Communauté économique de l’ASEAN, à la fois un processus et une fin

En dehors des opportunités que va lui offrir la Communauté économique de l’ASEAN, le Vietnam devra relever de nouveaux défis. Perspective qui le conduit à s’interroger sur ses moyens pour faire face à cette nouvelle concurrence.

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Lancé en 2007, le projet de Communauté économique de l’ASEAN (AEC) aboutira le 31 décembre prochain. Il implique une intégration économique régionale fondée sur un marché unique des biens et services, des capitaux et de certaines catégories de travailleurs qualifiés. Les membres de l’ASEAN totalisent 630 millions de personnes. Une intégration économique plus profonde de la région permettra à l’association de progresser pour devenir plus prospère encore.

La création en fin d’année de l’AEC, dont le Vietnam sera membre, établira un large marché commun.

La création de l’AEC fin 2015 marquera un jalon important des efforts de cette association dans la poursuite de ses objectifs attestés par la devise «Une vision, une identité, une communauté». La création de cette communauté signifie que l’ASEAN deviendra une entité économique unique le 1er janvier 2016.

Cela transmettra aussi un signe fort de la nécessité d’avancer des mesures positives pour s’orienter vers une zone économique plus libre et intégrée. L’intégration économique régionale au sein de l’association pourra aider ses pays membres à surmonter des épreuves comme les fluctuations économiques mondiales.

Le Vietnam figure parmi les pays aséaniens ayant accompli le plus grand nombre d’engagements relatifs à la création de l’AEC, a affirmé le ministre de l’Industrie et du Commerce, Vu Huy Hoàng. Concrètement, plus de 90 % de ses engagements, se retrouvant juste derrière Singapour en la matière.

Le Vietnam est en outre parmi les premiers pays en matière de suppression des lignes tarifaires: près de 90% actuellement et, d’ici 2018, 7% de plus le seront. Cela montre qu’en dépit des difficultés et des écarts avec d’autres pays membres de l’ASEAN, le Vietnam affiche une forte volonté d’intégration à l’économie régionale, ce que les autres apprécient, a affirmé Vu Huy Hoàng.

L’intégration à la région et au monde est une tendance inévitable qui ouvre de nombreuses opportunités au Vietnam en termes de développement de son commerce extérieur sur un plan bilatéral comme multilatéral, d’attraction de l’investissement direct étranger, de renforcement des transferts de technologies réciproques, ainsi que de participation active à la chaîne de valeur mondiale...

Cependant, pour réussir cette double intégration, le Vietnam devra d’abord régler ses lacunes comme un système juridique compliqué, des infrastructures moins développées et moins modernes, un investissement direct étranger dans les secteurs des hautes technologies modeste, des politiques de soutien des entreprises domestiques - notamment des PME - peu efficaces… Par ailleurs, le déplacement libre de la main-d’œuvre qualifiée au sein de l’ASEAN, l’arrivée de nombreux produits des pays aséaniens sur le marché vietnamien, ainsi que les risques d’augmentation des litiges commerciaux, sont également des problèmes majeurs.

Préparation à une profonde intégration

Le 31 décembre prochain ne sera que la première étape d’un meilleur approfondissement des relations au sein de la région. Il est nécessaire d’améliorer la conscience des Vietnamiens sur la Communauté économique de l’ASEAN, en particulier les entreprises.

Il est également important de redoubler d’efforts pour harmoniser les normes au sein de la communauté, ainsi que réduire les écarts en termes de capacités et de compétences entre le Vietnam et les autres pays membres. Les entreprises vietnamiennes se préparent à l’AEC, mais de diverses manières.

Le projet de Communauté économique de l’ASEAN aboutira le 31 décembre prochain.

Selon un sondage, 76% des entreprises interrogées déclarent qu’elles ne savent rien sur l’AEC, 94%, ne comprennent pas l’objet de l’AEC, et 63%, hésitent sur les opportunités et défis réels que la communauté apportera. Il n’en demeure pas moins que l’intégration économique est un mouvement inexorable et qu’elle ouvrira de grandes opportunités aux entreprises qui sauront en profiter.

