sept jours avant un test négatif, serait levée le 1er mai. Une décision prise avec les représentants des 16 Länder mais immédiatement critiquée par l'opposition et des associations.
AFP/VNA/CVN