>>Cu Dà, un village de métier traditionnel de miên dong à Hanoï
>>Le village de la céramique de Bat Tràng en fête
>>Hanoï : première fête culturelle du côm de Mê Tri
Le village de Chuông fabrique depuis plus de 300 ans des "nón lá". |
Le village de Chuông se situe à plus de 30 km du centre-ville de Hanoï, dans la commune de Phuong Trung, district suburbain de Thanh Oai. Ses nón, réputés pour leur qualité, se vendent aussi bien au Vietnam qu’à l’étranger. Malgré les vicissitudes de l’histoire, le métier se transmet de génération en génération.
«Je pense que la notion même de village de métier est assez fascinante en soi. Le fait qu’il y ait encore au Vietnam des villages entiers consacrés à un seul métier, je trouve cela très intéressant comme idée et ça n’est pas très commun. Ici, ces villages nous permettent de répondre à toutes sortes d’interrogations que l’on peut avoir à savoir quoi, comment, pourquoi, quand…», fait savoir Vanessa Muhlheim, 30 ans, une expatriée française.
Le village de Chuông dispose de six hameaux, tous impliqués dans la fabrication des nón. Près de 40% des familles locales gagnent leur vie avec ce métier traditionnel.
Un produit artisanal à revaloriser
La fabrication d’un chapeau conique est entièrement réalisée à la main. Pour qu’il soit à la fois esthétique, léger et solide, la qualité des matières premières est primordiale. Le latanier est un palmier, que l’on trouve dans les provinces de Quang Binh, Hà Tinh et Nghê An (Centre). Ses feuilles doivent être assez jeunes et séchées au soleil. Les cerceaux, en bambou, viennent des provinces de Hoà Binh (Nord) et Thanh Hoa (Centre). Seize cerceaux sont nécessaires pour l’ossature du chapeau. Du fil, qui vient du Sud, plus précisément de Hô Chi Minh-Ville, permet de coudre les feuilles de latanier sur les cercles.
Un chapeau conique de marque Chuông nécessite environ cinq heures de travail. |
Le nón de Chuông se distingue des autres chapeaux coniques par ses trois couches de couverture : deux de feuilles de latanier (à l’intérieur et à l’extérieur) et une de bambou entre les deux premières. Ce bambou vient des provinces de Yên Bai et Phu Tho (Nord).
«C’est un métier qui demande de l’habileté et de la persévérance. Ce produit se vend peu cher. Pour gagner sa vie, il faut en faire beaucoup. Un chapeau nécessite environ cinq heures de travail, avec une concentration totale», partage Pham Thi Xuân (47 ans).
«Je trouve ça très intéressant parce que je me suis toujours demandée comment étaient confectionnés ces chapeaux coniques. En contemplant les artisanes au travail, on se rend compte vraiment que c’est beaucoup plus difficile que cela en a l’air. C’est beaucoup de travail en amont, de matériaux transportés de la forêt. C’est un travail de finesse et c’est vraiment compliqué», confie Vanessa Muhlheim.
Les marchés du nón, une particularité locale
Les villageois de Chuông organisent les 4e, 10e, 14e, 20e, 24e et 30e jours de chaque mois lunaire des séances de marché spécialisées dans le nón.
Le marché du "nón" de Chuông se tient les 4e, 10e, 14e, 20e, 24e et 30e jours de chaque mois lunaire.
De 05h00 à 08h00, le marché du nón se tient dans la cour de la pagode Chuông. Un grand nombre de personnes, des artisans aux commerçants en passant par les simples curieux, y affluent. «Au marché, toutes les matières premières se vendent. Après la vente des chapeaux coniques, nous achetons des matières premières pour continuer notre travail. Les visiteurs sont des commerçants des villages voisins et d’autres provinces. Ils achètent tous les chapeaux coniques et les revendront ailleurs», informe Pham Thi Xuân.
Comme d’autres villages de métier traditionnel, celui de Chuông a connu ces dernières années une passe difficile, car la demande intérieure en nón a fortement baissé. Les villageois cherchent donc à étoffer leur offre, et misent particulièrement sur les chapeaux au service des touristes et de l’exportation. Les nón lá actuels sont de formes et tailles très diverses. Outre les produits à usage quotidien, on y trouve aussi ceux à vocation purement décorative.
Innover pour se développer
Les "nón" actuels, de diverses formes et de nombreuses tailles, servent non seulement aux usages quotidiens mais aussi de souvenirs pour les touristes et d’objets décoratifs. |
«Je confectionne des chapeaux coniques sur commande. Récemment, j’ai fait les couvre-chefs de la dynastie des Nguyên (1802-1945) pour un téléfilm. Parfois, des troupes de +quan ho+ (chant alterné) me commandent des +nón quai thao+ (chapeau plat à mentonnière garnie de cordons en soie)», souligne l’artisan Lê Van Tuy. Nos clients sont très diversifiés et nos produits sont présents dans l’ensemble du pays. Ces dernières années, les étrangers sont de plus en plus nombreux à passer des commandes».
«Mon modèle préféré c’est celui-là, le modèle dit classique. J’ai vu plusieurs sortes de modèles à l’intérieur du magasin, des chapeaux violets, de différentes couleurs, aux chapeaux en soie, aux formes différentes. Mais pour moi le +vrai nón+, ce sera toujours celui-là !», confie Vanessa Muhlheim.
Texte et photos : Quê Anh/CVN