Chine : l’enseignement du vietnamien à l’école à Taïwan

Les enfants d’origine vietnamienne à Taïwan (Chine) pourront apprendre leur langue ancestrale à l’école dès la prochaine année scolaire. Les cours seront donnés par des enseignantes vietnamiennes.

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Des élèves de l’école Wen De dans la ville de Nouveau Taipei (Chine) lors d’un cours de vietnamien.
Photo : TT/CVN

À partir de l’année scolaire 2018-2019, le vietnamien sera introduit dans le programme d’apprentissage des élèves à Taïwan (Chine) comme langue étrangère. Ce projet bénéficiera aux enfants de père taïwanais et de mère vietnamienne pour qu’ils puissent, au-delà de maîtriser la langue, mieux connaître la culture de leur pays d’origine. À noter que la conception et la rédaction des manuels dans le cadre de l’enseignement de la langue sont quasiment achevées.

Un cours de langue, mais pas seulement

Bien que l’enseignement du vietnamien commence officiellement à partir de la prochaine année scolaire, l’école primaire Wen De de la ville de Nouveau Taipei (située au nord de Taïwan) en offre déjà des cours depuis six ans. Ils sont réservés à des élèves de mère vietnamienne.

Huynh My Man, installée à Taïwan depuis sept ans, est professeure de vietnamien. Quand elle prononce le mot "bac si" (docteur), une vingtaine d’élèves dans la classe répètent après elle. Il en est de même pour les mots "ban tôt" (bon ami), "hot toc" (couper les cheveux)… Ensuite, elle demande à un élève de venir au tableau prononcer des mots ; celui-ci aura même le droit à des bonbons en guise de récompense s’il réussit à les prononcer correctement.

Les cours donnés par Huynh My Man sont très efficaces. Après un certain temps, Chang Er et Yong Zhu, deux élèves de sa classe, peuvent prononcer plusieurs mots comme "an com" (manger du riz), "me oi" (maman), "bac si", "con vit" (canard), "ao khoac" (blouson), "qua na" (pomme cannelle). "Chez moi, on ne parle pas trop le vietnamien. Auparavant, je ne connaissais que le mot +an com+. Maintenant, j’en connais beaucoup d’autres", se réjouit Chang Er.

Le vietnamien sera introduit dans le programme d’apprentissage des élèves à Taïwan (Chine) comme langue étrangère.
Photo : TT/CVN

Huynh My Man propose un cours de vietnamien par semaine d’une durée de 45 minutes. "Il y a seulement un cours par semaine, alors je dois créer des jeux pour faciliter la mémorisation des mots nouveaux et des structures grammaticales. En plus, je raconte aux élèves des contes de fées du Vietnam afin qu’ils aient des connaissances culturelles", confie-t-elle.

"L’enseignement du vietnamien permet non seulement aux élèves de pouvoir parler la langue et de découvrir la culture vietnamienne, mais encore à tous les élèves taïwanais d’enrichir leur connaissance sur la culture d’un autre pays", commente Ci Zheng Shun, directeur de l’école Wen De.

Il précise que le week-end, les dirigeants de l’établissement invitent les parents d’élèves d’origine vietnamienne à se rendre à l’école, vêtus de leurs vêtements traditionnels, et à préparer des plats vietnamiens, afin de les faire découvrir aux élèves.

L’école contient aussi une salle où sont exposés des costumes traditionnels, des photos qui montrent des paysages et plats typiques du Vietnam.

Enfin, Ci Zheng Shun a révélé que l’école vient d’organiser une Journée de la culture vietnamienne.

"Dès le début de l’année scolaire 2018-2019, quand le vietnamien deviendra une matière officielle, nous multiplierons les évènements de ce genre", poursuit-il.

Une éducation à la page

Confirmant l’information donnée par le chef de l’école Wen De, la secrétaire chargée de l’éducation de l’Office du commerce et de la culture de Taipei à Hô Chi Minh-Ville, Ou Gui Xi, fait savoir que Taïwan inclura le vietnamien dans les matières officielles des écoles primaires et secondaires à partir du 3e grade de l’école primaire. "Le manuel d’enseignement du vietnamien est presque achevé. Il a été rédigé par les centres de recherche spécialisés sur la culture vietnamienne, basés à Taïwan. Nous tentons de favoriser la coopération et l’échange entre les écoles normales à Taïwan et au Vietnam pour préparer un contingent d’enseignants du vietnamien", informe-t-elle. "Le nombre de femmes originaires d’Asie du Sud-Est, dont les Vietnamiennes, qui épousent des hommes taïwanais, augmente de plus en plus. Leurs enfants ont besoin d’une éducation en accord avec leur biculturalisme. L’introduction de l’enseignement du vietnamien dans les programmes scolaires devrait leur permettre de mieux se sentir à Taïwan".

D’après cette cadre, Kaohsiung et Nouveau Taipei sont les villes comptant le plus des femmes vietnamiennes mariées avec des hommes du pays. De ce fait, les responsables de l’éducation de ces deux localités mettent en place des programmes de formation pour qu’elles puissent, à terme, enseigner le vietnamien aux élèves.

"Les enseignantes peuvent donner des cours à différentes écoles qui sont voisines l’une de l’autre. Même si l’école ne compte qu’un seul élève souhaitant apprendre le vietnamien, le cours a quand même lieu", d’après Wu Yi Zhen, un responsable du Bureau de l’éducation de la ville de Nouveau Taipei.

"Nous trouvons que ce sont les femmes vietnamiennes vivant à Taïwan qui sont les plus aptes à enseigner la langue. Les candidates doivent suivre une formation de 36 heures et passer des examens pour pouvoir devenir enseignantes", ajoute-t-elle.

Toujours selon elle, plus d’un millier de Vietnamiennes se sont déjà inscrites à cette formation.

Mai Quynh/CVN

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