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La tenue jeudi 16 août d'un conseil d'administration d'Air France-KLM ravive les spéculations sur la désignation d'un remplaçant de l'ancien PDG, après trois mois de suspense et de controverses |
Depuis le 9 août, le nom du numéro deux d'Air Canada, Benjamin Smith, est annoncé dans la presse pour devenir directeur-général d'Air France aux côtés d'un président non exécutif, ou directement PDG du groupe selon les versions, après la démission de Jean-Marc Janaillac le 4 mai, en plein conflit avec le personnel. Le nom du Canadien est sorti du chapeau après un rugueux début d'année pour la compagnie, dont le cours boursier a chuté de près de 35% depuis le 1er janvier, et dont les personnels ont mené 15 journées de grève pour réclamer 6% d'augmentation salariale en 2018.
Mercredi 15 août, Libération écrivait que sa nomination pourrait intervenir lors d'un conseil d'administration convoqué jeudi à Paris. La société est restée silencieuse, se bornant à indiquer une nouvelle fois que le "processus de nomination continue" et que "rien n'est décidé pour l'instant". Deux sources internes ont néanmoins confirmé la tenue d'un conseil d'administration jeudi 16 août, sans en préciser l'ordre du jour.
Il y a à peine un mois, la candidature de Philippe Capron, alors directeur financier de Veolia, proposée par le comité des nominations, avait été retoquée par l'État, actionnaire à 14% d'Air France-KLM, selon le Figaro. L'équation économique et sociale de la compagnie, de plus en plus concurrencée par les low-cost, est particulièrement difficile.
La compagnie a renoué avec sa culture du conflit social après la décennie de calme qui a suivi sa réorganisation et son développement initiés par Christian Blanc avant 2000. Conflit le plus emblématique, une grève de septembre 2014, au cours de laquelle la photo de la chemise arrachée d'un des dirigeants a fait le tour du monde, alors que la direction envisageait un plan de 2.900 suppressions de postes.
Menace de grève
La future équipe de direction devra donc apaiser les tensions sociales, et faire avancer la compagnie sur les dossiers stratégiques déjà engagés (low-cost long-courrier, réorganisation du réseau court-courrier…). Même sans confirmation officielle, le possible arrivé du Canadien aux commandes, est prise au sérieux par les syndicats. M. Smith, employé depuis 2002 chez Air Canada, est surtout réputé pour avoir signé avec les deux syndicats représentant les personnels navigants des accords sur l'organisation de la compagnie et de sa filiale à bas coût Air Canada Rouge, pour une durée de dix ans.
Force ouvrière Air France s'en est prise mercredi sur Twitter à "l'augmentation de 300%" du salaire qui serait selon elle accordée à ce futur patron si sa nomination était confirmée. La piste Ben (son surnom) Smith est sévèrement critiquée par Philippe Evain, le président du SNPL, premier syndicat de pilotes d'Air France KLM, qui a estimé début août que le nommer serait "une grave erreur". "Nous pensons qu'il faut un dirigeant connaissant les spécificités du dialogue social français, qui maîtrise les détails du marché aérien européen et notamment les forces en présence entre les low-cost et les compagnies historiques. C'est très différent de ce qui se passe au Canada" avait déclaré M. Evain dans un entretien au Parisien.
Mercredi 15 août, il a ajouté sur Twitter que le CA d'Air France KLM "joue la politique du pire" en livrant "les clés d'Air France aux Américains". Côté néerlandais, le syndicat de pilotes de ligne VNV a renforcé la pression en donnant à KLM jusqu'à vendredi 17 août pour répondre à ses demandes d'allégement de la charge de travail et d'augmentation des salaires, et en menaçant de "quinze jours de grève", rapportait lundi 13 août De Telegraaf. Les marchés ont salué positivement les rumeurs: le titre Air France a terminé mercredi 15 août en hausse de 1,59% à 8,92 euros alors que le reste du CAC 40 piquait au contraire du nez.
AFP/VNA/CVN