Coronavirus muté des visons : restrictions spéciales pour 280.000 habitants au Danemark

Après une mutation problématique du coronavirus provenant des visons qui pourrait menacer l'efficacité d'un futur vaccin humain, le Danemark a annoncé jeudi 5 novembre des mesures de restrictions spécifiques pour plus de 280.000 habitants du Nord-Ouest du pays, afin d'empêcher de nouveaux cas de ce "Cluster 5".

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Des visons abattus dans une ferme d'élevage à Farre, le 28 octobre au Danemark.

"Dès ce soir, les citoyens de sept communes du nord du Jutland sont vivement sommés de rester dans leur propre commune pour empêcher la propagation de l'infection", a dit la Première ministre Mette Frederiksen lors d'une conférence de presse.
Danois et étrangers sont sommés de ne pas aller dans le secteur où les restaurants et bars seront fermés à partir de samedi 7 novembre.
"Nous vous demandons dans le nord du Jutland de faire quelque chose de complètement extraordinaire", a dit la cheffe du gouvernement qui parle d'une "vraie fermeture" de cette région.
"Les yeux du monde sont fixés sur nous", a affirmé Mme Frederiksen.
Les communes concernées (Laesø, Frederikshavn, Hjørring, Brønderslev, Jammerbugt, Thisted et Vesthimmerland) sont toutes situées à la pointe Nord du Jutland, dans l'Ouest du Danemark. Elles regroupent 280.000 habitants.

À l'exception des transports scolaires, les transports publics seront arrêtés dans les sept communes concernées.
Les élèves des classe 5 à 8 (équivalent du CM2 à la 4e dans le système français) suivront à partir de lundi leur enseignement en ligne.
Les restrictions sont prévues pour durer quatre semaines.
Le Danemark, premier exportateur mondial de peaux de visons, a suscité l'inquiétude mercredi en annonçant l'abattage massif de tous les visons du royaume - soit plus de 15 millions de têtes - à la suite de la découverte de cette mutation transmissible à l'homme, qui a déjà été décelée chez douze personnes, dont onze cas dans cette région et un dans une autre.
Pour Mette Frederiksen, l'évaluation des risques présentée en début de semaine "explicite et claire" est à l'origine de cette décision.
La mutation d'un virus est banale et souvent anodine, selon les scientifiques, et déterminer les conséquences concrètes d'une mutation est complexe. Des experts ont appelé le Danemark à diffuser davantage de données scientifiques pour mieux évaluer la mutation.

Des employés de l'administration vétérinaire danoise arrivent dans une ferme d'élevage pour procéder à l'abattage de visons, le 8 octobre à Gjol.
Photo : AFP/VNA/CVN

La Grande-Bretagne qui est confrontée à une recrudescence de la pandémie et où le Premier ministre Boris Johnson a annoncé un nouveau confinement jeudi 5 novembre, a indiqué que les personnes se rendant dans le pays en provenance du Danemark étaient désormais obligées de se placer en isolement.
"Les voyageurs arrivant au Royaume-Uni depuis le Danemark à partir de vendredi 04h00 vont devoir se placer en quarantaine volontaire pour une période de 14 jours", a ordonné le secrétaire aux Transports dans un communiqué.
Menace sur le vaccin
Des mutations avaient d'ailleurs déjà été décelées chez les visons, mais celle du "Cluster 5" inquiète les autorités danoises.
Interrogée par l'AFP, l'Organisation mondiale de la Santé a dit suivre la situation de près et être en lien avec les autorités danoises.
Selon les explications des autorités danoises, le "Cluster 5", dont la souche a été identifiée en début de semaine, ne se traduit pas par des effets plus graves chez l'homme.
Mais elle implique une moindre efficacité des anticorps humains, ce qui menace la mise au point d'un vaccin contre le COVID-19, objet d'une course contre la montre à travers le monde.
Dans le Jutland du Nord, les autorités sanitaires estiment qu'environ 5% des malades pourraient être porteurs de cette souche mais aucun cas récent n'a été signalé, rendant incertaine la preuve de la circulation effective du virus muté.
Pour Viggo Andreasen, professeur d'épidémiologie à l'Université de Roskilde, cette mutation "a d'assez bonnes chances" de disparaître, à la condition d'être efficacement combattue.
"Cela pourra prendre du temps", a-t-il toutefois déclaré à l'agence danoise Ritzau, qu'il évalue à "un mois environ".
Dans le royaume nordique de 5,8 millions d'habitants, relativement épargné par le COVID-19 avec 733 décès, de nouvelles restrictions nationales ont déjà été mises en place fin octobre pour freiner la très rapide remontée de la maladie.

AFP/VNA/CVN

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