>>Changement climatique: l'ONU veut la réussite de la COP24
>>Après la COP23, une année 2018 "chargée" pour les négociateurs climat
Le président brésilien élu Jair Bolsonaro (gauche) et le futur ministre des Affaires étrangères Ernesto Araujo, le 14 novembre à Brasilia. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"J'ai participé à cette décision. J'ai demandé à notre futur ministre (des Affaires étrangères) d'éviter la tenue de cet événement au Brésil", a affirmé M. Bolsonaro lors d'une conférence de presse à Brasilia. L'annonce officielle était venue quelques heures plus tôt du gouvernement actuel, qui s'était pourtant proposé avec enthousiasme début octobre pour accueillir le sommet. À l'époque, le ministère des Affaires Étrangères du président de centre droit Michel Temer s'était réjoui du fait que "la tenue de la COP25 au Brésil confirmait le rôle leader du pays en termes de développement durable".
Deux mois plus tard, ce même ministère est revenu sur sa décision, officiellement en raison de "restrictions budgétaires". Cette annonce a lieu à quelques jours de l'ouverture, dimanche, de la COP24 à Katowice, en Pologne. Le sommet de 2019 doit avoir lieu du 11 au 22 novembre et le Brésil était le seul candidat pour l'organiser.
"Alarmisme climatique"
Lors de sa conférence de presse, Jair Bolsonaro a affirmé que la nomination du futur ministre de l'Environnement, censée être annoncée ces prochains jours, devrait avoir lieu seulement la semaine prochaine. "La politique environnementale ne peut pas entraver le développement du Brésil. Nous voulons préserver l'environnement, mais pas de la manière dont cela est fait actuellement", a déclaré le président élu, ajoutant que le secteur agro-alimentaire "suffoquait" sous les réglementations. "C'est pour cela que nous prendrons plus de temps pour choisir un ministre qui mettra en place une vraie politique environnementale en faveur des intérêts nationaux", a-t-il conclu. La décision de renoncer à l'organisation du sommet a déclenché une levée de boucliers dans les milieux écologistes.
Vue aérienne de la déforestation en Amazonie au Brésil. |
"Le Brésil retire sa candidature pour accueillir la COP25, qui avait été formalisée il y a deux mois. C'est une démonstration claire de la politique environnementale du nouveau président", a réagi Greenpeace sur Twitter. Élu il y a un mois, Jair Bolsonaro a nommé à la tête de la diplomatie brésilienne Ernesto Araujo, fervent admirateur du président américain Donald Trump et climato-sceptique, qui a dénoncé mardi 27 novembre l'"alarmisme climatique" dans une tribune publiée dans le quotidien Gazeta do Povo. Le futur ministre des Affaires étrangères avait auparavant affirmé dans un blog que "la gauche a kidnappé la cause environnementale et l'a pervertie jusqu'au paroxysme". Il avait également écrit que "le marxisme culturel a(vait) influencé le dogme scientifique du changement climatique".
"C'est lamentable, mais pas surprenant, que le gouvernement brésilien revienne sur son offre de recevoir la COP 25 (...) C'est probablement dû à une opposition de l'équipe du président élu, qui a déclaré la guerre au développement durable à maintes reprises", a déploré dans un communiqué l'Observatoire du Climat, réseau d'ONG basées au Brésil. "En ignorant la question du climat, le gouvernement cesse également de protéger la population, touchée par un nombre croissant d'événements climatiques extrêmes, qui, malheureusement, ne cessent pas d'avoir lieu uniquement parce que certains mettent en doute leurs causes", a poursuivi cette organisation.
Le président élu a laissé entendre qu'il pourrait, sous certaines conditions, faire sortir le Brésil de l'Accord de Paris sur le climat, alors que son pays détient 60% de la surface de l'Amazonie, "poumon de la planète". Jair Bolsonaro avait aussi déclenché un tollé lors de la campagne en promettant dans un premier temps la fusion des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, une décision sur laquelle il est revenu depuis. Un rétropédalage dû notamment à une pression du lobby de l'agro-business, craignant des sanctions commerciales de pays soucieux de la déforestation. L'équipe économique du futur gouvernement Bolsonaro a promis une cure d'austérité au Brésil, assortie d'un vaste plan de privatisations, pour tenter de résorber une dette abyssale.
AFP/VNA/CVN