>>Exposition photographique sur les rizières en gradins du Tây Bac
Les visiteurs contemplent des clichés de la collection President Hotel de Laurent Weyl. |
Construit au début des années 1970 en plein cœur de l’ancienne Saigon, le President Hotel était la plus haute construction de la ville à l’époque. Avec ses 13 étages reliés par de longs couloirs aérés et sa piscine sur le toit, il faisait figure d’exception, solide et rassurante, en plein guerre du Vietnam. Son histoire a été, dès le début, une source d’inspiration pour Laurent Weyl.
Au cours des dernières années de la guerre, l’Armée américaine avait loué l’immeuble pour y faire séjourner ses soldats du Groupement de soutien naval YRBN-20.
Après la libération de Saigon le 30 avril 1975, le Président Hotel est transformé en lieu d’habitation et abrite aussi des bureaux. En 1980, le Comité populaire de la ville attribue deux étages à l’École de la radio et de la télévision. De nombreux artistes issus de l’Opéra vietnamien s’y installent. Dans les années 1980 et 1990, au plus fort de l’occupation des appartements, quelque 600 familles et jusqu’à 2500 habitants y ont élu domicile.
Peu à peu, le President Hotel voit arriver de nouveaux locataires, originaires du Sud. C’est la belle époque. Les petits commerces de proximité fleurissent dans les couloirs, à chaque étage. Comme partout au Vietnam, les espaces publics et privés se confondent. Ici, règne l’effervescence de la vie communautaire : échoppes de vendeuses de bún (vermicelle de riz), épiceries, cafés, pharmacies, téléphones publics, service de crèche, coiffeur… L’immeuble est une véritable ville dans la ville.
Au début des années 2000, le bâtiment n’est plus entretenu. Le terrain, proche du centre, est convoité. Les premières rumeurs se répandent alors : le President Hotel n’échappera pas à la démolition. Toutes les familles seront relogées ou indemnisées.
Témoin de l’histoire du Vietnam de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, le President Hotel est presque un personnage à part entière. Pourtant, cette carcasse en décomposition est en cours de destruction aujourd’hui pour faire place nette à des tours modernes, tournant une page de l’histoire.
Avec cette collection, Laurent Weyl s’est vu décerner plusieurs prix prestigieux en 2014, le Prix documentaire VIPA, (Vienna International Photo Awards) dans la catégorie «Professionnels», et la Mention «Portfolio remarqué» pour le prix Scam Roger Pic.
Clôture de l’exposition le 5 mai.
Texte et photo : Quang Châu/CVN