Consciente de la situation, la Compagnie générale de confection N°10 compte augmenter ses exportations vers les marchés voisins en exploitant les avantages de l’AEC. Les marchés qu’elle vise d’abord sont le Myanmar, le Laos et le Cambodge. «Grâce à notre expérience du marché domestique, nous chercherons des marchés étrangers similaires pour développer notre réseau de distribution. Forts dans des segments de produits de marque comme les chemises et les vestons, nous comptons ouvrir des magasins dans ces pays. C’est également notre stratégie afin d’anticiper et de mieux exploiter les opportunités de l’AEC», explique Thân Duc Viêt, directeur adjoint de cette compagnie.

En qualité de premier acteur du secteur de l’acier, le groupe Hoa Sen s’est préparé à son développement sur les marchés aséaniens. Il envisage d’investir dans des usines en Thaïlande et Indonésie. Au Vietnam, il agrandira son réseau de distribution et promouvra sa marque en organisant des événements de niveau régional et international. «Sur le plan du commerce, un marché commun comme l’AEC offre davantage de possibilités qu’un accord de commerce. Il ne peut que présenter des intérêts pour les entreprises de ses membres», estime Lê Phuoc Vu, président du conseil d’administration du groupe Hoa Sen.

Innover et s’adapter au marché

La compagnie d’aluminium et de plastique Kim Hang, à Hô Chi Minh-Ville, a étudié le marché pour lancer des produits conformes aux goûts des consommateurs de la région. Elle est sur le point d’exporter un premier lot en Malaisie qui est un marché similaire au Vietnam avec des clients qui ne sont pas trop exigeants.

«Si une entreprise ne dispose pas d’une stratégie convenable, elle ne pourra pas s’intégrer aux marchés de la région, et pourrait même perdre des parts de marché dans son pays. Afin de profiter efficacement de l’AEC, chaque entreprise doit se renouveler radicalement pour se mettre en conformité avec les critères et exigences de la communauté à venir», détaille Nguyên Thu Phuong, directrice générale de la compagnie d’investissement Nam Duong.

«Nous sommes prêts à accepter l’enjeu qu représente l’AEC», a déclaré le président du conseil d’administration de la Compagnie par actions Son Hà. Spécialisée dans la fabrication des produits d’acier inoxydable, Son Hà a révisé ses affaires dans les marchés des États-Unis et du Moyen-Orient pour se concentrer sur le marché domestique et les pays de l’ASEAN.

La sarl des produits carnés Vissan, dont l’expérience est de plus de 50 ans, est confiante en son intégration. Depuis cinq ans, elle a restructuré la production, renouvelé les technologies et perfectionner sa gouvernance d’entreprise pour être compétitie au niveau régional, a indiqué son directeur général Van Duc Muoi. Vissan a investi 1.500 milliards de dôngs pour construire son propre complexe industriel afin d’assurer la qualité de ses produits alimentaires.

Restructurer la production, renouveler les technologies et perfectionner la gouvernance d’entreprise sont obligatoires pour être compétitie au niveau régional.

Selon les économistes, les entreprises des secteurs de la distribution et des produits ménagers seront les plus concernées par l’apparition de l’AEC. Dans la distribution, le marché vietnamien recèle de grands potentiels et, signe révélateur des temps, les regroupements d’entreprises domestiques ont tendance à augmenter à l’approche de la création de l’AEC.

Le marché intérieur des entreprises vietnamiennes passera bientôt, en quelque sorte, de 90 à 600 millions de consommateurs. Si les entreprises vietnamiennes ne cherchent pas à évoluer, elles verront leur production baisser, et, pour les moins fortes, ce sera la disparition.

Dans le secteur des produits ménagers, les entreprises thaïlandaises ont déjà largement pénétré le marché vietnamien, témoignant de leur préparation et de leurs capacités à jouer sur un marché comme celui de l’AEC. Et les distributeurs thaïlandais ont déjà planifié leur croissance au Vietnam, dans la production comme dans la distribution.

«Notre atout, c’est notre dynamisme, mais nous sommes inférieurs à d’autres en termes de professionnalisme et de capacités financières. En outre, nos réseaux de distribution sont toujours modestes, ce qui limite la commercialisation de nos produits sur notre propre marché. À mon avis, il est temps pour les entreprises vietnamiennes de se libérer de leurs habitudes et de définir des stratégies pour participer pleinement à ce marché commun», estime Nguyên Câm Tu, vice-ministre de l’Industrie et du Commerce.


Thuy Tiên/CVN

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