Des jeunes conducteurs, inexpérimentés, sont impliqués dans davantage d'accidents que leurs aînés, au point de ne pas être rentables pour les assureurs. |
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Prévue pour janvier 2024, la mesure annoncée le 20 juin par la Première ministre sur le média en ligne Brut est une "opportunité", reconnait auprès de l'AFP Nathalie Ciornei, directrice générale adjointe du groupe Matmut, "qu'il faut maîtriser et encadrer" tempère-t-elle dans la foulée.
Actuellement, un jeune en conduite accompagnée peut déjà passer le permis B à 17 ans, mais n'a le droit de prendre le volant par lui-même que le jour de ses 18 ans. Ce seuil sera donc abaissé d'un an.
Un contingent supplémentaire d'une classe d'âge devrait donc arriver sur le marché de l'assurance automobile à partir de 2024.
L'impact sera cependant exceptionnel dans un secteur où les professionnels préfèrent au chiffre d'affaires l'équilibre technique, veillant surtout à ce que le montant des primes collectées reste supérieur au coût des sinistres.
Or les jeunes conducteurs, inexpérimentés, sont impliqués dans davantage d'accidents que leurs aînés, au point de ne pas être rentables pour les assureurs.
Les accidents graves sont une réalité mais "l'élément le plus significatif reste la fréquence" de sinistres n'impliquant souvent que des réparations de carrosserie, analyse Yann Arnaud, directeur de l'innovation au sein de Macif.
Pari sur l'avenir
Les compagnies d'assurance savent cependant voir au-delà du court terme.
"Elles se disent que finalement être le premier assureur peut avoir un intérêt dans les 5, 10 ou 15 ans" qui suivent lorsque les nouveaux clients "deviendront des risques plus acceptables", relevait début juin Patrick Degiovanni, directeur général adjoint de Pacifica, filiale du groupe Crédit Agricole.
"À condition que d'autres ne viennent pas nous les braconner", nuance M. Arnaud, interrogé par l'AFP, qui souhaite que les parts de marché des futurs nouveaux assurés soient contrôlés par une autorité indépendante pour être sûr que chaque assureur "prenne sa part".
Pour les enfants de clients et sociétaires, les assureurs peuvent difficilement refuser de proposer un contrat, au risque de perdre toute la famille.
Il faut aussi faire avec pour les spécialistes de l'assurance automobile, comme la Matmut. "C'est notre produit d'appel, notre produit phare", souligne Mme Ciornei, qui compte 3 millions de contrats d'assurance automobile.
"Il y a quand même des faisceaux de présomption qui nous permettent d'assurer des jeunes qui conduisent bien", reprend-elle, comme la puissance du véhicule ou le passage par une conduite accompagnée.
Et d'insister sur la formation, la prévention, voire le déploiement de boitiers embarqués dans les véhicules pour suivre la vitesse, le style de conduite, "dès lors que cette approche est pédagogique (...) et vertueuse en termes de sécurité".
Le risque de la non-assurance
Même si la mutualisation joue en assurance automobile comme sur d'autres produits, les jeunes conducteurs s'acquittent d'une prime bien plus élevée que leurs aînés, en plus du prix du permis de conduire et du véhicule, à un moment de la vie où ils ont peu, voire pas de revenus.
Les jeunes conducteurs entre 18 et 25 ans devaient payer l'an dernier une cotisation moyenne de 1.255 euros, a calculé le comparateur Assurland, deux fois plus que la moyenne nationale.
Conséquence, un conducteur en défaut d'assurance sur deux a moins de 30 ans, selon le Fonds de garantie des victimes (FGV), chargé d'indemniser les victimes d'accidents de la circulation quand le conducteur responsable n'est pas assuré.
Le coût n'est pas neutre pour la société : 107 millions d'euros ont été versés l'an dernier par le FGV pour près de 8.500 victimes blessées -le chiffre le plus élevé depuis 2019- et les proches de 157 personnes décédées.
"Le prix de l’assurance des jeunes est beaucoup plus élevé (...) parce que le risque est intrinsèquement beaucoup plus élevé" justifiait M. Degiovanni à l'occasion de la présentation par le FGV de son bilan 2022.
Pour les futurs conducteurs de 17 ans, il ne devra cependant pas être "dissuasif", demandait le 25 juin le ministre des Transports Clément Beaune au micro de RTL, évoquant "une discussion qu'il faut qu'on reprenne avec le ministère de l’Économie, avec les entreprises d’assurance".
AFP/VNA/CVN