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L’an dernier, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) a lancé son premier appel à projets international pour soutenir, au sein de ses établissements membres, des initiatives d’étudiants, d’élèves-ingénieurs et de jeunes chercheurs liées à la pandémie. C’est en fait un programme mondial, et plus d’un million d’euros ont été débloqués. Localement, en Asie-Pacifique, neuf projets ont été retenus et financés à hauteur de 100.000 euros, concernant des prototypes pour le dépistage, la désinfection, des robots, des applications de traçage, des réalisations complètes qui sont allées jusqu’à des brevets. Je pense notamment à la civière à pression négative qui a été inaugurée et qui fait partie du matériel préconisé par le gouvernement au niveau des hôpitaux.
Parmi les neuf projets qui ont été réalisés, la plupart sont allés jusqu’à des réalisations concrètes et je pense que c’est une très grande réussite.
Le directeur Asie-Pacifique de l’AUF, Jean-Marc Lavest |
Photo : AUF/CVN |
Et pour cette année, y a-t-il une initiative similaire ?
En 2021, on vient de lancer un nouvel appel à projets. L’AUF va remettre un million d’euros sur la table. Mais cette fois, on raisonne de façon un peu différente. La pandémie de COVID-19 n’est pas terminée. Elle est en train de s’installer dans la durée. Comment peut-on maintenant aider les universités à intégrer ce facteur? On essaie de raisonner dans le moyen terme.
Autre élément qui est aussi extrêmement important : faire entrer à l’intérieur de cet appel à projets des études psychologiques au niveau des apprenants. Dans un premier temps, on s’est surtout soucié de la capacité à mettre des cours en ligne. Mais ce n’est qu’une partie du travail. La deuxième, c’est la réponse des étudiants à ces cours. Dans quelles conditions? Avec quelles compétences ont-ils pu les suivre ? Comment évaluer tout ça ? Quel est le stress psychologique des étudiants ?
En dehors de ces appels à projets, il semblerait qu’il y ait des aides à distance pour les universités. Pouvez-vous nous en dire plus ?
2021, c’est d’autres actions, qu’on lance tout de suite. On avait lancé un premier volet d’enseignement à distance en 2020 et maintenant, on lance un second. J’ai appris que plus de 600 personnes, essentiellement vietnamiennes, étaient connectées à ces cours à distance.
Je souhaite aussi aller jusqu’au bout du bout du processus et accompagner les universités pour qu’elles soient en mesure d’avoir les infrastructures techniques afin de pouvoir créer ces cours dans de bonnes conditions.
Selon vous, est-ce que cette pandémie a changé la perception de l’enseignement ?
Je crois qu’on est encore dans l’instantanéité. On est au milieu du gué. On subit toujours le phénomène. On voit ces vagues qui arrivent, qui viennent perturber et reperturber... On parle des universités mais aussi des écoles. C’est extrêmement compliqué pour les étudiants de devoir quitter les lieux d’enseignement afin de pouvoir suivre un enseignement dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles.
Je pense que ces deux années de COVID vont forcément faire évoluer la conception qu’on a du métier d’enseignant. Jusqu’à présent, on pose encore peu ces questions. Pourquoi ? Parce que les cours se faisaient et on faisait les cours, on faisait les examens, on avait son année, puis on recommençait l’année d’après... On était dans un processus absolument immuable et le rôle des gouvernants était de faire un petit peu d’inflexion, de changer un tout petit peu les choses, etc. Là, on a été sur de la rupture extrêmement violente du processus.
Il est évident que ces prochaines années, on admettra que 30% des enseignements sont faits à distance. Mais il faut alors poser vraiment la question de la qualité de ces enseignements mais aussi des compétences qu’on est en train de transmettre aux étudiants. Donc, cette crise interroge les universités sur différents aspects : gouvernance, capacité d’adaptation, de résilience...
Pouvez-vous nous dévoiler ce que sera le plan d'action 2021 de l'AUF pour la région et surtout pour le Vietnam ?
L'AUF met ses plans stratégiques à jour tous les quatre ans. Donc, il va y avoir un plan 2021-2025 qui sera voté par l’Assemblée générale le 22 ou 23 septembre 2021.
Mais bon, on a déjà quelques éléments. On vient d’ouvrir en Asie-Pacifique huit centres d’employabilité francophone pour lesquels on va travailler avec les étudiants l’entrée dans le marché du travail : les CV, les lettres de motivation, la connaissance du marché, la rencontre avec des entreprises... Tout ce qui fait que l’étudiant, au moment de rentrer sur le marché, a toutes les chances de décrocher son premier emploi.
Il y a un deuxième point qui me semble important : recherches et transferts de technologies. Je reprends les mots du nouveau ministre de l’Éducation qui rappelait l’importance de l’industrie 4.0, cette connectivité qui est en train de se disséminer un peu partout et qui change la façon dont on voit l’industrie, les données et la réactivité nécessaire.
Personnellement, je suis attaché aux formations professionnalisantes et à celles en alternance. Je pense qu’elles vont prendre une certaine place.
Reste aussi l’animation de la vie francophone : dans les universités, sur les réseaux...
Pour résumer, cinq grands axes : employabilité, recherche et développement, gouvernance, formation et vie francophone...